Mercredi, 26 mars 2025
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    On a sauvé le monde

    Une première pour Dominique Fernandez puisque celui-ci s’aventure dans les méandres du roman d’espionnage, un genre qu’il n’avait jusqu’alors jamais exploré. Bien évidemment, fidèle à son habitude, le récit est truffé de référence à l’art, la littérature et à des moments clés de l’histoire.

    Le récit se situe dans les années 1930, à Rome, et met en scène Romain, un jeune Français qui y réside afin de compléter son mémoire sur le peintre Nicolas Poussin. Celui-ci n’est pas que fasciné par la peinture, mais également par les hommes qui l’entourent : un sentiment qu’il garde cependant profondément caché.

    Il s’est toujours senti différent des autres et il est bien conscient de son inclination pour le sexe masculin, mais nous sommes dans l’Italie de Mussolini où l’homosexualité est considérée comme un crime. Alors prudence oblige!

    Pour donner le change, il fait une cour assidue et très courtoise à Giulia, une jeune aristocrate d’une extrême fadeur, puis fait la rencontre de Wanda qui se révèle plus entreprenante et dont l’appétit est même aiguisé par l’indifférence et la distance maintenue par le jeune homme.  C’est alors qu’entre en scène Igor, fils d’une famille de Russes blancs.

    Les deux hommes  succombent à une passion mutuelle et, par amour, Romain devient même espion à la solde de la Russie. Ils ne sont cependant que des pantins entre les mains du régime soviétique qui les qualifient moqueusement d’ « idiots utiles ».

    C’est avec stupéfaction que les deux espions vont éventuellement réaliser que les idéaux communistes ne laissent aucune place aux amours masculines, ce qui les amène à remettre en question l’ensemble de leur appartenances politiques, sociales et culturelles.

    On le devine, ses amours s’annoncent tragiques, mais le parcours se révèle d’une grande richesse intellectuelle et, malgré tout, Dominique Fernandez, à l’aide d’une pirouette scénaristique, nous révèle le rôle crucial indirectement joué par les deux hommes dans la victoire de l’ensemble des forces alliées contre l’Allemagne nazie.

    L’histoire est basée sur celle d’Anthony Blunt, un critique d’art gai, conseiller de la reine Elisabeth II, qui s’est avéré être un espion pour le compte de la Russie, en 1980. Selon l’auteur, pour ceux qui vivent constamment leurs amours et leur identité dans la clandestinité, il n’y a parfois qu’un pas vers l’espionnage.  

    On a sauvé le monde / Dominique Fernandez. Paris : Grasset, 2014. 600p.

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