En septembre dernier, nous vous annoncions l’acquisition de la bâtisse qui abritait autrefois les locaux des commerces Yellow et BEDO, sur la rue Sainte-Catherine Est (au coin de Saint-Timothée), par l’organisme appelé Espace LGBTQ+. Le but est d’en faire un centre communautaire avec des espaces locatifs de bureaux et de rencontres pour différents groupes de la communauté LGBTQ+. Le tout, et tout le monde le souhaite ardemment, à des coûts raisonnables étant donné les prix exorbitants des loyers commerciaux en ce moment dans le Village.
Le projet souhaité comprendrait ainsi une salle multifonctionnelle, une mezzanine et, à terme, une terrasse sur le toit pour accueillir des activités des divers organismes durant la belle saison. Inutile de dire ici que ce projet a reçu l’appui de la Société de développement commercial (SDC) du Village.
« La SDC est impliquée depuis longtemps dans ce projet-là, même avant que soit créé réellement l’organisme Espace LGBTQ+, parce que c’est important pour nous qu’il y ait un espace consacré à des organismes qui aimeraient être dans le Village, mais qui ne peuvent pas trouver des locaux parce que leurs loyers sont trop chers pour eux. La SDC croit qu’en plus de la valorisation de ses adresses iconiques, de l’attraction d’une offre commerciale plus adaptée aux besoins de ses résident.e.s, la revitalisation du Village passe aussi par le renforcement du sentiment de communauté du Village », explique Gabrielle Rondy, la directrice générale de la SDC du Village.
« Nous l’approuvons encore plus du fait aussi qu’il se situe dans un secteur qui a besoin de revitalisation, poursuit Gabrielle Rondy. Il est près du métro Berri-UAQM, donc assez accessible pour tout le monde qui va fréquenter le centre, que ce soient les gens qui y travaillent ou les personnes qui viendront pour des activités. Ce sera un bâtiment vivant axé sur la communauté, avec une nouvelle clientèle qui fréquentera le Village. »
« Ce bâtiment-là, c’est plus qu’un simple projet immobilier, c’est aussi un milieu de vie que l’on crée avec les organismes communautaires [qui y logeront] », souligne pour sa part Catherine Lavarenne, la présidente du conseil d’administration d’Espace LGBTQ+.
« Pour nous, la SDC est un partenaire depuis le début, c’est un projet qui veut s’inscrire dans un écosystème qui existe déjà avec les commerçant.e.s qui y sont présents et la communauté, de poursuivre Catherine Lavarenne. C’est complémentaire. On sent vraiment qu’on est accueilli et on veut faire ensemble un Village accueillant pour les groupes communautaires, pour leurs membres, pour des touristes, pour des gens de l’extérieur de Montréal, etc. C’est un projet positif pour le secteur. »
« Cela a été excitant de voir la collaboration avec la Ville et avec plusieurs organismes et institutions pour l’acquisition de cette bâtisse-là, ajoute Gabrielle Rondy. […] C’est sûr qu’on va faire partie de cet espace-là, [il] reste à définir le lien que l’on va continuer d’entretenir avec Espace LGBTQ+, mais on va garder une relation étroite, peut-être par l’ouverture d’un bureau touristique, peut-être par des salles qu’on pourrait louer pour nos assemblées et activités, on verra bien. Nous sommes ouvert.e.s aux diverses formes de collaborations. » Espace LGBTQ+ a choisi la firme d’architectes Rayside Labossière (située sur la rue Ontario Est) afin de faire les plans des rénovations du bâtiment. On pense que malgré l’état de l’édifice, les rénovations pourraient durer un an. « On travaille bien fort, les travaux sont en train d’être évalués, indique Catherine Lavarenne. Tout est en négociation en ce moment. Les demandes de subventions sont un véritable casse-tête, mais nous sommes optimistes. On trouve que ça va bien, on se sent soutenu.e.s autant par le milieu politique que par les divers partenaires. Nous fonctionnons dans un cadre d’optimisme pour l’obtention du financement nécessaire aux rénovations. »
On croit toujours qu’une douzaine d’organismes communautaires LGBTQ+ seront logés dans cet édifice, y compris le Conseil québécois LGBT et des groupes trans.
« Nous souhaitons que ce projet inclusif et communautaire soit un pas vers l’ouverture aux diverses communautés qui ne venaient plus nécessairement dans le Village ou qui le fréquentaient moins, ajoute la directrice générale de la SDC du Village. Que cet endroit puisse commémorer l’histoire du Village, que cela devienne un centre de la mémoire du Village, qu’on puisse célébrer cette histoire-là. »
« Nous œuvrons très fort à développer un plan stratégique d’inclusion des personnes racisées, trans, etc., des populations qui ne viennent pas dans le Village, afin que tout le monde se sente le bienvenu et bien accueilli. Que tous ces gens sentent qu’ils ont leur place dans le Village. […] Oui, nous consultons nos membres pour établir la gouvernance de cet édifice, c’est important, mais il ne faut pas oublier que c’est surtout un milieu de vie pour tout le monde », de souligner Catherine Lavarenne.
« Je pense que ce sera une belle interaction avec les commerçant.e.s du Village », ajoute la présidente du conseil d’administration d’Espace LGBTQ+. « Nous avons déjà mis en contact les responsables d’Espace LGBTQ+ avec le café la Graine brûlée qui est juste à côté pour que, justement, on soit dans une ambiance de bonne entente et de bon voisinage pour l’avenir », de renchérir Gabrielle Rondy.
« Nous ne sommes pas naïfs et naïves, nous savons que c’est un gros projet ambitieux, mais nous pouvons compter sur les membres du conseil d’administration très, très engagé.e.s et déterminé.e.s et des partenaires sérieux, le tout avec beaucoup de rigueur, mais aussi avec beaucoup d’enthousiasme », dit Catherine Lavarenne.
« Pour nous à la SDC, c’est important d’attirer du nouveau monde dans le Village, que certains groupes qui ne venaient pas dans le secteur se réapproprient le Village, de souligner Gabrielle Rondy. Depuis 2020, la SDC s’est donné comme mandat de faire bien sûr du développement économique, mais aussi du développement social, de collaborer avec les divers groupes du Village et du quartier Centre-Sud où elle se situe. L’inclusion et la diversité sont des valeurs importantes pour nous […] et c’est la même chose pour Espace LGBTQ+ et on veut contribuer à la réussite de ce projet-là. […]»
S’il y a bien un aspect aussi auquel tient en particulier l’Espace LGBTQ+, c’est bien la collaboration et la solidarité avec les peuples autochtones : « Nous nous situons dans un processus de décolonisation et “d’autochtonisation” de l’espace qui est situé sur un territoire non cédé, nous en sommes conscients et nous faisons tout en notre possible pour consulter des experts de ces communautés-là en ce sens », de souligner Catherine Lavarenne. Après toutes les évaluations et une fois les plans d’embellissement de la bâtisse établis, on pourra commencer tout le travail de rénovation de ces anciens locaux commerciaux qui ont besoin, il faut bien le dire, de beaucoup, beaucoup d’amour ! « Les rénovations commenceront l’année prochaine. […] Notre objectif est d’ouvrir ce lieu à l’automne de 2025, c’est serré, mais nous croyons pouvoir le faire. Encore une fois, nous sommes très optimistes », de conclure Catherine Lavarenne.