Vendredi, 17 janvier 2025
• • •
    Publicité

    Rivals, un orgasme télévisuel d’irrévérence, de tromperie et de manipulation !

    Malversations, baises à gogo, gestes déplacés, sexisme, complots et parties de tennis dans le plus simple appareil forment l’ordinaire de l’irrévérencieuse et jouissive adaptation d’un roman à succès des années 80. Au-delà du stupre et du lucre dans lesquels baigne la série, le plus surprenant est qu’il s’agit d’une production originale de Disney.

    Le roman éponyme de Jilly Cooper fut publié au milieu des années 80 et l’action de la série se déroule à la même époque, dans le Rutshire, en Angleterre. Cette région fictive porte un nom fort approprié, puisqu’elle signifie littéralement : le comté de la baise. Un certain scepticisme accueillit l’annonce d’une adaptation par Disney : ne risquait-on pas une élimination du sel et du soufre de l’œuvre originale ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat final donne tort à tous les prophètes de malheur.

    En effet, la série s’ouvre sur les toilettes d’un avion où une vigoureuse partie de jambes en l’air bat son plein entre Rupert Campbell-Black (Alex Hassell) et une journaliste. Celui-ci est ministre des Loisirs et des Sports dans le cabinet de Margaret Thatcher, en plus d’être l’héritier d’une longue lignée d’aristocrates à qui on ne dit jamais non, surtout si on porte une jupe. Alex Hassell livre une performance éblouissante de charisme et de sensualité : qu’il s’agisse de son menton saillant et volontaire, de son regard envoûtant ou d’un corps dont chaque pore de peau dégouline de testostérone. L’épisode 1 nous le présente d’ailleurs flambant nu et en pose frontale, au cours d’une partie de tennis mémorable.

    Son rival est Lord Tony Baddingham (interprété par un David Tennant à cent lieues de son rôle dans Doctor Who) qui, malgré son titre, est un nouveau riche dont l’unique ambition est d’écraser tous ceux qui s’opposent à l’ascension de son empire télévisuel. Pour ce faire, le tyran des ondes et des chambres à coucher s’est trouvé deux atouts de taille : Cameron Cook (Nafessa Williams), une impitoyable productrice de télé américaine dont il fait également sa maîtresse, et Declan O’Hara (Aidan Turner), un journaliste intègre à qui il promet de lui laisser carte blanche. Une promesse qu’il regrettera assez vite !

    Declan emménage dans le Rutshire en compagnie de sa petite famille, dont Agatha (Bella Maclean), sa fille cadette, et son épouse, Maud (Victoria Smurfit), qui sont prêtes à tout pour goûter la peau de l’appétissant Rupert. Ce dernier se pourlèche les babines devant la jeune fille, mais certains événements vont contrecarrer ses ambitions. Étonnamment, et à l’encontre des clichés habituels, plus la série progresse et plus la psychologie du personnage se complexifie et se nuance, jusqu’à le rendre (presque) attachant.

    Tout ce petit monde, incluant de nombreux personnages secondaires, se déchire autour d’un enjeu fondamental : le renouvellement de la licence permettant d’exploiter une station de télévision. Cet élément fait surtout office de prétexte au développement d’une fine analyse des ambitions démesurées et des luttes de pouvoir au sein de la société britannique, tout en maintenant un humour irrésistible. Il permet également une reconstitution hilarante d’émissions des années 80, dont leur titre phare « Quatre mâles dans un pré ».

    Une intrigue secondaire illustre par ailleurs l’emprise qu’exerce une Angleterre ultraconservatrice sur le quotidien des hommes gais : les moqueries continuelles, la paranoïa entourant le sida et la difficulté de vivre au grand jour. C’est notamment le cas d’une scène déchirante où une déclaration d’amour se voit balayée du revers de la main par un homme dont les ambitions politiques ne peuvent se réaliser que sous le couvert d’un mariage hétérosexuel.

    La série ne se place pas sous l’égide de la rectitude politique, ce qui explique sans doute pourquoi elle demeure située dans les années 80. Presque tout le monde enchaîne les verres d’alcool et les cigarettes, se trompe à qui mieux mieux et manipule ouvertement pour parvenir à ses fins. Chaque tenant d’une classe sociale méprise son opposant et la plupart des personnages ont un double, voire un triple agenda.

    La série fait par ailleurs preuve d’une audace rafraîchissante avec des prises de vue somptueuses et une mise en scène inventive. C’est notamment le cas de la juxtaposition d’une scène de viol et d’un concours de beauté, qui illustre avec brutalité la domination du corps de la femme. De même, pour une baise qui se décline au rythme d’une corrida endiablée. Il faut d’ailleurs souligner que la série bénéficie d’un habillage musical exceptionnel, tant au regard des compositions originales que de l’inclusion de la quasi-totalité du catalogue des années 80.

    Réalisée par Elliot Hegarty, la série a récolté les vivats de la critique et peut se targuer d’une cote de 94 % sur Rotten Tomatoes. On peut espérer une seconde saison, puisque le dernier épisode nous laisse sur de nombreux points d’interrogation.

    INFOS | Les huit épisodes de Rivals sont disponibles en anglais et dans un excellent doublage français, sur Disney+.

    Du même auteur

    SUR LE MÊME SUJET

    LEAVE A REPLY

    Please enter your comment!
    Please enter your name here

    Publicité

    Actualités

    Les plus consultés cette semaine

    Publicité