Mardi, 20 mai 2025
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    Bent : Pour ne pas oublier

    Survivre dans un camp de concentration en tant qu’homosexuel. Le décor est planté, l’histoire qui est évoquée fait partie de la mémoire collective des communautés LGBTQ+. Saluons Jean-François Quesnel qui a décidé de s’emparer de Bent, la pièce écrite par Martin Sherman et créée en 1979.

    En ces temps troublés où de nouveau les minorités sont la cible aussi bien d’individus et de groupes politiques qui souhaiteraient les annihiler, la pièce Bent, qui fait l’écho du passé, prend toute sa résonance aujourd’hui.

    On connaît le travail de Jean-François Quesnel. En 2023, il présentait Hosanna, une production saluée par la critique, ainsi que par le dramaturge, Michel Tremblay. Jean-François Quesnel garde un souvenir inoubliable de ses rencontres avec cet auteur. Avec Bent, on se trouve dans un tout autre registre. Nous sommes en Allemagne, dans les années 30, Hitler obtient les pleins pouvoirs. Les premiers camps de concentration ouvrent leurs portes et accueillent les opposants au régime : les socialistes, les communistes et les syndicalistes. Puis la chasse aux sorcières s’intensifie et des communautés sont pourchassées : les Juifs, bien entendus, mais aussi les homosexuel.le.s, qui devront porter le triangle rose, puis rapidement seront déporté.e.s vers les camps de concentration.

    Max vit avec son conjoint Rudy à Berlin. Pourchassé par les SS, Rudy est tué et Max envoyé au camp de Dachau. Il y fera la rencontre d’un autre homosexuel, Horst, avec qui il développera une relation d’amour clandestine dans un contexte de violence, de privation, d’inhumanité. L’auteur Martin Sherman a créé la pièce, en 1979, puis a signé le scénario du film éponyme sorti en 1997. À travers cette histoire d’amour, c’est l’histoire de communautés (homosexuels, lesbiennes, bisexuel.le.s et personnes trans) que l’on a voulu rayer de la carte puisque faisant partie pour le régime nazi des « indésirables » potentiellement dangereux pour le régime. C’est ce lien entre un drame intime qui s’inscrit dans un drame historique qui a touché Jean-François Quesnel et l’a convaincu de monter ce texte. « Cela va dans la lignée que j’offre comme pièce de théâtre», précise Quesnel. «J’ai été touché par l’histoire et même si je n’ai pas vécu, ni connu la période de la Seconde guerre mondiale, je peux m’y reconnaître et y mettre les émotions ».

    Pour le metteur en scène, impossible de ne pas faire de lien entre les débuts de la déportation des homosexuels en Allemagne à cette époque et ce que nous vivons actuellement. « On ne peut plus se cacher face aux discours d’intolérance qu’on entend aujourd’hui», continue Jean-François Quesnel. «Cela a fait partie de nos discussions pendant les répétitions. Nous ne sommes pas aussi à l’abri qu’on pouvait le croire, il n’y a pas si longtemps, d’un retour en arrière. Il faut agit pour que l’histoire ne se répète pas».

    Pour incarner le personnage principal de Bent, Jean-François Quesnel a fait appel à son comédien fétiche, Marc-André Leclair sur lequel il ne tarit pas d’éloges. Marc-André Leclair incarnait Hosanna dans la précédente production du metteur en scène. « Marc-André est quelqu’un de très authentique et qui livre des interprétations magistrales», commente Jean-François Quesnel. «Il était évident qu’il aurait le rôle-titre. C’est quelqu’un qui s’investi complètement dans un projet créatif, qui est toujours très prêt de ses émotions et qui a une grande profondeur de jeu. Pour les autres comédiens, il y a eu des auditions et je me suis attaché à choisir des comédiens qui ont une grande sensibilité et une grande fibre artistique. Je me fiche de savoir s’ils ont fait ou non une école de théâtre. Pour moi, on vit sur scène, c’est ce que j’attends des comédiens ».

    Producteur et metteur en scène atypique, Jean-François Quesnel ne demande jamais de subventions pour mener à bien ses projets. « C’est moi qui injecte des fonds personnels et puis je suis entouré de gens de cœur, qui à leur manière, m’aident à porter mes projets ».

    Jean-François Quesnel est aussi derrière le projet Amour dialectales : Confessions littéraires Queers, une soirée littéraire sur les amours queers où l’on pourra entendre des auteurs et autrices s’exprimer sur ce thème. Benjamin Allain-Vaillant, Salim Benkirane, Bo Johnson, Michèle Macaigne, Eric Monette et Alexane Roy alias Wheelly Hot. Soulignons qu’il y aura simultanément une interprétation en langue des signes québécoise, pour les personnes sourdes et malentendantes. Une initiative que l’on aimerait devenir une pratique courante pour beaucoup de productions.

    INFOS | Bent, les 10-11-12 avril 2025, au Théâtre de la Comédie de Montréal
    Mise en scène de Jean-François Quesnel, d’un texte de Martin Sherman
    ENSEMBLE – Collectif Théâtral 2SLGBTQIA+ ou (Les Productions Jean-François Quesnel)

    Amours dialectales : Confessions littéraires Queers, le 4 avril 2025 à 19h30, à la
    Maison de la culture Janine-Sutto, au 2550 rue Ontario Est
    https://montreal.ca 

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