Lorsque The Virgo Queen chantait et dansait sur la scène de Canada’s Drag Race, on voyait apparaître une flamme au fond de son regard. Le reste du temps, elle se tenait légèrement en retrait, plutôt timide, en laissant ses adversaires se crêper le chignon. Cette perception a été confirmée par la nouvelle reine de la drag canadienne en entrevue avec Fugues.
Quelles émotions t’ont traversée depuis ta victoire en janvier ?
The Virgo Queen : Beaucoup de fierté et d’excitation ! Depuis l’annonce de la victoire, je me suis sentie dépassée par ce qui m’arrivait et un peu surprise, mais en regardant les épisodes et en me rappelant le progrès que j’ai fait, j’ai compris à quel point j’avais excellé, surtout durant la finale.
Combien de fois avais-tu auditionné pour l’émission ?
The Virgo Queen : Trois. La première, pour la saison 2 : je me suis rendue très loin sans être sélectionnée. J’ai pris une pause l’année suivante. Puis, j’ai réessayé pour les saisons 4 et 5. Quand j’ai été prise, je n’en revenais pas ! Je ne pensais même pas à gagner la saison entière. J’étais simplement reconnaissante de vivre cette expérience.
Tu as d’ailleurs vécu le tout aux côtés de ta drag daughter, Sanjina Dabish Queen.
The Virgo Queen : J’étais heureuse de pouvoir éduquer le public sur les familles drag et de montrer un exemple inspirant de ce à quoi ça peut ressembler. Durant la diffusion, beaucoup de personnes m’ont dit qu’elles ignoraient que ça existait. C’est très important que les jeunes queers sachent que c’est présent dans notre culture. Trop souvent, on ne montre que les aspects négatifs de nos communautés. C’était un privilège de présenter notre drag family. En plus, Sanjina est vraiment divertissante. C’était merveilleux de la voir déployer ses ailes durant l’émission.
Comment es-tu devenu sa drag mother ?
The Virgo Queen : On a travaillé ensemble dans un restaurant pour une courte période. Un jour, je l’ai revue sur la rue, alors qu’elle attendait pour entrer dans un bar à Toronto. Elle avait de très longs ongles. J’ai tout de suite voulu savoir qui elle était. Je lui ai proposé de venir à la maison pour la transformer en drag. Quand elle a enfilé un costume et une perruque, elle exultait. La suite appartient à l’histoire.



Lors de ton arrivée dans l’atelier, quelle était ton opinion de tes adversaires ?
The Virgo Queen : Je ne pensais pas vraiment à elles comme ça. Je les appréciais et j’étais heureuse de passer du temps avec elles, mais je ne les percevais pas comme une compétition. Il faut dire que je n’étais pas très compétitive dans les premiers épisodes.
C’est étonnant de t’entendre dire ça, alors que tu as gagné les premier et troisième défis.
The Virgo Queen : Oui, mais il s’agissait de domaines dans lesquels j’excelle et je comprenais très bien le processus de Drag Race. Je savais que je devais performer dans les défis de chant et de danse. Je ne suis pas une designer ni une couturière. Et les défis d’interprétation me rendent nerveuse, parce que je n’en ai pas fait souvent.
Quel effet ces victoires ont-elles eu sur toi ?
The Virgo Queen : Ça m’a définitivement donné confiance en mes capacités, mais dans la compétition, ça a fait de moi une cible dans le regard de mes adversaires. Ça ajoutait donc beaucoup de stress et de pression. J’ai essayé de me concentrer sur un défi à la fois.
Quand as-tu commencé la drag ?
The Virgo Queen : En 2016, ça fait presque 10 ans ! Quelqu’un m’avait montré Naomi Smalls en me disant que je lui ressemblais et que je pourrais faire comme elle dans les clubs en chantant. J’ai essayé, mais j’étais très insécure à l’idée d’aller en public. J’ai pris mon temps pour m’améliorer avant d’être vue. Je ne donnerais pas ce conseil à tout le monde. Je suis simplement une personne gênée et perfectionniste. Bref, mon premier contrat professionnel a eu lieu en 2019. Peu de temps après, j’ai quitté mon travail et mes études en musique, parce que je voulais faire du drag à temps plein. Je préférais mettre toute mon attention là-dedans.
Comment décris-tu The Virgo Queen ?
The Virgo Queen : Je suis une performeuse assez polyvalente, particulièrement à l’aise en musique et en danse. Cela dit, je déteste parler de moi. C’est tellement étrange. Je ne pense pas que The Virgo Queen est un personnage. C’est plutôt une façon d’exprimer qui je suis pleinement. Je me sens encore moi-même en drag, même s’il y a un déclic, tout comme lorsque je fais de la musique devant public.
Tu vis à Toronto. À quoi ressemble la scène drag là-bas ?
The Virgo Queen : Elle est très diversifiée. On a plusieurs styles : drags queens, drags kings, drags à barbe, avec ou sans rembourrage. Il n’y a pas de cliques très définies. On voit généralement des casts très variés. Par contre, c’est très compétitif, car il y a tellement d’artistes. Quand j’ai commencé il y a quelques années, ça prenait au moins six mois pour avoir un contrat dans un bar. Il fallait se rendre à des scènes ouvertes (open stages) pour se faire connaître et devenir la personne dont tout le monde parle. Maintenant, tout est plus rapide.
INFOS | INSTAGRAM : @thevirgoqueen