Samedi, 22 mars 2025
• • •
    Publicité

    Charles Milliard, le « renouveau enraciné » du PLQ

    Le 13 janvier dernier, Charles Milliard se lançait officiellement dans la course à la chefferie du Parti libéral du Québec, en présentant le plus naturellement du monde son conjoint : une rareté dans le paysage politique québécois. Fugues l’a rencontré pour découvrir son parcours.

    Quelle place occupait l’implication citoyenne dans votre jeunesse ?
    Charles Milliard : Vers 17-18 ans, je m’impliquais dans la Commission jeunesse du PLQ. J’ai fait du bénévolat dans un service d’écoute pour aider les personnes seules ou avec des pensées suicidaires. À l’université, j’ai aussi été président de l’Association canadienne des étudiants en pharmacie.

    Pourquoi vouliez-vous devenir pharmacien ?
    Charles Milliard : C’est la relation d’aide dans sa plus belle expression. On est sur le « bord » de la rue, en première ligne pour aider les gens et écouter des problèmes dont on ignorait l’existence deux minutes plus tôt, car les personnes n’avaient pas rendez-vous. Il y a une sorte d’instantanéité dans la relation qui m’a toujours plu. Mon frère, de 11 ans mon aîné, est pharmacien et propriétaire d’une pharmacie en Mauricie. Je l’ai vu grandir là-dedans et il a été une inspiration.

    De quel genre de famille êtes-vous issu ?
    Charles Milliard : Ma famille vient de Kamouraska dans le Bas-Saint-Laurent. Je suis né en 1979 à Lévis, où j’ai vécu durant 22 ans. J’ai étudié à Québec. Ma mère était professeure de français et de théâtre dans le système public. Elle était même directrice d’école quand j’étais à la polyvalente, ce qui créait des situations intéressantes. Mon père était charpentier-menuisier : il a contribué à construire presque tous les centres commerciaux à Québec. On était une famille de classe moyenne où on n’a jamais manqué de rien. Je n’étais pas prédestiné à la politique. C’est moi qui apportais le sujet à la table constamment.

    À quoi ressemble votre parcours d’acceptation de votre orientation sexuelle ?
    Je parle rarement de ça en entrevue, mais je suis ouvert à le faire. Je l’ai eu vraiment facile. Je n’ai pas vécu de problèmes. Je ne l’ai jamais cachée, mais je n’ai jamais écrit un courriel ou un communiqué de presse pour en parler. Ça a toujours été une partie de moi, mais pas un élément de différenciation. Je suis la preuve qu’il y a de belles histoires qui existent dans un processus comme celui-là, même s’il y en a encore beaucoup trop de mauvaises.

    Vous avez été impliqué avec les Jeunes progressistes-conservateurs au début des années 2000. Comment expliquez-vous cette association à des lecteurs LGBTQ+ qui voient les partis conservateurs comme une menace pour leurs droits et pour leur survie ?
    Charles Milliard : J’étais impliqué avec Jean Charest et Joe Clark au fédéral de 1997 à 2003. Le parti n’existe plus aujourd’hui. Il était ce que je veux représenter en politique : le portefeuille à droite et le cœur à gauche. On parlait de politiques économiques, de rigueur budgétaire et de respect de la capacité de payer de la population, avec des recettes fiscales qui peuvent financer des programmes, faire vivre le modèle québécois et le filet social. Il y a quelque chose d’intéressant dans la droite économique, mais quand on parle de droite sociale, je ne suis pas là du tout. Rien, zéro, nada.

    En quoi vos expériences professionnelles peuvent-elles vous servir en politique ?
    Charles Milliard : En pharmacie, j’ai développé mon écoute et ma capacité à trouver des solutions. Ça peut sembler ésotérique, mais un politicien est quelqu’un qui doit représenter le peuple, l’écouter et matérialiser ce qu’il entend. Aussi, avoir une expérience dans le réseau de la santé, alors qu’il s’agit du plus gros budget du Québec, ce n’est pas vilain. Au PLQ, on a eu des médecins comme Gaétan Barrette, Yves Bolduc et Philippe Couillard, mais rarement d’autres profils de politiciens issus de la santé.

    Et votre présidence de la Fédération des chambres de commerce du Québec ?
    Charles Milliard : Je commentais énormément l’actualité et on essayait d’influencer les politiciens. Je disais souvent que je faisais de la politique sans être élu et que personne ne me détestait. Avec le recul, même si ce n’était pas planifié, je réalise que c’était un excellent terrain de pratique pour la politique. Ça fait 25 ans que je me promène à travers le Québec. Quand je dirigeais les pharmacies Uniprix, il y en avait 400 partout en province.

    Il y a 125 chambres de commerce et je les ai toutes visitées. Les galas, les remises de prix, les rencontres de MRC, j’y suis allé. Ça m’a permis de créer un réseau assez puissant. Et mes adversaires le savent.

    Quelle est votre vision ?
    Charles Milliard : Je veux représenter le renouveau enraciné. On est à la fin d’un cycle politique au Québec. On doit renouveler le PLQ, qui est le plus vieux parti du Québec. Il a été fondé en 1867. Pourtant, il est encore en danger. Il faut réussir à donner les clés du parti à une nouvelle génération, comme le Parti québécois a réussi à le faire avec Paul St-Pierre Plamondon, et comme la CAQ ne réussira probablement pas à le faire, selon moi.

    Et vos idées ?
    Charles Milliard : Je veux parler d’enjeux de table de cuisine. Je ne veux pas que la campagne porte seulement sur la laïcité, l’immigration et la langue, qui sont des sujets importants, mais sur lesquels nos opposants veulent toujours nous ramener. Au PLQ, on veut rassembler tous les Québécois, alors c’est sûr qu’on a des positions moins clivantes que les autres.

    En gros, je veux parler de la santé de nos PME, de la vitalité des centres-villes dans les régions du Québec, de transports pour accéder au territoire québécois pour le développer et de culture. J’ai été largement impliqué dans plusieurs organisations culturelles (FTA, Festival de Lanaudière, OSM). J’ai beaucoup d’amis dans le milieu, qui ne sont pas toujours libéraux, mais qui savent que le milieu artistique sera bien représenté avec moi. La revue du statut de l’artiste est un enjeu important.

    Votre regard sur le monde est-il influencé par le fait que vous appartenez à une minorité ?
    Charles Milliard : C’est une des questions les plus intelligentes qu’on m’a posées dans les dernières semaines… Quand tu fais partie d’une minorité ou que tu connais des gens qui en font partie, tu vois le monde différemment. Je suis inquiet quand je vois le glissement des enjeux sociaux, quand il est question des minorités sexuelles et de genre, religieuses, culturelles. Le gouvernement doit être un rempart contre la marginalisation de toutes sortes.

    En ce moment, la marque de commerce du gouvernement c’est : diviser pour régner. Je n’aime pas leur trame de fond. Par exemple, le fait que le Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie relève du ministère de la Condition féminine, ça brouille les lignes par rapport aux attentes de la communauté. J’aimais bien que ce soit sous l’égide du ministère de la Justice, parce que ça implique souvent la justice légale et sociale.

    Quels enjeux touchant les communautés LGBTQ+ vous préoccupent ?
    Charles Milliard : Certains enjeux de perception et d’autres pragmatiques. Par exemple, le VIH : si on redoublait d’efforts en prévention et en pédagogie, ça pourrait être derrière nous dans quelques années. On a laissé l’élastique s’étioler, parce que ce n’est plus mortel ou presque. J’aimerais qu’on retourne à un sentiment d’instabilité à ce sujet et qu’on soit plus aux aguets. Également, il faut des leaders qui rassemblent sur plusieurs enjeux LGBTQ+, mais on a malheureusement un contre-exemple au sud de la frontière.

    Que pensez-vous du comité des sages qui n’inclut pas de personnes trans et non binaires ?
    Charles Milliard : Des gens X qui parlent d’un problème Y, c’est rare que ça donne une bonne solution Z. C’est la même chose quand on parle d’enjeux religieux ou financiers : lorsqu’un groupe de personnes à Montréal décide ce qui est bon pour les régions du Québec, ça crée une frustration similaire.

    Comment avez-vous impliqué votre conjoint dans la réflexion sur la course à la chefferie ?
    Charles Milliard : Je n’ai jamais caché mon intérêt pour la politique. Je ne savais pas quand ni comment, mais il ne s’est pas réveillé un matin très surpris de ça. Il me supporte à 100 %. C’est un immense engagement de temps, financier, émotionnel et réputationnel.

    Qui est-il ?
    Charles Milliard : Il s’appelle Simon. On est ensemble depuis trois ans. Il travaille dans le milieu de l’assurance. Il est originaire de la Mauricie. On habite en Estrie et on visite nos proches à Lévis et à Trois-Rivières, alors on n’est pas des touristes quand on se promène au Québec.

    Hors du travail, quel genre de personne êtes-vous ?
    Charles Milliard : J’aime beaucoup lire, aller au théâtre et suivre l’actualité. Avec la pandémie et la quarantaine, je suis devenu plus sportif. Je me suis mis au ski, je joue au curling, un sport largement méconnu et très intéressant. Je suis un gars de famille. Je suis sensible et je m’intéresse aux gens. J’ai une bonne intelligence émotionnelle. C’est une denrée rare dans la vie et je suis fier de l’avoir. Je croise tellement de gens qui se foutent de ce que les autres pensent. Je me trouve privilégié de ne pas être comme ça.

    INFOS | https://www.charlesmilliard.org

    Du même auteur

    SUR LE MÊME SUJET

    LEAVE A REPLY

    Please enter your comment!
    Please enter your name here

    Publicité

    Actualités

    Les plus consultés cette semaine

    Publicité