De bonnes nouvelles provenant de la France et des États-Unis

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Du 19 au 20 février, près de 3 500 spécialistes et chercheurs, chercheuses ont participé à la 30e Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI), qui s’est tenue à Seattle, aux États-Unis. Dès les premières heures de ce congrès, on a rapporté des nouvelles enthousiastes concernant plusieurs études portant sur le traitement efficace de la syphilis, de la gonorrhée et de la chlamydia chez des patients séropositifs sous la PrEP (prophylaxie préexposition sexuelle).  

L’étude française appelée « DOXYVAC », menée par le professeur Jean-Michel Molina de l’Université de Paris-Cité et portant sur 502 hommes gais et bisexuels sous la PrEP, a démontré l’efficacité de la doxycycline — un antibiotique — utilisée en prophylaxie post-exposition ou « doxyPEP » pour soigner la syphilis, la chlamydia et la gonorrhée, qui sont des ITSS (infections transmissibles par le sexe et par le sang). La « doxyPEP » a permis de faire baisser le taux de chlamydia de 88 % et celui de la syphilis de 87 %. Cela a également eu un effet sur la gonorrhée, qui a chuté de 51 %. Cette étude a entre autres utilisé aussi le vaccin contre la méningite B C4MenB (Bexsero) à deux doses, qui est reconnu pour avoir une certaine efficacité contre la gonorrhée. Chez les personnes participant à l’étude, « […] le nombre moyen de partenaires au cours des trois derniers mois était de 10, avec une moyenne de cinq occurrences de rapports sexuels sans préservatif au cours du dernier mois. Onze pour cent avaient utilisé des drogues de type chemsex lors de leur dernier rapport sexuel », cite un article de aidsmap.com. 

D’autre part, le Dr Carl Dieffenbach, directeur de la division du sida au National Institute of Allergy and Infectious Diseases (une branche du National Institut of Health-NIH), est venu confirmer des résultats similaires dans des données américaines. 

« Il s’agissait des meilleurs résultats qu’on a eus jusqu’à présent […]. Cela faisait déjà depuis quatre ou cinq ans qu’on en parlait, surtout avec l’augmentation très forte des ITSS depuis une dizaine d’années, due à la PrEP chez les personnes séropositives. C’est devenu hors de contrôle. Donc, il fallait empêcher plus de complications. On avait déjà commencé à en donner aux patients, mais cela nous confirme cette nette amélioration [par la doxyPEP] », souligne le Dr Pierre Côté de la Clinique médicale urbaine du Quartier Latin.  

Pour que ce soit efficace, il faut que ce traitement soit administré au patient 72 h au maximum après une relation sexuelle à risque. « C’est facile à prendre et cela permet de baisser de presque 90 % les taux de chlamydia et de syphilis et d’un peu plus de 50 % pour la gonorrhée », poursuit le Dr Pierre Côté. « Avec les antibiotiques, les options ne sont pas à l’infini, donc […] de réussir à faire baisser de manière aussi sérieuse la syphilis et la chlamydia et de 51 % la gonorrhée, c’est très, très significatif. Et […] de voir, également, que le vaccin contre le méningocoque possède une certaine efficacité sur la chlamydia, c’est encourageant […]. » 

« C’est très prometteur ! On désire surtout faire baisser la circulation de ces ITSS dans la communauté des HARSAH (hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes » et des transgenres. Lorsqu’on a commencé la PrEP pour les séropositifs, nous étions très excité.e.s à l’idée de faire baisser la transmission du VIH. C’est la même chose maintenant avec ces traitements qui peuvent être administrés à la population la plus à risque en ce moment. On va en parler de plus en plus au cours des prochaines années, je pense, et d’autres études viendront à l’appui », de dire le Dr Côté.

Les CDC (Centers for Disease Control) des États-Unis sont d’ailleurs en train de recommander de tels traitements, particulièrement pour les HARSAH et les femmes transgenres ayant eu de telles ITSS au cours de la dernière année. « Cela vient aussi du fait que peu de gens se protègent maintenant, mais au moins on a des outils très intéressants pour soigner et prévenir. Ce n’est pas efficace à 100 %, mais cela fait diminuer la propagation », note avec optimisme le Dr Pierre Côté.  

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