Mercredi, 12 février 2025
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    Passion Poire, offrir de la musique à sa saveur

    Peut-être avez-vous vu Passion Poire sur Instagram ou au Festival Fierté Montréal. Ce qui demeure certain, c’est que l’artiste occupe une place de plus en plus remarquée, que ce soit sur scène, sur les réseaux sociaux, ou même à la télévision, offrant une pop rythmée, dansante et en français, que l’on peut découvrir sur son premier album, Pression des poires, sorti il y a quelques mois. Plus récemment, Passion Poire a repris à sa manière la chanson Comme ils disent de Charles Aznavour.

    Comment décrirais-tu ta musique ? Quelles sont tes principales inspirations ?
    Passion Poire : Je décrirais ma musique comme une pop dansante décomplexée queer, mais surtout introspective. Un peu dans le même genre que Stromae, dans le sens que les paroles sont deep, mais la musique est dansante. Dans mes autres inspirations, j’ai Daft Punk, Daði Freyr, Beyoncé — je pense que c’est la première inspiration ! —, Aya Nakamura, et Pierre
    Lapointe si on parle de la musique au Québec.

    Sens-tu qu’il manque de la pop dansante au Québec ?
    Passion Poire : C’est sûr que je sens qu’il en manque. Au Québec, la pop qu’on fait, elle est plus douce, plus calme. Ça a sa place, certes, mais […] si on regarde ce qui se passe en France en ce moment, avec Vitaa et Maître Gims, ou en Belgique, avec Stromae et Angèle, il y a de la pop plus dansante, plus rafraîchissante, plus actuelle. Et quand je dis « actuelle », c’est très centré sur les États-Unis.

    Tu es allé aux auditions de Quel talent ! au Québec, et de La France a un incroyable talent en France, sans passer aux étapes suivantes. Comment as-tu vécu ces expériences ?
    Passion Poire : Ce qu’il faut savoir, c’est que j’ai filmé Quel talent ! puis, la soirée même, j’embarquais dans l’avion pour aller filmer La France a un incroyable talent. Donc, c’était vraiment intense comme expérience. C’était la première fois que j’allais en Europe. J’étais vraiment flabbergasté. C’était un mois de juillet très rempli ! On dirait que j’ai été plus bummed out au Québec, mais quand je suis arrivé en France et qu’ils m’ont dit que je ne passais pas à la prochaine étape, je me suis dit : « Ben, actually, je suis en France, je suis là pour l’expérience ». Au Québec, ça m’a fait un peu plus mal, mais, at the end of the day, honnêtement, je vois ça comme une expérience. Et ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts !

    Photo: Marie-Claude Dequoy

    D’où vient le titre de l’album, Pression des poires ?
    Passion Poire : J’en parlais avec mon gérant et on trouvait pas de nom d’album. J’avais pas le goût que mon album ce soit genre « Passion Poire », parce qu’il y a quelque chose qui me cringe vraiment avec « la chanson Passion Poire de Passion Poire, sur l’album Passion Poire ». It’s giving full if myself, which I am, mais not that much !

    Pression des poires vient d’un groupe d’amis qui date du cégep. Je trouvais ça tellement bon et drôle quand les gens se faisaient peer pressure, de dire « pression des poires » ouvertement. Parce que généralement c’est quelque chose qui se fait subtilement. Avec mon projet et avec le fait que j’ai de la FOMO [fear of missing out, NDLR] 24/7, mais que j’aime mieux rester chez moi, on dirait que tout s’alignait.

    Tu te définis comme étant non binaire. Sens-tu que les personnes non binaires sont encore discriminées au Québec ?
    Passion Poire : Pas juste au Québec. J’ai pas l’impression que la non-binarité est acceptée dans la société en général. Il y a un genre d’incompréhension. Je me dis non binaire, parce que présentement je suis un peu plus en recherche identitaire, de genre surtout. J’ai toujours eu un struggle avec le genre. On dirait que le fait de dire « Je suis non binaire », ça me permet de ne plus méditer là-dessus. Il y a plusieurs formes, tout le monde le vit à sa façon. Mais les gens ont vraiment de la difficulté lorsqu’on en vient aux trans, lorsqu’on en vient aux personnes non binaires. Il y a de la discrimination plus chez les straights, mais il y en a dans la communauté [LGBTQ+], il y a de la discrimination un peu partout.

    Je comprends que j’ai comme un rôle à jouer là-dedans, en tant que personne non binaire. C’est un rôle que c’est pas toujours l’fun à jouer : faire l’éducation des gens. Les gens parfois sont tellement pas mal intentionnés, mais at some point, on s’en fout si tes intentions sont bienveillantes ou pas. Si tu me demandes ce que j’ai entre les deux jambes, on a un problème. Peut-être qu’un jour ça va être accepté, mais on a encore beaucoup de travail à faire.

    Tu travailles non seulement dans le milieu musical, mais aussi dans un organisme communautaire. Que fais-tu exactement ? Qu’est-ce que cette expérience t’apporte ?
    Passion Poire : C’est ma passion on the side. Ben, je dis on the side, je travaille quand même 40 heures par semaine… Je suis éducatrice dans un centre pour les enfants polyhandicapés. C’est un peu comme la job de préposé aux bénéficiaires : je donne des soins, je change des couches, je donne des médicaments… On top of that, on anime des activités. C’est un peu comme un camp de jour spécialisé, si on veut. C’est un répit.

    En fait, les personnes polyhandicapées, même si elles sont incroyables, pour les parents qui vivent avec eux 24/7, ça peut rapidement être très lourd. Parfois les parents n’ont plus de vie privée, n’ont plus de vie, point. Leur vie devient leur enfant. On parle de déficience physique et intellectuelle ensemble. C’est des enfants qui sont en fauteuil roulant et qui ont certaines incapacités avec leur autonomie, allant de « personne qui parle, qui est verbomotrice » à « personne qui ne peut même pas s’alimenter ». Honnêtement, c’est les plus belles connexions que j’ai faites, autant avec les jeunes qu’avec mes collègues.

    J’adore vraiment mon travail.

    INFOS | Passion Poire (@passionpoire)
    https://www.rosemarierecords.com

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