Vendredi, 29 mars 2024
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    Paris va se déclarer zone de liberté LGBTQI+

    La Ville de Paris va se déclarer «zone de liberté LGBTQI+», un geste symbolique en réaction à «l’inquiétant recul des droits et la répression» vis-à-vis des minorités sexuelles et de genre dans le monde, a annoncé la mairie lundi à l’occasion de la Journée mondiale contre l’homophobie.

    Au prochain Conseil de Paris début juin, Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la maire PS Anne Hidalgo chargé des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations, présentera un voeu pour déclarer l’ensemble de la capitale «zone de liberté LGBTQI+».

    La Ville de Paris, qui veut montrer «son soutien important à l’international à ces personnes en danger», imitera ainsi le Parlement européen, qui a adopté en mars une résolution similaire en réaction aux «zones sans idéologie LGBT» décidées par une centaine de collectivités locales polonaises.

    Outre cette déclaration symbolique, le projet de M. Romero-Michel comprendra des «mesures concrètes de protection et d’accompagnement des publics LGBTQI+» qui seront détaillées lors du Conseil, ainsi que des programmes de formation dans ce domaine pour les agents de la future police municipale parisienne.

    Paris réaffirme à cette occasion «son soutien à l’égalité des droits sexuels et reproductifs des personnes LGBTQI+, notamment la PMA (procréation médicalement assistée) universelle et gratuite aux couples de femmes, ainsi que son positionnement pour l’interdiction des thérapies de conversion en France».

    La Ville de Paris dévoilait lundi une plaque commémorative en hommage à Jean Diot et Bruno Lenoir, «les deux derniers Français connus pour avoir été condamnés à la peine de mort en raison d’une pratique homosexuelle». 

    Puis, la mairie de Paris a remis dans l’après-midi trois prix récompensant des associations ou militants pour leur action en faveur des droits des minorités sexuelles et de genre.

    Les lauréats 2021

    Prix Français
    Lauréat 2021 : Les Dégommeuses – Cécile Chatrain
    Fondée en janvier 2012 par Cécile Chatrain, joueuse de football, l’association « Les dégommeuses »est passée d’équipe de football informelle en 2010 à une association ayant pour objectif de promouvoir le foot féminin tout en luttant contre les discriminations dans le monde du sport et principalement du foot. Que ce soit sur les terrains ou en dehors avec les représentations médiatiques et les inégalités salariales, son axe de combat principal est la lutte contre le sexisme mais également contre d’autres formes de discriminations telles que la lgbtophobie, le racisme et le classisme.

    Mentions spéciales
    Collectif lntersexes et Allié·e·s – LGBTIO+//MOGAI collectif
    Créé le 8 novembre 2016, journée internationale de la solidarité intersexe, par et pour les personnes intersexes, le collectif LGBTIQ+//MOGAI a pour but de s’opposer à l’approche « pathologisante » des personnes intersexes. Le collectif prône avec fermeté l’autodétermination de ces personnes avec comme objectifs la protection de l’intégrité physique de ces personnes, la pleine information des personnes intersexes (à travers la création de groupes de soutien et d’échanges et le partage de savoirs théoriques et historiques sur les conditions et les luttes intersexes), la formation de tout personnel en contact avec des personnes intersexes dans leur entourage et la suppression de la mention de sexe ou de genre à l’état-civil (le respect du droit à l’autodétermination des personnes). De plus, le collectif LGBTIQ+//MOGAI se place dans une perspective de solidarité internationale en s’engageant dans des partenariats avec des organisations intersexes internationales du monde entier. La mention spéciale du Jury du Prix International de Paris pour les droits des personnes LGBTQI+ a été attribuée au collectif en 2019.

    L’association Arab Network for Knowledge about Human rights (ANKH)
    L’association Arab Network for Knowledge about Human rights (ANKH) a été créée en 2018 par un groupe de défenseurs des droits humains égyptiens qui a déménagé en France en raison de la situation difficile qui y règne. Ils ont décidé de créer l’association pour aider et soutenir les droits des groupes minoritaires dans la région euro-méditerranéenne, en particulier la communauté LGBTQI et les personnes vivant avec le VIH. ANKH mène des actions de plaidoyer en documentant la situation dans les pays concernés par son action (rapport « Sur la situation de la communauté LGBTQI en Egypte » décembre 2019, non public), des actions de mobilisation en faveur de la libération de défenseur-ses des droits (Hossam Ahmed, Eman AI-Helw, Malak EI-Kashif) et apporte une aide concrète aux personnes en danger dans leur pays d’origine. 
    ANKH travaille avec des associations reconnues comme l’ONG Chrétienne contre la torture et la peine de mort (ACAT) pour les mobilisations en faveur de la libération des personnes ou l’association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l’immigration et au séjour (Ardhis) pour les questions d’asile.

    Prix francophone
    Lauréat 2021 : Lesbian Life Association Côte d’Ivoire (LLACl)
    Basée à Abidjan et présidée par Mme Diane Alexis Ouattara, cette association à but non lucratif pour les femmes lesbiennes, bisexuelles et trans (LBT) a été fondée dans le but premier de soutenir les actions menées en faveur des LBT mais aussi de lutter nationalement et internationalement pour la promotion des droits des LGBTI. L’association a l’espoir de faire évoluer les mentalités sur l’homosexualité et de créer une atmosphère agréable de par ses actions pour les LGBTI de Côte d’Ivoire, face à la stigmatisation et l’intolérance auxquels cette communauté fait face. Les actions de l’association consistent notamment à créer un cadre de partage et de militantisme autour du dialogue, des débats, de la sensibilisation et de la formation afin de changer le regard des populations sur les homosexuels en général.

    Mention spéciale
    Mawjoudin « on existe », Tunisie
    Mawjoudin « on existe », est une association tunisienne qui lutte pour garantir l’égalité, protéger les droits humains, les droits sexuels des membres de la communauté LGBTQI+ et les autres groupes marginalisés.  L’association offre des espaces sécurisés de soutien et de suivi psychologique aux victimes de ces discriminations. Elle propose des lieux d’écoute entre les membres de la communauté et donne des informations sur les droits des personnes LGBTQI+. Elle dispose d’un réseau de professionnels de la santé et du droit et fait un travail important de plaidoyer afin d’interpeller sur les cas d’arrestations arbitraires liées uniquement à l’identité de genre ou à l’orientation sexuelle, voire d’autres cas de torture perpétrés par la police. En 2018, l’association signale les propos homophobes d’Amine Gara, animateur de Mosaïque FM et ambassadeur de marque de l’entreprise pétrolière et gazière française Total, au cours de son émission Chellet Amine. En réponse à ce message de haine, Total annule le contrat du présentateur. L’association intervient également en milieu universitaire afin de sensibiliser les étudiants aux LGBT phobies et au sexisme. Chaque année depuis 2018, l’association organise le festival du film queer, premier festival de son genre dans le pays et en Afrique du Nord, organisé au centre­ ville de Tunis.

    Prix international
    Lauréat 2021 : Atlas Nienawisci – Atlas de la Haine.
    Jakub Gawron, Paulina Pajak, Pawet Preneta et Kamil Maczuga

    Les militants LGBTI polonais Jakub Gawron, Paulina Pajak et Pawet Preneta, Kamil Maczuga ont fondé en 2019 le site internet Atlas de la Haine (Atlas Nienawisci), qui surveille, suit l’actualité et cartographie les collectivités locales polonaises qui adoptent, rejettent ou mettent en suspend des résolutions les déclarant « zones sans-LGBT », « zones sans idéologie LGBT » ou « zones anti-LGBT». Aujourd’hui, plus de 700 collectivités locales polonaises ont adopté ce type de résolution. Nominés au Prix Sakharov du Parlement européen 2020 pour l’Atlas de la Haine, ces militant·e·s font l’objet de poursuites judiciaires de la part de cinq de ces collectivités locales qui les accusent de porter préjudice à leur réputation et réclament des excuses publiques ainsi que des dommages et intérêts pour les « organisations pro-familiales». Leur travail est la source la plus fiable et la plus actualisée d’information sur la situation des « zones sans LGBT » de Pologne et elle participe au combat plus large pour le respect de l’État de droit, la démocratie et les droits fondamentaux.

    Mentions spéciales
    Mrs. Sandra Melhem. founder of Club Ego Beirut
    Elle est à l’origine de l’initiative qui vient en aide à la communauté LGBTQI+ du Liban affectée par l’explosion au port de Beyrouth le 4 aout 2020. Cette communauté, désormais désorientée, compte de nombreux membres sans abri, sans travail et sans la moindre source de revenu. Leur logement a été soufflé ou fortement endommagé et ils n’ont nulle part où aller, étant aussi rejetés de leurs familles. Malgré cette noirceur, l’initiative « Queer Relief Fund » offer aux victimes LGBTQI+ réconfort et chaleur.

    LGBT Russian Network. Svetlana Zakharova
    Ce réseau LGBT russe a été conçu en Avril 2006. Organisation interrégionale, non­ gouvernementale pour les droits humains, elle prône l’égalité des droits et le respect de l’intégrité humaine, quelle que soit l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. Elle unifie et développe des initiatives régionales, des groupes de défenses et fournit des services sociaux et légaux. Le gouvernement russe conteste déjà depuis plusieurs années cette organisation et le réseau LGBT russe lutte intensivement pour protéger la communauté résidant dans le pays et les activistes LGBT. En Tchétchénie, l’organisation a aidé les personnes visées à fuir leurs maisons et à trouver un refuge. Le réseau LGBT russe subit les attaques quotidiennes du gouvernement et continue son travail afin de sauver des vies. C’est l’une des plus grandes organisations civiles sociétales en Russie.

    Ms. Shamin Salim, Club Ego Beirut
    Shamim Salim est une féministe handicapée queer musulmane et une militante des droits humains. Shamim « vit son existence » comme une déclaration politique et comme un moyen de créer plus d’opportunités pour les jeunes LGBTQI+ et les femmes afin de revendiquer leur place, de prendre la parole et de faire avancer le mouvement. Au cours des quatre dernières années, son travail avec le Church World Service (CWS) s’est centré sur le plaidoyer religieux pour les personnes LGBTQI+ en changeant les cœurs et les esprits des chefs religieux au Kenya afin qu’ils entreprennent des actions en faveur de l’inclusion des personnes LGBTI. Shamim est également :

    • co­ fondatrice de Henna Space, une organisation pour les personnes femmes queer musulmane et les queers handicapés travaillant sur l’intersectionnalité de la religion, de la sexualité et du handicap.
    • membre de l’African Queer Youth Initiative, un réseau de jeunes militants et d’organisations mobilisant, soutenant et amplifiant la voix des militants LGBTQI+ et créant une visibilité et des réseaux stratégiques pour soutenir les jeunes LGBTQI+ en Afrique.
    • membre du conseil d’administration d’UHAI EASHRI, un fonds d’activistes autochtones qui fournit des ressources flexibles et accessibles pour soutenir l’activisme de la société civile autour des questions de sexualité, de santé et de droits humains dans la région de l’Afrique de l’Est.

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