On pourrait dire que le fait que les personnes vivant avec le VIH s’intéressent aux enjeux entourant le vieillissement est une bonne nouvelle. Cela signifie que celles-ci vivent aujourd’hui une vie longue et relativement normale, comme le reste de la population. La réalité des personnes vieillissant avec le virus comporte cependant certaines particularités qui demandent un environnement et une approche sur mesure. À l’occasion de la Journée nationale de sensibilisation au VIH/sida et au vieillissement, le 18 septembre prochain, la directrice générale de la Maison d’Hérelle revient sur la mission de l’organisme et sur les enjeux auxquels sont confrontées les personnes vieillissant avec la maladie.
Michèle Blanchard fait partie des vétéranes de la lutte au VIH/sida. Impliquée dès 1988 auprès de l’organisme, la travailleuse sociale a participé à la définition du concept et à la mise sur pied du centre dédié originalement aux soins palliatifs : « Ça fait quelque 35 ans que je suis impliquée avec l’équipe, nous avons notamment traversé la période catastrophique où tout le monde mourait », se rappelle-t-elle avec émotion.
Aujourd’hui à la tête de la Maison d’Hérelle, elle a heureusement au cours des années accompagné l’organisme dans une transition d’un centre de soins palliatifs à un centre de soutien à la vie active. S’adressant à ses débuts uniquement aux hommes gais, la Maison d’Hérelle accueille aujourd’hui une clientèle composée à 50 % d’hommes gais et à 50 % d’autres personnes touchées par le VIH, dont plusieurs nouveaux arrivants.
Vieillir avec le VIH comporte son lot de particularités, notamment sur le plan physique : « Les gens ont été très impactés par la prise de médication durant tant d’années, donc ils développent souvent des troubles aux reins, du diabète, de l’ostéoporose, etc. », témoigne Michèle Blanchard. Bien que ces types de troubles de santé ne soient pas uniques aux personnes vivant avec le VIH, ils apparaissent souvent beaucoup plus tôt chez celles-ci, c’est ce que la directrice générale appelle le vieillissement précoce.
Du point de vue social, le besoin d’être accompagné par des pairs afin d’améliorer le sentiment de sécurité et de compréhension est un autre besoin auquel répond l’organisme : « Les hommes gais, par exemple, ont besoin d’avoir du soutien de la part de pairs, plutôt que d’aller dans un CHSLD régulier où ils revivraient possiblement la stigmatisation liée à leur statut sérologique et/ou leur orientation sexuelle », explique-t-elle.
La Maison d’Hérelle offre donc quatre milieux de vie adaptés aux besoins des différentes personnes qui vieillissent avec le VIH. Plus précisément, elle compte la Maison d’Hérelle, qui offre dix places sur la rue Saint-Hubert (Plateau Mont-Royal), le 3738, qui offre sept chambres au-dessus de la « maison mère », le Satellite, un grand logement pour six personnes en colocation situé dans Côte-des-Neiges, ainsi que les Studios, qui offrent 15 appartements individuels sur la rue Sainte-Catherine dans l’arrondissement Hochelaga-Maisonneuve.
Le soutien prodigué aux résidents des différents milieux de vie de la Maison d’Hérelle varie selon les besoins de chacun. On y accompagne les personnes nécessitant un soutien minimum autant que celles en perte d’autonomie cognitive, par exemple. Selon Michèle Blanchard, l’objectif est d’être au diapason des besoins des résidents, tout en s’assurant de leur procurer un milieu social et communautaire actif : « Certaines personnes ont besoin d’aide pour l’alimentation, d’autres ont surtout besoin de quelqu’un pour les accompagner pour la prise de rendez-vous, par exemple. Nous offrons aussi des activités éducatives et sociales, des lieux de parole, etc., pour créer un sentiment de communauté. »
L’âge moyen des personnes vivant au sein de la Maison d’Hérelle tourne autour de 55 ans, avec un doyen atteignant l’âge vénérable de 84 ans. Aux yeux de la directrice générale, la présence de cette personne témoigne de la pertinence et du succès de la mission de l’organisme : « Nous sommes très fiers de la compter parmi nous aujourd’hui parce qu’il y a dix ans, elle aurait peut-être dû se tourner vers un CHSLD régulier. »
Force est de constater que l’organisme fait une réelle différence puisque selon Michèle Blanchard, certaines personnes voient leur santé s’améliorer et même certaines capacités revenir lorsqu’elles s’établissent à la Maison d’Hérelle. Pour elle, ces améliorations sont le fruit de l’espoir qui renaît et du sentiment d’isolement qui s’estompe : « Les gens arrivent avec l’impression d’avoir un grand défi à surmonter au niveau de la santé ou de la désorganisation. Leur offrir de les accompagner et de les suivre malgré leur condition leur donne espoir. Le simple fait de ne plus être seul, c’est énorme. »
Les défis demeurent toutefois bien présents pour les responsables de l’organisme. L’un de ceux-ci est le fait de devoir constamment se mettre à jour à propos des nouvelles avancées scientifiques et des nouvelles réalités des personnes atteintes du virus. La communication avec les autres organismes d’intervention est donc primordiale à ce niveau : « On veut ouvrir le dialogue sur ce que ça veut dire de vieillir avec le VIH quand la médication va bien et qu’on vieillit. On travaille à comprendre la gériatrie et le vieillissement précoce chez les gens qui vivent avec le VIH », partage Michèle Blanchard.
L’autre enjeu principal, selon elle, est le retour à la vie active pour les personnes immigrantes atteintes du virus. En effet, la stigmatisation très élevée du VIH au sein de certaines cultures rend l’intégration au Québec très difficile : « Plusieurs personnes arrivent d’endroits où c’est encore plus tabou que chez nous, il y a donc une grande crainte de s’ouvrir à ses proches. Ces personnes n’ont souvent pas d’assurance, elles ne savent pas par où commencer, c’est donc extrêmement difficile. »
Ces enjeux, rappelle Michèle Blanchard, montrent que la lutte au VIH/sida est encore bien présente : « Il y a un certain sentiment selon lequel la lutte au VIH est réglée aujourd’hui, mais il y a encore beaucoup de travail à faire. Nous avons encore besoin d’activités de levée de fonds, de bénévoles, etc. La lutte n’est pas terminée, elle est seulement différente ! »
INFOS | Pour en savoir davantage à propos des services offerts par la Maison d’Hérelle,
visitez https://maisondherelle.org
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