Voici venu le temps de la vingt-troisième édition du festival de films GLBT image+nation, qui offre dix jours de cinéphilie au cœur de la création actuelle et des problématiques qui agitent notre monde. À l’instar des dernières éditions, celle de 2010 propose une centaine d’oeuvres importantes, inédites et engagées.
Comme c’est son habitude, image+nation envisage les théories et thématiques queer avec un regard cinéphile et qui se veut explorateur de cinématographies originales et sans tabous, tout en gardant une tendance délibérément divertissante. Si l’accent est ainsi mis sur ces films venus du monde entier qui traitent de nos préférences sexuelles et qui rendent hommage aux figures courageuses de notre histoire, un focus manifeste est proposé sur les films d’Amérique du Sud et de la péninsule ibérique. Brésil, Argentine, Pérou… Depuis quelques années, les choses bougent énormément là-bas et les changements sociaux se répercutent dans la production de films. Lucia Puenzo, qui nous avait donné l’excellent XXY, présente cette année à image+nation son dernier opus, El Nino Pez, une œuvre forte et très personnelle. À découvrir aussi, en ouverture, le film péruvien Contracorriente, une excellente histoire de fantômes sur les déboires de Miguel, un homme marié qui pourrait tout perdre à force de vouloir préserver les apparences. Du Brésil, on verra, entre autres, Elvis & Madona, une fiction osée sur les amours d’une danseuse de cabaret transsexuelle avec une lesbienne.
Au rayon «histoires vécues», notons The Secret Diaries of Miss Anne Lister, qui dépeint les amours passionnées et impossibles de deux Anglaises dans le Yorkshire du début du 19e siècle, et Howl, qui s’intéresse à l’époque ou Allen Ginsberg composa ce poème qui mena l’auteur homosexuel phare de la Beat Generation au tribunal pour obscénité.
Au rayon des curiosités et des zombies, Bruce La Bruce est roi. Après Otto, le cinéaste culte nous revient avec L.A. Zombie qui enfonce encore plus loin sa caméra dans de jolies tripes sanguinolentes. C’est beau, joyeusement fou, émouvant et excitant.
Homosexualité féminine et masculine, transidentité, homophobie, prévention et cinéma queer sont les thèmes historiques abordés par notre cinéma. Un cinéma de genre sur le genre, qui parle aussi des victimes de la cruauté, de la stigmatisation ou de condamnations. Et qui parle aussi, évidemment, beaucoup d’amour et de désir, parce que «l’homosexualité, c’est l’amour». Image+nation présentera donc des œuvres gaies, à l’humour queer et aux drames décalés qui permettront à chacun d’avancer ses propres théories sur un cinéma sans tabou.
Un festival ouvert sur tous les publics, invités à venir découvrir des histoires prenantes et surprenantes d’un présent qui diffère selon le lieu où l’on vit.