Les lesbiennes sont à Provincetown, mais pas à n’importe quel moment de l’année. Retour sur mon récent Memorial Day Weekend à Provincetown. D’entrée de jeu, dire que j’adore la région est pratiquement un euphémisme. Cela fait bientôt quatre ans que j’y vais annuellement. Le périple a commencé avec mon ex et mon chien (alors un chiot à l’époque). Nous avions loué une voiture et étions parties visiter Cape Cod. Quelle belle région ! J’avais entendu parler de Provincetown, comme étant LA ville gaie de la côte est. Je n’ai pas été déçue, mais quand on dit « ville gaie », c’est vraiment dans le sens de joyeux et d’homosexuel. Il y avait peu de femmes dans les rues. Cela dit, l’amour de la ville pour les chiens, littéralement une « dogtown », m’a d’autant plus séduite : ma chihuahua Jazz, alors un chiot d’à peine 2 lb, a fait tourner toutes les têtes dans les rues. Une vraie vedette. (Conseil no 1 : si ton chien est plus hot que toi, t’en servir pour attirer les regards…)
Si bien que l’année suivante, mes parents désiraient visiter la région avec les chiens (ma mère a le jeune frère de Jazz : Charlot). Du coup, nous sommes partis en voiture à Provincetown, avec les deux chiens. Mon père a fait le même constat que moi : « Il y a vraiment beaucoup d’homosexuels ici ! » Oui, papa ! Notre périple nous a mené.e.s à Martha’s Vineyard, un endroit que j’adore, non seulement parce que Jazz a pris le traversier, mais aussi pour l’histoire du tournage de Jaws. Chaque fois que quelqu’un me demandait le nom de mon chien Jazz, avec mon accent québécois, les gens entendaient Jaws. À mourir de rire. D’ailleurs, cette belle petite mâchoire de 4 lb est retournée à Provincetown l’année suivante, alors que j’ai fait le périple, cette fois, avec ma meilleure amie et son mari. Encore une fois, la lesbienne célibataire allait voyager avec un couple d’hétéros. (Conseil no 2 : si tu veux cruiser, ne pars pas avec des couples d’hétéros mariés.)
Cette année, lasse de me rendre dans LA ville gaie et de ne voir que des gais, j’ai accepté l’invitation d’une amie et de sa blonde qui désiraient visiter Provincetown lors du Memorial Day Weekend, un long congé chez nos voisins du Sud. Au menu, plusieurs évènements pour se retrouver entre filles, que vous soyez célibataire ou entre amies. Bon, je n’y allais pas tant pour cruiser, mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas se rincer l’œil… L’évènement phare de notre séjour fut la croisière du Freedom Boat Party qui partait du Macmillan Pier à 11 h le samedi. Il y avait des centaines et des centaines de lesbiennes sur ce bateau ; de toutes les formes et les couleurs, c’était beau à voir ! Cela dit, au-delà de la musique, il manquait de l’animation. Pourquoi de l’animation est-elle nécessaire ? Parce que les lesbiennes, ce sont des personnes qui se tiennent en clans. Vous avez le même phénomène au Québec et partout sur la planète.
Elles sortent entre amies, en petits groupes hermétiques. Bien sûr, j’étais avec des amies, mais intégrer un autre groupe, sur un tel bateau, sans « l’intervention divine » de l’animation ou d’activités, par exemple, est réservé aux personnes ultras sociables. Heureusement, une de mes amies possède cette qualité : elle avait déjà socialisé avec un groupe de lesbiennes à l’hôtel, qui s’est retrouvé sur le bateau. Sinon, elle nous a présentées à un couple d’Afro-Américaines qui fumaient sur le bateau. Honnêtement, si vous ne fumez pas et que vous êtes plutôt réservé, comme moi, lors d’un évènement de la sorte, ne pensez pas aller à la pêche… Le jeu de mots étant facile, il reflète tout de même une réalité du milieu ; ici comme ailleurs, le milieu lesbien est hermétique, quasi impénétrable. Je suis certaine qu’une croisière gaie se déroule autrement…
Sinon, après trois heures sur ce bateau, il était temps de revenir les deux pieds sur terre. Au menu, un Burlesque Show (The Lez Vixens), parce que les lesbiennes adorent le burlesque, suivi d’un Pool & Dance Party. Sauf que, pendant qu’il faisait 30 degrés à Montréal, il en faisait la moitié moins sur la côte est américaine… ceci, annexé au fait qu’on est toutes tombées dans le rouge en même temps, a mis en péril notre baignade. C’était donc aussi à l’eau pour le Mega Pool Party du dimanche. Cela dit, notre « douze fois par année » ne nous a pas empêchées d’aller mettre les pieds à la mer ; la plage d’Herring Cove du parc national est si belle que cela vous fait même oublier vos jours les plus rouges.
Et que dire d’une ride en Pedicab, la première flotte de cyclo-pousse détenue et exploitée par des LGBT, pour vous ramener le soir à votre hôtel ? Plaisir garanti ! Il en est de même pour l’air marin de Provincetown, les fish and chips et la petite rue commerciale avec ses boutiques et ses galeries d’art, qui vous transportent au sein d’une petite aire protégée, un environnement où vous vous sentez chez vous, bien qu’ailleurs. Je crois que c’est pourquoi j’aime tant cette petite ville côtière de moins de 4000 habitants. Lors du périple Montréal-Provincetown, j’ai l’habitude de m’arrêter en chemin pour couper la route de près de huit heures en deux.
Si Woodstock et Saratoga Springs étaient mes destinations de prédilection, nous avons choisi, cette fois, Boston et Salem. Juste au-dessus de Boston, cette ville du Massachusetts est célèbre pour le procès des sorcières de 1692… Quoi de mieux comme destination pour une gang de lesbiennes féministes ?
Si vous désirez visiter la région, mai-juin est probablement le meilleur moment puisqu’outre le Memday PTown : Memorial Day Weekend pour femmes, la Provincetown Pride se déroule du 31 mai au 2 juin et la Boston Pride Week se tient du 1er au 9 juin. Pour les évènements spécifiquement lesbiens visitez https://www.provincetownforwomen.com/ et https://www.lesbiannightlife.com/
Aussi, du 14 au 20 octobre 2024 se tiendra le 40e anniversaire du Women’s Week à Provincetown.
https://womensweekprovincetown.com/