Trente ans après avoir conquis et ému le public du monde entier, The Bodyguard renait à Montréal sous forme de comédie musicale. La production qui a ravi les publics de Madrid à Séoul, en passant par Sydney et Shanghai, sera présentée à l’Espace St-Denis de Montréal dès le 30 mars et au Théâtre Capitole de Québec à compter du 28 juin 2023.
Mise en scène par Joël Legendre, l’adaptation québécoise, Le Bodyguard, mettra en vedette la jeune auteure-compositrice-interprète Jennifer-Lee Dupuy, dans le rôle de Rachel Marron (Whitney Houston), et le charismatique Frédérick De Grandpré, dans le rôle de Frank Farmer (Kevin Costner). À quelques semaines de la première montréalaise, le metteur en scène discute de son adaptation du spectacle pour le public québécois.
Whitney Houston sera interprétée par Jennifer-Lee Dupuy, une jeune artiste peu connue du public, et Kevin Costner par Frédérick De Grandpré, qui a campé de grands rôles au Québec. Comment as-tu approché le choix des artistes principaux ?
Joël Legendre : Il a été très clair dès le départ que l’actrice choisie pour Whitney serait sélectionnée parce qu’elle est la meilleure pour incarner le rôle, pas nécessairement parce qu’elle est déjà connue du public. Le hasard a fait que Jennifer-Lee a le même parcours que Whitney : sa mère était directrice de chorales gospels, comme Whitney, et Le Bodyguard sera son premier rôle sur scène, tout comme le film a été la première apparition au grand écran pour Whitney. Jennifer-Lee a aussi l’aura d’une star. Elle est magnifique, elle est lumineuse, exactement comme Whitney Houston l’était.
Comment as-tu abordé la création, compte tenu des attentes très élevées du public envers un spectacle inspiré de l’un des films les plus populaires de l’histoire ?
Joël Legendre : J’ai essayé de reproduire le plus possible l’image qu’on a du film. Le spectacle est donc grandement inspiré de celui-ci. La comédie musicale originale est intemporelle, elle se déroule davantage à notre époque qu’en 1992. Dans mon adaptation, je l’ai ramenée en 1992 pour qu’on soit encore plus proche du film. J’avais envie de revoir cette époque-là, notamment à travers les costumes, la scénographie et les accessoires. Par exemple, les gens vont revoir les fameux cellulaires [de type] flip utilisés à cette époque ! (Rires.) Au niveau du look des acteurs principaux également, j’avais envie que notre Kevin Costner soit un homme charismatique dans la quarantaine et que notre chanteuse ressemble le plus possible à la Whitney du film.
Combien de temps de préparation nécessite un spectacle d’une telle envergure ?
Joël Legendre : Au total, le spectacle a demandé un an de préparation, incluant les auditions, la distribution, la scénographie, les décors, les costumes, etc. L’équipe a commencé la production l’automne dernier, puis les répétitions ont commencé en janvier. Elles se sont tenues de 9 h à 21 h, pendant deux mois.
Y a-t-il des éléments de la pièce originale qui n’ont pas été gardés dans la version québécoise ?
Joël Legendre : Le script de la pièce a été conservé tel quel en majorité. Toutefois, la comédie musicale originale ne se terminait pas sur la piste de décollage d’un aéroport. J’ai tellement vu ce film souvent que pour moi, l’histoire devait se terminer de cette façon. Il fallait voir l’avion derrière, il fallait voir le foulard de la chanteuse flotter au vent, donc j’ai changé la finale du spectacle à ce niveau-là.
Les textes sont en français québécois et les chansons en version originale anglaise. Quelle a été la réflexion derrière cette approche ?
Joël Legendre : Dans le film, l’anglais utilisé par les personnages est un slang très familier. Ce n’est pas un niveau de langage élevé ou pointu, donc on a opté pour la même approche, soit une langue plus familière. Par contre, c’était important de conserver les chansons originales. Les gens les connaissent en anglais et il faut qu’ils puissent chanter dans la salle et avoir du plaisir !
The Bodyguard célèbre son trentième anniversaire. Est-ce difficile d’attirer le jeune public qui n’a pas connu l’effervescence qu’a générée le film en 1992 ?
Joël Legendre : Il y a un revival incroyable en ce moment autour de Whitney Houston, notamment grâce au film biographique qui lui est consacré. Toutes ses chansons sont reprises par de grands artistes et reviennent à la radio. Des chansons comme « I’m Every Woman » jouent beaucoup, donc j’ai l’impression que Whitney revient à la mode en ce moment ! Par ailleurs, si on est intéressé par les comédies musicales, The Bodyguard est un film culte, un film mythique et il présente une histoire d’amour improbable. Donc tous les éléments sont rassemblés, peu importe notre âge.
La comédie musicale est donc une façon extraordinaire de présenter la musique de Whitney Houston à un nouveau public…
Joël Legendre : Tout à fait ! Le spectacle permet de redécouvrir l’œuvre de Whitney Houston parce qu’on ne présente pas seulement les chansons du film. Il y a plusieurs chansons populaires de la chanteuse qui sont insérées dans la comédie musicale, dont « How Will I Know », « I Wanna Dance With Somebody », « The Greatest Love of All » et « Saving All my Love ».
Montréal n’a pas la même culture de comédie musicale que l’on retrouve sur Broadway à New York ou dans le West End à Londres. Est-ce que le public québécois consomme ces spectacles différemment ?
Joël Legendre : Il y a un essor incroyable au niveau de la comédie musicale au Québec. Moi-même, à titre de metteur en scène, j’ai des projets jusqu’en 2025. J’ai l’impression que le public québécois a réalisé que les comédies musicales rassemblent tous les types d’art en même temps : théâtre, chant, danse et humour. On suit une histoire et la musique nous fait frissonner, tout ça dans un seul et même spectacle !
Les communautés LGBTQ+ adorent les grandes divas comme Whitney Houston, donc le spectacle sera certainement un succès auprès de ce public. As-tu un message pour les personnes qui lisent le magazine ?
Joël Legendre : Si on aime les divas, on va aimer le spectacle ! Si je me réfère à mon expérience personnelle, j’ai adoré le film en grande partie parce que c’était Whitney Houston. Par ailleurs, un budget assez faramineux a été attribué aux costumes. La chanteuse se change une vingtaine de fois durant le spectacle, ce qui est assez éblouissant ! Je pense donc que la communauté va beaucoup apprécier, notamment toutes les drag queens de ce monde !
Après Montréal, Le Bodyguard sera présenté au Capitole de Québec à partir de juin. À quoi peut s’attendre le public de la capitale ?
Joël Legendre : Le Capitole est une salle extraordinaire et a été complètement rénové l’an dernier. Je pense que ça fait partie de l’ADN du Capitole de s’y rendre pour voir des spectacles chantés en général. Tous les spectacles musicaux y obtiennent beaucoup de succès parce que ça fait partie de la culture des gens de Québec.
INFOS | The Bodyguard — La comédie musicale
Dès le 30 mars au Théâtre St-Denis de l’Espace St-Denis à Montréal,
et dès le 28 juin au Théâtre Capitole à Québec.