Mercredi, 22 octobre 2025
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    Musique techno et drapeaux arc-en-ciel envahissent les rues de Berlin pour la Fierté

    Des centaines de milliers de personnes ont dansé sur des rythmes technos à travers Berlin samedi pour célébrer la Fierté dans la capitale allemande, l’une des plus grandes célébrations LGBTQ+ d’Europe. Entre drapeaux arc-en-ciel et bouteilles de bière, la ville a fait la fête sous un ciel couvert, un vent de fraîcheur après plusieurs jours de pluie, pour célébrer le Christopher Street Day.

    «Nous devons montrer que la fierté est unité, que la fierté est amitié, que la fierté est amour, et nous devons nous assurer que chacun sache que nous sommes ici en paix et dans l’amour pour faire d’aujourd’hui un jour meilleur pour tous», a déclaré Jessica Benitaz, originaire de Miami.

    Ce défilé annuel commémore les émeutes de Stonewall de 1969 à New York, lorsqu’une insurrection spontanée a été déclenchée à la suite d’une descente de police au bar gay Stonewall Inn, sur Christopher Street, dans le Greenwich Village.

    Le défilé berlinois a emmené les fêtards jusqu’à l’emblématique porte de Brandebourg et à travers le quartier de Nollendorfplatz, berceau de la culture gay de la ville qui sert également le lieu de commémoration des membres de la communauté LGBTQ+ persécutées et assassinées par le régime nazi. Le premier Christopher Street Day de la ville a eu lieu le 30 juin 1979 à Berlin-Ouest.

    Thomas Hoffmann, membre du comité exécutif des célébrations, estimait que la foule en 2025 était plus nombreuse que les années précédentes.

    «Nous voulons défendre nos droits ensemble ici», a déclaré M. Hoffmann.

    L’agence de presse allemande dpa a rapporté que de 30 à 50 personnes étaient présentes à une contre-manifestation pro-palestinienne scandant No pride in Genocide — reprochant aux dirigeants de la fierté, la Christopher Street Day (CSD), de ne pas se positionner contre ce qu’ils nomment «l’agression d’Israël contre la Palestine »

    La position du chancelier allemand fortement critiquée
    Plus tôt la semaine dernière, le chancelier allemand Friedrich Merz a été accusé de s’aligner sur la politique homophobe de Donald Trump et de Viktor Orbán en refusant de hisser le drapeau arc-en-ciel sur le Reichstag (l’Assemblée fédérale), comme c’est maintenant la tradition depuis plus d’une décennie.

    «On peut comprendre les impératifs de neutralité politique de cette institution», commente Thomas Hoffmann, porte-parole membre de la direction du CSD. «Ce sont les commentaires qui ont suivi qui nous ont choqués. Ils sont très révélateurs de l’attitude d’une partie du parti conservateur (CDU) dont Friedrich Merz est le président», ajoute-t-il.

    «Le Bundestag n’est pas un chapiteau de cirque», a expliqué le chancelier pour justifier cette décision. Une petite phrase assassine venant d’un homme qui s’était déjà distingué pour son homophobie latente en 2020 en faisant l’amalgame entre homosexualité et pédophilie. «Tant qu’il ne m’approche pas et que cela ne concerne pas les enfants, cela ne pose aucun problème», avait déclaré Friedrich Merz en 2020 à propos de l’ancien maire gai de Berlin, Klaus Wowereit.

    «Depuis l’élection de Donald Trump et l’arrivée d’un gouvernement conservateur en Allemagne, en mai, nous voyons se défaire toutes les avancées que nous avions obtenues depuis des décennies», s’inquiète le social-démocrate Alfonso Pantisano (SPD), délégué aux questions queers de la ville de Berlin.

    Le drapeau arc-en-ciel est une cible politique. «Ce qu’on exige de nous aujourd’hui, c’est qu’on redevienne invisibles», déplore Thomas Hoffmann, qui a donné un mot d’ordre très explicite à la CSD de samedi où l’on attend plusieurs centaines de milliers de personnes: «Plus jamais silencieux.»

    La décision, venue au départ de la présidente de l’Assemblée fédérale qui a voulu interdire le drapeau sur le toit mais aussi tous les signes ostensibles comme les pin’s, est une façon de repositionner les conservateurs vers la droite, voire plus loin. «Julia Klöckner mène la même guerre culturelle que l’AfD (ndlr: l’extrême droite)», déplore Lorenz Blumenthaler, porte-parole de la Fondation Amadeu Antonio, ONG de lutte contre le racisme.

    Les écologistes ont protesté en arborant des pullovers colorés dans leurs rangs lors d’une session parlementaire pour former le drapeau arc-en-ciel dans l’hémicycle. «Au lieu d’éteindre les flammes, Friedrich Merz jette de l’huile sur le feu!» a commenté Nyke Slawik, la porte-parole queer des écologistes, alors que près de 1800 infractions homophobes ont été enregistrées en 2024, en augmentation de 18%, selon la police criminelle.

    Le maire de Berlin, le conservateur Kai Wegner (CDU), n’e suivra’a pas suivi l’exemple de Merz. «En signe de solidarité, le parlement régional a hissé le drapeau arc-en-ciel», se félicite Alfonso Pantisano, qui insiste sur la signification de Berlin dans la lutte pour la défense des droits de la communauté queer. La capitale allemande a été le berceau du mouvement de libération des homosexuels et de l’émancipation des minorités sexuelles. «Berlin est la capitale arc-en-ciel mondiale», dit-il.

    En 1929, il y avait 200 bars queers contre une cinquantaine aujourd’hui. «La communauté était extrêmement vivante. Les nazis ont tout détruit», ajoute-t-il. «En Allemagne, nous savons mieux qu’ailleurs comment tout finit quand on s’attaque aux homosexuels», dit-il pour rappeler que les nazis s’étaient attaqués dès le départ à cette minorité avant de s’en prendre à d’autres. «Le feu risque de se propager chez le voisin», prévient-il.

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