Vendredi, 29 mars 2024
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    Éric, Jonathan et Justin, trois fois plus d’amour

    Éric LeBlanc, Jonathan Bédard et Justin Maheu forment un trouple depuis quatre ans. Ils s’aiment. Ils vivent ensemble. Ils dorment ensemble. Et ils sont en pleines démarches pour accueillir un.e enfant sous leur toit. Fugues les a rencontrés pour mieux comprendre leur dynamique amoureuse.

    Pouvez-vous résumer vos débuts ?
    Jonathan : Justin et moi sommes ensemble depuis bientôt 17 ans. On s’est connus durant nos études en musique à Québec. On a déménagé à Montréal ensemble. En 2018, j’étais de passage à Québec pour un contrat et j’ai rencontré Éric lors d’une session photo.

    Éric : Quelques mois plus tard, Jonathan est revenu à Québec pour un autre contrat. On a commencé à se parler davantage. Il me disait à quel point il voulait que je rencontre Justin.

    Justin : Quand Jonathan était à Québec, nous étions déjà en relation ouverte. À son retour à Montréal, il textait Éric tous les jours. J’aurais pu être fâché, mais non. Il me disait à quel point Éric était extraordinaire.

    Éric : Un jour, j’ai fait un très mauvais spectacle de poésie à Montréal, auquel ils sont venus. Après la représentation, nous sommes allés prendre un verre. Ensuite, on s’écrivait sans cesse. J’ai quitté mon chum de l’époque. Ils étaient là pour me ramasser à la petite cuillère, avant de devenir la grosse cuillère. On a commencé une relation à distance pendant un an et demi.

    Comment l’idée d’un trouple s’est-elle imposée ?
    Jonathan : La relation à distance nous forçait parfois à être deux par deux, quand Justin ou moi allions seul à Québec. D’autres fois, Éric nous visitait. On avait toujours des moments pour renforcer chacun des liens.

    Éric : Les garçons ont été super accueillants avec moi. Ça a cliqué très fort avec les deux. Notre histoire s’est développée naturellement.

    Jonathan : Comme nous n’avions pas de modèle de couples à trois, ça nous a pris du temps avant de nous appeler un trouple. Nos amis ont utilisé le mot avant nous. On se découvrait en chemin. Tranquillement, nos liens se sont renforcés et on a fini par se dire qu’on s’aime.

    Justin : Ça a été long. Je ne savais pas comment gérer la situation. J’étais sur mes gardes, non pas dans mon affection envers Éric, mais je craignais qu’un « je t’aime » lui fasse peur. J’aurais pu le dire bien avant.

    Crédit Photo : Damian Siqueiros

    Qu’est-ce qui vous a poussé à vivre ensemble ?
    Éric : Au début de la pandémie, quand le gouvernement a fermé les régions, on a réfléchi à l’idée que je reste seul à Québec ou avec eux à Montréal. J’ai décidé de les rejoindre. Ça nous a forcés à être confinés les trois ensemble. Ça a tellement bien été qu’on a continué. J’ai déménagé officiellement avec eux. On a changé d’appartement. Il y a quelques semaines, on a acheté un condo tous les trois.

    Comment vos ami.e.s réagissent-ils à votre trouple ?
    Jonathan : Généralement bien ! Justin et moi n’avons jamais caché l’ouverture de notre couple à nos ami.e.s auparavant. Quand Éric est entré dans nos vies, nous leur avons présenté en toute simplicité. Ils nous agaçaient un peu sur notre nouveau chum, même quand ce n’était pas officiel. Dans notre cercle d’ami.e.s, il y a plusieurs modèles. Quand un nouveau apparait, on en parle. Certaines personnes observent en silence, sans juger. D’autres posent beaucoup de questions. La plus fréquente est si on dort dans le même lit. La réponse est oui.

    Justin : Dans notre entourage, certains amis nous trouvent chanceux parce qu’ils disent être incapables de se faire un chum, alors qu’on en a deux. D’autres personnes nous disent qu’elles seraient incapables d’être en trouple. Elles évoquent la jalousie, me demandent si j’en aime un plus que l’autre et ce qui va se produire si on se sépare…

    Et vos familles ?
    Éric : Ma famille a été la première au courant. Quand j’avais laissé mon chum précédent, j’avais dit à mes parents que c’était parce que je suis polyamoureux et qu’il ne voulait rien savoir de tout ça. Plus tard, quand ils ont vu Justin et Jonathan arriver, il n’y a pas eu de surprise.

    Jonathan : J’ai d’abord présenté Éric à mes parents en disant que c’était une personne importante pour nous. Je les ai invité.e.s au lancement de son livre. Ils ont fini par comprendre que c’était notre chum et ils ont bien réagi.

    Justin : Ça s’est moins bien passé pour moi. J’ai mis deux ans avant de dire à mes parents qu’Éric était dans nos vies. J’avais des enjeux pour l’accepter moi-même. Avec le temps, j’ai compris que le regard des autres est très important pour moi. C’était difficile à verbaliser. Je me doutais que ce serait plus difficile dans ma famille. C’est comme un deuxième coming out. Finalement, mon père a dit que si j’étais heureux, il était content pour moi. Mais ma mère est tombée dans le mélodrame. J’ai fait preuve de pédagogie et de patience avec elle. Je lui ai dit que si elle avait besoin de temps ou qu’elle ne voulait pas l’accepter, c’était correct, mais que la seule chose à retenir, c’était que j’étais heureux et que j’avais choisi cette relation.

    Jonathan : Mes parents sont plus âgés et la religion est importante pour eux. Quand j’ai annoncé mon homosexualité, ça s’est mal passé. Je ne leur ai pas parlé durant deux ans. Ils ont vu des psychologues et lu des livres, jusqu’à changer leur perspective drastiquement. Ça a aidé à l’annonce du trouple.

    Comment se passent vos démarches pour avoir un.e enfant ?
    Éric : Les garçons ont commencé leur projet d’adoption en 2018 avec la banque mixte. Ils progressaient dans le processus. On a commencé à se fréquenter. Je suis allé vivre avec eux. Quand ils ont reçu un appel pour la visite de l’appartement et le début du processus d’évaluation psychosociale, notre cohabitation était toute récente et l’appartement n’était pas conforme aux besoins de la DPJ. Après notre déménagement, on les a rappelés.

    Justin : On a pris quelques mois pour savoir comment interagir au sujet de notre trouple. On a expliqué aux gens de la DPJ qu’on savait qu’on ne pouvait pas adopter à trois, car ce n’est pas légal ; que Jonathan et moi allions continuer à mener le projet, mais qu’ils devaient savoir qu’Éric allait jouer un rôle parental à la maison.

    Éric : Quelques mois plus tard, la DPJ a refusé. On a entamé des procédures judiciaires. Lorsque les avocats de la DPJ ont pris connaissance du dossier, ils ont rapidement décidé de ne pas contester.

    Jonathan : On a changé de CIUSSS pour l’accréditation. De nouveaux intervenants ont repris notre dossier. On a refait certaines étapes et ils vont bientôt procéder à nos évaluations psychosociales.

    Quelles sont les particularités d’un trouple ?
    Justin : On a plus d’amour, d’affection, d’idées d’activités, de moyens financiers et de besoins comblés. Éric me donne des choses que Jonathan ne me donne pas et vice versa.

    Éric : Il y a aussi plus d’opinions. Parfois, on peut être deux contre un. On peut se sentir attaqués facilement. Il faut travailler sur nous-mêmes. Notre dynamique exige une grande capacité à identifier nos émotions, à les communiquer et à respecter celles des autres. On n’a pas le choix, si on veut que ça marche.

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    1 COMMENT

    1. je comprends très bien le vouloir des enfants,,,, je suis Gay et j’ai eu le magnifique cadeau d’avoir un enfant avec un amie et aujourd’hui 32 ans plus tard je vie une histoire d’amour aved ma fille et ma bru que j’adore… si cela vous arrives je souhaites ardamment que vous serai la pour votre enfant comme moi je l’ai été depuis 32 ans .. cela est une décision tellement importante qui peu aussi détruire si on ne s’investit pas comme il se doit et. moi j’en sais quelques chose .. j’aimerais être un phare pour vous pour les 20 ans a venir car souvent les coup dur et reproches arrives 20 ans plus tard sur des situation que l’enfant a vécu et que l’on as pas venue venir … je suis dispo pour des infos et vous souhaites que du bonheur xxxxxx
      Pierre de Trois-rivières

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