À la lueur d’une plus grande représentation LGBTQ à la télévision, certains discours, souvent teintés d’intolérance, arguent que c’est maintenant un passage obligé. Bref, qu’être queer est maintenant super mégacool ! Vraiment ?
En soutien de cette affirmation, on ramène le fait que plusieurs artistes comme Harry Styles, en Angleterre, ou Squeezie, en France, s’approprient massivement des codes normalement associés aux communautés queers, ce qui ne ferait que confirmer cette dorénavant coolitude d’être LGBTQ. C’est à la suite du visionnement de la dernière saison de Sex Education, présentée sur Netflix, que le youtubeur Grégoire Simpson amorce cette réflexion puisque la saison se déroule dans un collège où la culture queer est portée aux nues.
Au cœur d’une présentation de près d’une heure, le vidéaste réalise une analyse pénétrante où de nombreux concepts de sociologie sont adroitement vulgarisés. Afin d’alimenter sa réflexion, il présente les structures de pouvoir relationnel dans lesquelles nous baignons et où l’homme se situe, on s’en doute bien, au sommet de la pyramide.
Il ne s’agit cependant pas de n’importe quelle catégorie d’hommes puisqu’une hiérarchisation s’y exerce : encore faut-il être blanc, cisgenre et, bien évidemment, hétérosexuel. Qualifié de « masculinité hégémonique », ce phénomène désigne le pouvoir exercé par des hommes sur les femmes, mais également et sur d’autres hommes qui sont considérés comme inférieurs en raison de leurs attributs ou expressions de genre. Par ailleurs, à l’intérieur même du groupe queer on retrouve également une hiérarchisation.
Bien qu’une plus grande tolérance sociale soit maintenant affichée, de nombreuses études ont démontré qu’elle demeure souvent en surface : même chez les personnes très instruites, un fond d’intolérance subsiste, particulièrement si une transgression de genre est observée. Afin de briguer le sommet de la pyramide, une homosexualité respectable, qui ne bouscule rien, est donc de mise. Bref, c’est le concept du gai qui est « acceptable » dans la mesure où ça ne paraît pas trop. De nos jours, certains hommes hétéros, cisgenres et blancs adoptent effectivement des codes non traditionnellement masculins, mais c’est avant tout en réaction devant les critiques portées au modèle machiste qui régnait auparavant.
Afin de présenter une image plus progressiste, on assiste donc à une appropriation, très généralement inconsciente, de divers codes queers. Cette appropriation des codes demeure cependant relativement superficielle, se limitant bien souvent au secteur de la mode, tout en se conjuguant à une représentation conventionnelle de la masculinité. Ainsi, même si Harry Styles porte une robe, cela ne vient que renforcer sa masculinité puisqu’il conserve une attitude stoïque et traditionnellement virile et, élément fondamental, il demeure hétérosexuel (ou, au mieux, laisse planer une légère ambiguïté).
Bref, est-il maintenant cool d’être queer ? Même si la situation actuelle ne se compare pas à la traversée du désert des précédentes décennies, il ne faut pas se leurrer : la conformité de genre demeure malheureusement un impératif absolu. Bien évidemment, l’analyse et les conclusions
apportées dans la vidéo sont beaucoup plus complexes et nuancées, mais ne tombent jamais dans l’hermétisme. Les informations sont, tout au contraire, très claires et s’accompagnent de nombreux extraits vidéo pour en illustrer le propos.
INFOS | Est-ce que c’est VRAIMENT devenu COOL d’être LGBT ? (ou pourquoi SQUEEZIE a un look queer)