Vendredi, 24 mars 2023
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    The Last of Us

    L’annonce d’une adaptation du jeu vidéo The Last of Us en série télévisée en a laissé plusieurs sceptiques. Et c’est avec raison puisque le passage d’un médium à l’autre a rarement produit une œuvre marquante, voire simplement potable. La série se révèle pourtant à la fois captivante, touchante et profondément addictive. Elle a par ailleurs la particularité d’offrir une représentation LGBTQ extrêmement riche et nuancée !

    L’action débute en 2003 : après s’être adaptés au corps humain, des champignons mutants ravagent la planète, transformant les personnes infectées en créatures agressives dont la moindre morsure est contagieuse. Vingt ans plus tard, la civilisation moderne se réduit avant tout à des groupes organisés ou des colonies indépendantes, très souvent sous le contrôle de l’armée. La prémisse semble absurde, mais se base sur un phénomène bien réel : un champignon qui parasite les fourmis et altère leurs comportements, les réduisant à un hôte plus ou moins désincarné.

    La série relate la quête de Joel (Pedro Pascal) qui accompagne Ellie (Bella Ramsey), une jeune fille de 14 ans qui semble étrangement immunisée contre l’infection. Leur but est de retrouver un groupe de résistance, les Firefly, qui poursuivent des recherches scientifiques et pourraient être en mesure d’élaborer un vaccin. Ce périple sera cependant ponctué de nombreux dangers !

    Les comparaisons avec Walking Dead sont inévitables, mais alors que cette dernière série met avant tout l’accent sur l’action et les attaques de morts-vivants, la nouvelle série de HBO développe une tout autre approche, privilégiant le développement de relations complexes entre les personnages. The Last of Us se distingue par un réalisme troublant, tant sur le plan du délabrement des cités que dans la crasse, physique et sociale, qui semble tout recouvrir. C’est donc au parcours d’une Amérique postapocalyptique auquel nous sommes convié.e.s : une désolation ponctuée de lueurs d’espoir qui ne les rendent ainsi que plus fortes.

    À l’instar du jeu vidéo, la série incorpore et développe plusieurs personnages LGBTQ, dont ses deux protagonistes. En effet, Joel est un homme gai ou bisexuel qui porte en lui le traumatisme de la mort de sa fille, ce qui explique sa réticence initiale à prendre soin d’Ellie. Homme de peu de mots, voire bourru, il ne se laisse découvrir que très progressivement. Bien que la saison 1 ne s’attarde pas sur sa vie amoureuse, elle établit clairement ses inclinaisons, notamment par l’intermédiaire d’une scène assez cocasse impliquant une revue porno gaie. Ellie, de son côté, s’inscrit dans un arc narratif où sa relation amoureuse avec une autre jeune fille constitue un point cathartique. Effrontée, elle n’hésite pas à tenir tête et n’accorde sa confiance que difficilement.

    La palme revient cependant à deux survivalistes, Bill et Frank (Nick Offerman et Murray Bartlett) qui, au milieu de toute cette horreur, présentent un quotidien fait de domesticité et de passion tranquille, qui ne laissera aucun œil sec. Cet épisode, le troisième de la série, est empreint de moments riches en émotions, incluant le plaisir de déguster une simple fraise, et se situe déjà au panthéon des classiques instantanés.

    C’est d’ailleurs l’une des grandes forces de la série que de construire des intrigues parallèles qui se greffent éventuellement à la structure principale, permettant de mieux saisir le passé et la complexité des protagonistes. Rien n’est jamais tout à fait noir ou blanc : au contraire, chaque personnage marche sur une corde raide où, malgré les pires abominations, on peut comprendre ce qui les anime.
    Habitée d’un rythme haletant, la série maintient habilement le spectateur sur le qui-vive puisque les menaces sont multiples. C’est également tout à son honneur de ménager des moments bouleversants qui ne laisseront personne indifférent, concluant ainsi de manière spectaculaire cette première saison. Sans aucun doute, d’ores et déjà le grand succès de la rentrée 2023 !


    INFOS |The Last of Us est présenté, en anglais et en français, sur Crave et Super Écran.

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