La série FEM est disponible en ligne depuis février sur la plateforme TV5Unis et sera diffusée du 5 au 9 août prochain sur la chaîne Unis TV. Réalisée par Marianne Farley et mettant en vedette Lennikim, Émily Bégin, Danny Gilmore et Marie Soleil Dion, FEM suit l’histoire de Zav, un jeune artiste qui explore son identité de genre et se questionne sur ses aspirations.
La production de cette série — assurée par UGO Média — a mis en place un programme de mentorat inédit au Québec visant à professionnaliser des personnes trans et non binaires qui possèdent déjà une formation ou une expérience minimale dans le domaine de la production. L’idéateur et coscénariste de la série, le franco-ontarien Maxime Beauchamp, en discute avec nous.
Ce genre de programme de mentorat est-il une première ?
Maxime Beauchamp : Que je sache, du côté francophone, oui. Ça a été inspiré d’une initiative anglophone, TFM mentorship. On s’est vraiment inspiré de ce mentorat-là. [Dans le cadre du] festival Inside Out, ils ont fait une mini-conférence [pour parler] de leur programme et de [son fonctionnement]. Nous, on n’avait pas les ressources pour faire ce qu’ils ont fait. Ils avaient vraiment des personnes qui géraient le programme — parce qu’il y avait eu du financement juste pour ça. Nous, c’était plus une initiative pour ouvrir des portes : qu’est-ce qu’on peut faire ? Est-ce qu’il y a des gens qui peuvent apprendre de ce que l’on fait ? On est là, on va tourner, qui veut venir pour apprendre ?
L’objectif qu’on a gardé c’est vraiment de professionnaliser des gens. Ce ne sont pas des personnes qui viennent pour en apprendre plus sur le cinéma et la télévision. Ce sont des gens qui ont déjà fait une formation, qui ont déjà travaillé sur quelques projets, mais il leur manque des crédits et de l’expérience pour accéder à de plus grands projets. C’était ça qui était important pour nous : t’aider à avoir plus de capacité à travailler sur de plus gros shows.

Penses-tu qu’il y a de la transphobie — ou du moins un certain blocage envers les personnes trans et non binaires — dans l’industrie de la télévision et de l’audiovisuel ?
Maxime Beauchamp : Personnellement, le blocage, je ne pense pas que ça vient d’une
discrimination [du type] : « Cette personne est trans ou non binaire, donc elle est moins
expérimentée ». Je pense que le blocage vient plus du fait que les gens trans et non binaires ont moins d’expérience, moins d’opportunité, ce qui fait que leur CV est moins grand, donc on les engage moins. Je ne sais pas s’il y a vraiment une réticence ou si c’est juste le fait qu’il y a moins d’expérience de la part des gens de la communauté.
Est-ce que d’inclure des personnes LGBTQ+ dans une équipe de tournage, ça se sent ?
Maxime Beauchamp : Je pense que je le sens, oui. Et je pense que c’est beaucoup plus
inconscient qu’on le pense. C’est dans la subtilité. C’est dans le fait d’avoir des insides sans que tu le saches. T’as un peu le même sens de l’humour, un peu les mêmes référents… Moi, ce qui m’avait beaucoup marqué dans le mentorat duquel on s’est inspiré, c’est qu’il y avait plus de gens trans sur le plateau que de gens cis. C’était rendu les gens cis qui n’avaient pas rapport, qui n’étaient pas dans les inside jokes. Moi, ça m’avait beaucoup impressionné.
Comptes-tu reproduire ce programme de mentorat ?
Maxime Beauchamp : J’aimerais ça. Je dirais que ce qu’on a fait était une excellente initiative, un excellent premier pas. J’ai rencontré les quatre participants par après pour leur demander ce qu’on pourrait faire de mieux. Ils en ont définitivement tiré quelque chose, mais je pense qu’on peut aller plus loin et en faire une petite coche de plus.

En tant que créateur de la série, as-tu fait face à beaucoup d’embûches, ou les choses se sont-elles déroulées de manière fluide ?
Maxime Beauchamp : Je pense que ça s’est fait assez fluidement, mais c’était parce que j’avais le soutien de l’équipe de production et d’Unis TV. J’ai parlé de ça au tout début comme une idée, et j’ai été impressionné que ce ne soit pas moi qui aie eu à leur rappeler que j’avais le goût de faire ça. Les gens étaient ouverts à l’idée, ça m’a quasiment montré à quel point il suffit juste parfois de demander. En plus, l’AQTIS (Alliance québécoise des techniciens et techniciennes de l’image et du son) a embarqué et a décidé d’offrir une formation [aux personnes trans et non binaires participant au programme de mentorat].
Sens-tu que, grâce à ce projet de mentorat, les personnes non LGBTQ+ ont appris davantage sur les réalités trans et LGBTQ+ de manière générale ?
Maxime Beauchamp : Overall, ce n’était pas lié uniquement au programme de mentorat, c’était aussi — et peut-être encore plus — à cause du projet. Le projet en général a fait que les gens ont posé plus de questions là-dessus. Le fait qu’il y ait des gens de la communauté a favorisé un dialogue qui était plus fluide. J’ai vraiment été surpris de voir à quel point, chez certains des membres de l’équipe, il y avait de l’éducation à faire. Par exemple, on a dû expliquer la différence entre quelqu’un qui est trans et quelqu’un qui est drag.
La série FEM, à voir !
La série créée par Maxime Beauchamp est un récit initiatique qui évoque la transidentité au rythme de la musique, c’est un voyage émotionnel et artistique, une exploration de l’identité et de l’expression de soi. Cette pépite d’Unis TV, disponible en ligne depuis février sur la plateforme TV5Unis, sera également diffusée du 5 au 9 août à 21 h sur la chaîne Unis TV.