Mené en ligne aux mois d’aout et de septembre, ce sondage de l’Association citoyenne du Village de Montréal (ACVMtl) désirait faire un portrait plus clair du sentiment de sécurité auprès de ses membres : 718 personnes y ont répondu, signe effectivement que la problématique inquiète beaucoup la population locale. «À la question sur leur perception du sentiment de sécurité dans le Village, 490 personnes (68,2 %) ont répondu qu’elles le trouvaient peu ou pas du tout sécuritaire. Par ailleurs, l’impact de la tenue d’activités, d’animations ou de spectacles dans le Village sur le sentiment de sécurité est estimé très positif et positif pour 582 répondantes (81 %)», peut-on lire dans le communiqué émis le 30 octobre.
«Dès le départ, les personnes répondantes interrogées à propos de leur perception de la qualité de vie dans le Village sont catégoriques : 478 (66,5 %) la considèrent mauvaise ou très mauvaise», nous informe ce sondage-là.
Sans aucune surprise, 66% des répondants affirment éviter certains endroits du Village à certaines occasions, mais ce sont surtout les parcs qui retiennent l’attention et où les gens s’y sentent le moins en sécurité comme autour du métro Beaudry à 72,8%, à la Place Émilie-Gamelin (65,6%), à la Place du Village (50,1%), à la Place Emmett-Johns/station Papineau (48,7%) ou encore au parc Charles-S. Campbell à 41,5%. Le sentiment de sécurité est aussi mis à mal sur certaines portions de la rue Sainte-Catherine où les individus s’y sentent le moins en sécurité : entre les rues Berri et Atateken à 77,2%, suivi par le secteur entre les rues Alexandre-de-Sève et Papineau à 49%. «Dans les faits, ces réponses venant de gens assez différents sont assez cohérentes, note Sylvain Côté, le président de l’ACVMtl. 606 personnes ont pris la peine de répondre à des questions à développement, donc cela prouve que les gens veulent du changement, surtout que plus des 2/3 (68,5%) des personnes qui ont répondu au sondage habitent le Village.»
«Il est important de bien comprendre que l’objectif poursuivi par ce sondage n’est pas de dire que le Village est dangereux et qu’il ne faut pas le fréquenter, explique Sylvain Côté. Au contraire, nous pensons qu’en regardant les problèmes en face, nous serons en mesure d’identifier les principales problématiques qui créent ce sentiment répandu d’insécurité et les actions qui doivent être priorisées.»
«Pour mesurer les impacts sur la sécurité ressentie de certaines situations ou réalités du Village, on en a énuméré quelques-uns. La présence d’intervenants communautaires sur le terrain semble sécuriser davantage (65,7 %), mais un certain nombre (23,8%) n’y voit aucun impact ou encore un impact négatif ou très négatif (3%). Celle de policiers et policières (71,4 %) semble être une source importante de sentiment de sécurité, même si encore une fois certaines personnes n’y voient aucun impact (15%) ou même un impact négatif ou très négatif (5%). Les interventions policières menées par exemple auprès des personnes intoxiquées ou violentes ou des groupes criminalisés se font rassurantes pour une forte majorité (64,7 %), alors que d’autres (15 %) n’y voient aucun impact ou un impact négatif ou très négatif (15,7%)», signalent les responsables du sondage.
Il ressort du sondage que la cohabitation avec les personnes ayant consommé des substances illicites représente un sentiment plus grand d’insécurité (74,7%) par rapport à la cohabitation avec les personnes ayant des problèmes de santé mentale (69,1%) ou avec les personnes en situation d’itinérance (61,6%).
«À travers nos rencontres avec la population du Village, il en ressort que la consommation de drogues dures s’accompagne de la présence de vendeurs, gangs de rue, etc., ce qui nous porte à croire que la combinaison de ces facteurs représente une part importante de la perception de la population en matière de sécurité», indique Alain Hébert, le responsable du Comité Sécurité de cette association.
«Rien ne me surprend ici, rien, rien rien ! Cela fait du bien au moral de voir ça. 718 personnes pensent comme moi. Je me sens moins seul maintenant à dire que la sécurité s’est dégradée dans le secteur», affirme pour sa part Daniel Matte qui est membre du conseil d’administration et attaché de presse de l’ACVMtl. «Les vendeurs de drogues veulent faire leurs méfaits de manière plus cachée, donc plus il y aura des activités, comme celles de la SDC du Village ou encore de Fierté Montréal, plus cela augmentera le sentiment de sécurité. Ce sondage démontre que lorsqu’on organise des événements, cela crée une meilleure situation», poursuit-il. «Pour moi, on le voit bien dans le sondage, ça prend des activités, soit d’utiliser et d’occuper les espaces publics, comme les parcs entre autres, de faire des pique-niques, des activités de rassemblement, des activités sportives, culturelles, etc.», de renchérir Sylvain Côté.
«Pour régler les problèmes, c’est la police qui doit agir contre les gangs de rue, les revendeurs de drogues, etc., continue Sylvain Côté. Oui, c’est bien d’organiser des activités, et il en faut, mais si on se retrouve dans des parcs avec des revendeurs et des gangs de rue, cela crée un sentiment d’insécurité plus grand et, ici, seul la police doit prendre des mesures.»
«Depuis le temps que je milite ici, je veux communiquer le désir de sortir les gens de la rue, d’aider les organismes communautaires, il y a une sorte de déprime qui veut qu’on ne peut pas régler ces problématiques-là, qu’on ne peut pas sortir ces gens-là de la rue, indique avec fougue Daniel Matte. Mais je leur parle et plusieurs veulent s’en sortir, ils ne savent pas comment, ils veulent retrouver leur estime de soi. Même si on en sort 3-4 à la fois, mais ce serait déjà un début ! Je sais que notre association est écoutée, c’est ce qui va faire pression sur les élus.»
Bien sûr, l’idée ici n’est pas de décourager les gens à venir dans le Village, c’est même tout le contraire, on désire qu’il y ait de l’action afin que, justement, ce soit plus agréable de s’y promener et d’y faire des événements que ce soit pour les résident.e.s ou les gens de l’extérieur. «Qu’on arrête de faire de la politique et que tout le monde prenne ses responsabilités dans ce dossier», lance presque exaspéré le président de l’Association citoyenne du Village de Montréal.
«On devrait mettre en place la table de concertation, c’était dans le Plan stratégique pour le Village, mais ce n’est pas fait encore, que le CIUSSS, la police, les groupes d’intervenants, les élus, etc., que tout le monde se réunisse pour le Village, pour qu’on puisse agir. C’est le temps d’agir, c’est ce que nous démontre ce sondage», de lancer Sylvain Côté.
«La grande majorité des gens qui ont rejoints l’association, c’est à cause des problèmes de sécurité dans le Village, ils nous l’ont dit dans nos rencontres mensuelles, que c’était çà qui les motivaient à rentrer dans notre association. C’est pour ça que ces résultats-là ne me surprennent pas du tout, moi-même c’est pour cela que j’ai décidé de m’impliquer comme je l’ai déjà dit, parce qu’il faut commencer à régler ces problèmes comme l’a dit Sylvain, il faut que les élus interviennes plus dans ce dossier-là», de conclure Daniel Matte.
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