Bien que mes parents m’aient extirpé de force de mon lit chaque dimanche matin de ma pas si tendre enfance pour aller assister en famille au répétitif discours de l’abbé Tremblay (une chance que les osties étaient gratuites!), je ne me suis jamais considéré comme un être très spirituel. Voici donc comment Yoga Jam (une séance de yoga multimédia et multisensorielle qui prend place au Stéréo) est venue changer mon opinion sur ces disciplines qui exploitent le potentiel de l’intériorisation.
Tout juste avant de me lancer dans 90 minutes de yoga, j’ai la brillante idée de me rendre au gym afin de prendre soin de « mon extérieur », comme je sais si bien le faire. Arrivé au vestiaire, je remarque que tout le monde trimbale sous le bras un mince rouleau de néoprène. Ah! C’est ce à quoi doit ressembler un vrai tapis de yoga… J’enfouis aussitôt dans mon sac l’absorbant tapis de salle de bain que j’avais apporté, en pensant naïvement que n’importe quelle carpette ferait l’affaire. Une fois arrivé dans la grande salle, un autre élément vient trahir mon ignorance « yogacienne ». C’est après avoir laissé quelques traces de gadoue sur les tapis de mes confrères yogis (terme désignant celui qui pratique le yoga) qu’on me signale poliment (coudonc, ils sont donc bien zens, eux autres!) de retirer mes chaussures. Dans un élan de générosité, Line Trépanier, l’instigatrice et animatrice de Yoga Jam, accepte de me prêter son tapis de yoga. Moment de grâce accentué par le faisceau qui me baigne de sa lumière immaculée : je me sens comme Anakin Skywalker au moment où Obi-Wan Kenobi lui confie son premier sabre laser! Je suis fin prêt à relaxer.
Immédiatement après les premières minutes de mouvements relativement simples, la vérité m’explose en pleine tronche : j’ai bel et bien commis un troisième « yoga faux pas » en confondant yoga et méditation! En effet, les mouvements qui suivent deviennent de plus en plus exigeants et complexes. Bien synchroniser ma respiration avec les séquences représente un défi de taille! Néophyte, je n’ai aucun barème de comparaison en termes de yoga, mais plus l’activité progresse, plus j’appuie le choix du Stéréo pour la tenue de Yoga Jam. La salle permet de profiter d’un éclairage coloré qui s’adapte aux rythmes de la musique (avec le système de son du Stéréo, on pourrait même groover sur du Enya), qui sied parfaitement aux différents segments de l’atelier. Ici, tout coordonne dans une fluidité étonnante! Avec son spotlight, son micro, sa souplesse et son sens aiguisé du timing, Line Trépanier m’apparaît un peu comme la Madonna du yoga, facelift en moins.
À force de retenir mon corps dans des positions jusqu’à maintenant inexplorées (moi qui croyais avoir tout fait!) et de m’étirer jusqu’à ce je sente mes fibres musculaires grincer comme les dents de François Legault à son premier point de presse, ma température corporelle ne tarde à franchir le point de non-retour. Même si mon orgueil a déjà été heurté à plusieurs reprises le temps de quelques mouvements boiteux, j’espérais au moins demeurer esthétiquement présentable d’ici la fin du Jam pour aborder mon joli voisin de tapis. Avec mon furieux toupet collé dans le front, ça sera périlleux! Et voilà que Line m’invite à piler encore une fois sur ma fierté en nous faisant écartiller en duo! Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir.
Les 90 minutes à enchaîner les poses parfois suggestives ont filé aussi vite qu’un membre des AA devant un comptoir de dégustation de la SAQ. Je me félicite d’avoir travaillé cette souplesse que j’ai longtemps négligée : celle de l’esprit. Yoga Jam m’a donné l’occasion de constater que je suis certes très loin d’être dans la capacité de ronger mes ongles d’orteils, et, qu’après tout, on s’en fiche royalement. Dans la philosophie du yoga, la performance est futile, car l’effort est fourni pour soi. Yoga Jam s’est donné pour objectif d’offrir aux gais à leurs amis des séances accessibles qui misent autant sur l’intériorisation que sur la socialisation et les rencontres. C’est réussi. Vous m’excuserez, je dois replacer mon tapis de salle de bain, car je ne voudrais pas que mon joli voisin de tapis et moi gelions des pieds au sortir de la douche, après avoir profité de notre flexibilité nouvellement bonifiée!
Yoga Jam Montréal est une coproduction de POPgayoga.