Plusieurs athlètes lesbiennes, gais, bisexuel.e.s et transgenres ont participé aux Jeux olympiques et paralympiques, depuis très longtemps. Cela dit, relativement peu d’entre eux et d’entre elles ont fait leur coming out avant leur participation aux Jeux. La plupart sont même sorti.e.s du placard après la fin de leur carrière.
C’est à partir des Jeux d’été de 2008 à Pékin qu’on a vraiment senti un changement. Et seulement quinze des 11 000 athlètes avaient abordé publiquement la question de leur orientation sexuelle avant ces Jeux d’été. Pour les Jeux d’hiver, il aura fallu attendre ceux de Vancouver, en 2010, pour atteindre le nombre de six athlètes sorties du placard — toutes des femmes lesbiennes. D’ailleurs, la première Pride House, inspirée par la tradition des pavillons olympiques pour les athlètes et le public, est née à l’occasion des Jeux d’hiver de Vancouver, en 2010. La volonté était de créer un espace sécuritaire où les athlètes se sentiraient suffisamment à l’aise d’être eux-mêmes et elles-mêmes lors des Jeux, quel que soit leur pays d’origine.
S’intéresser à la présence d’athlètes ouvertement LGBTQ+ aux Jeux olympiques est donc un phénomène assez récent. Cela dit, sur les 104 participant.e.s ouvertement homosexuel.le.s aux Jeux olympiques d’été de Londres en 2012, 53 % ont remporté une médaille. Cyd Zeigler, Jr., fondateur du site Web d’athlétisme LGBTQ+ Outsports, estime que cela pourrait être le résultat de la réduction du « fardeau » qu’un.e athlète peut ressentir après avoir fait son coming-out, ou encore cela pourrait s’expliquer par le fait que les « athlètes de haut niveau » sont plus susceptibles de se sentir en sécurité pour faire leur coming-out une fois que leur carrière est bien établie. Il est aussi possible que leur performance ne soit qu’une simple coïncidence et n’ait aucune corrélation avec leur orientation sexuelle.
Plusieurs observateurs, dont Marc Naimark de la Fédération des Gay Games, a qualifié « le manque d’athlètes ouvertement homosexuels » de symptôme et non de problème des Jeux olympiques. Pour lui, le Comité international olympique devrait faire pression sur les pays pour qu’ils abrogent les lois anti-gais, de la même manière que le Comité international olympique a jadis exclu l’Afrique du Sud pour son système d’apartheid de ségrégation raciale, et plus récemment qu’il a réussi à faire en sorte que toutes les nations concurrentes incluent des athlètes féminines dans leurs équipes.
Londres 2012 et Rio 2016 ont, eux aussi, repris le concept de la Pride House, mais la Russie l’a interdit. Rappelons qu’en 2012, une tentative d’obtention d’une Pride House avait été bloquée par le ministère russe de la Justice, qui a refusé d’approuver l’enregistrement de l’ONG créée pour organiser la Pride House. L’interdiction a été confirmée par la cour, sur la base de l’incitation à la « propagande d’orientation sexuelle non traditionnelle qui peut porter atteinte à la sécurité de la société et de l’État russes ».
Et, en juin 2013, la Russie est devenue l’objet de critiques internationales après l’adoption d’une « loi fédérale sur la propagande gaie », qui érige en infraction criminelle la diffusion de matériel classé comme « propagande de relations sexuelles non traditionnelles » chez les mineurs. La position de la Russie sur les droits des LGBTQ+ est devenue une préoccupation majeure entourant les Jeux de Sotchi.
En 2018, une quinzaine d’athlètes ouvertement LGBTQ+ (dont un tiers d’hommes) ont articipé aux Jeux olympiques d’hiver à Pyeongchang, en Corée du Sud. Pour la première fois dans l’histoire des Jeux olympiques d’hiver, des athlètes masculins ouvertement homosexuels ont remporté des médailles : le patineur artistique canadien Eric Radford est devenu le premier athlète masculin gai à remporter une médaille d’or aux Jeux olympiques d’hiver, tandis que Gus Kenworthy a obtenu une médaille d’argent en slopestyle et le patineur artistique Adam Rippon a remporté une médaille de bronze. Plus tard, Eric Radford a également obtenu le bronze en patinage artistique en couple.
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