La haute couture a fait une entrée remarquée dans le paysage télévisuel des récentes années. Après The New Look, Becoming Karl Lagerfeld et Cristóbal Balenciaga, une nouvelle série se déroulant dans le même univers prend l’affiche : La Maison. Machinations, mensonges et passions dévorantes y composent une symphonie de trahisons à laquelle il y est impossible de résister !
La série se déroule au sein de la Maison Ledu, une institution de réputation internationale qui se distingue en incorporant de la dentelle noire à ses créations. Tout va pour le mieux alors que Vincent Ledu (Lambert Wilson) prépare le lancement de sa toute nouvelle collection, tout en honorant une commande pour un client étranger. À la suite de la diffusion d’une vidéo virale où il déverse son mépris et sa hargne à l’encontre du menu peuple, la Maison se retrouve bientôt prise au cœur d’une tempête médiatique qui menace de faire chuter le géant de la mode.
Mais qui a bien pu diffuser la vidéo compromettante et à quelles fins ? Pourrait-il s’agir de Robinson (Antoine Reinartz) qui rêve de s’affranchir de cette famille étouffante en compagnie de son amant, Solal (Corentin Fila) ? Ou bien Victor (Pierre Deladonchamps), le frère déchu qui travaille dorénavant pour Rovel, une maison concurrente ? À moins que ce ne soit la machiavélique Diane (époustouflante Carole Bouquet) qui rêve de contrôler Ledu ? Faut-il regarder du côté de Paloma Castel (Zita Hanrot), fille abandonnée de Gino, le dernier grand amour de Vincent, qui refait soudainement surface et souhaite venger son abandon ?
Les hypothèses sont multiples, mais ne constituent pourtant que la pointe de l’iceberg des manipulations, traquenards, doubles jeux et trahisons qui ponctuent chacun des épisodes de la série. On demeure ainsi littéralement rivé.e.s à l’écran dans l’attente d’une révélation, d’un coup de couteau dans le dos ou d’une réconciliation (qui pourrait cependant cacher un piège). Loin de présenter une vision unidimensionnelle des personnages, la série s’ingénie par ailleurs à en présenter les multiples facettes.
Ainsi, bien que chacun se vautre parfois dans l’ignominie, leurs motivations demeurent complexes et cachent bien souvent des meurtrissures passées. Réalisée par Fabrice Gobert (Les Revenants) et Daniel Grou (Lupin), la série est dotée d’une distribution quatre étoiles et se révèle une véritable splendeur visuelle, tant par la qualité de ses décors, la somptuosité ou l’étrangeté de certains des lieux (l’île des Morts), que dans certaines trouvailles de mise en scène (spectaculaire épisode 7).
On peut regretter un travers, malheureusement inhérent à de nombreuses productions de l’Hexagone : la représentation de la sexualité entre personnes de même sexe. En effet, alors que les hétéros baisent à tout vent et qu’on les voit littéralement forniquer, les amours LGBTQ sont condamnées à une pudeur exaspérante qui se cantonne trop souvent à l’avant (on s’embrasse farouchement) ou à l’après (on s’éveille au lit).
Nonobstant ce léger bémol, la série se révèle un feu roulant d’intrigues et d’émotions auquel on succombe dès le premier épisode et qui fait impatiemment trépigner dans l’attente du prochain. Les révélations du dernier épisode annoncent par ailleurs une saison 2 tout aussi prometteuse !
INFOS | Les dix épisodes de La Maison sont présentés sur AppleTV, en français et dans un très bon doublage anglais.