Jeudi, 27 mars 2025
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    Réalités rurales : Robby à la ferme

    Croyez-vous que l’acception de l’homosexualité dans certains métiers dits non traditionnels est plus difficile? À écouter Robby Adam-Tellier nous raconter son expérience personnelle, il semble qu’il n’en est rien. Entrevue avec un jeune agriculteur de 21 ans de Saint-Félix-de-Valois, un peu au nord de Joliette

    Robby, est-ce par hasard que tu es devenu agriculteur?
    Pour être honnête, ce n’était pas une carrière sur la ferme de mon grand-père que j’avais en tête à la fin de mes études! J’ai fait un DEP pour devenir opérateur de machinerie lourde dans l’optique de travailler dans la construction, mais il n’y avait malheureusement pas de travail dans ce domaine. Je me suis finalement tourné vers la ferme. Je ne pensais pas aimer ça, mais finalement, j’adore ça. J’aime conduire les tracteurs, travailler avec les animaux, faire de la gestion, j’aime tout ce qui englobe la ferme. À terme, j’aimerais reprendre la ferme de mon grand-père avec deux de mes frères.

    Quelle est la réaction des gais quand tu leur parles de ton travail sur votre ferme de production de poulets de grain?
    Les gens sont étonnés, je me fais bombarder de questions. Je pense que c’est un sujet qui intéresse plusieurs personnes. Ça étonne les gens que je conduise des grosses machines (tracteur, moissonneuse-batteuse, etc.). Cependant, les gars sont plus intéressés par le milieu que surpris du fait qu’un gai en fasse partie!

    Robby Adam-Tellier et son tracteur

    Tu évolues dans un milieu assez macho depuis ta jeunesse… Qu’en est-il de ton coming out?
    J’ai commencé à m’affirmer lorsque j’avais 19 ans, quand j’ai rencontré mon premier copain. Avant cela, j’ai eu des blondes à l’époque et personne ne se posait de questions. Jusqu’à ce moment-là, je m’étais dit que je garderais cette réalité pour moi; ce milieu-là représentait pour moi un vrai obstacle à franchir. J’ai d’ailleurs eu peur de la réaction de mes parents qui sont habitués de rencontrer des gars hétéros, des «vrais gars». Quand ma première relation s’est officialisée, j’ai réalisé que je ne désirais pas me cacher; j’ai gardé le secret un mois pour finalement décider de vivre ma vie, heureux.

    Tu parlais de tes parents – quelle a été la réaction de ton entourage?
    Je considère que j’ai été chanceux avec mes parents, mais c’est certain que bien des gens du coin ne sont pas «pour» ça. J’ai entendu plusieurs fois des commentaires du genre «si mon fils est gai, je ne lui parlerai plus», une situation que je n’ai pas vécue avec mes parents. Ma mère est celle qui est plus ouverte, alors que ç’a été un peu plus difficile avec mon père, à qui je l’ai annoncé un peu plus tard, de crainte de sa réaction. Finalement, ça s’est mieux passé que je l’aurais cru, même chose pour mes frères qui m’ont simplement donné une tape sur
    l’épaule en me disant que si j’étais heureux, ils l’étaient aussi. À la ferme, j’en ai parlé et c’est bien accepté aussi. Cependant, je ne suis pas du genre à faire exprès de m’afficher, mais si on me pose la question, je vais répondre la vérité.

    Robby Adam-Tellier et son conjoint Jimmy

    Tu vis dans un village, en banlieue de la banlieue. As-tu senti l’appel de Montréal?
    Pour le travail, je préfère rester ici. J’aime trop mon travail pour lâcher ça et aller ailleurs. Je suis manuel, je ne pourrais jamais travailler dans un bureau! Cependant, c’est certain que j’aurais aimé vivre l’expérience d’aller vivre à Montréal pour savoir ce que c’est, vivre mes trips. Ce n’est plus vraiment possible, je me suis acheté une maison! Cela dit, lorsque je sors, j’aime bien me rendre dans le Village plutôt qu’à Joliette.

    Peux-tu nous glisser quelques mots sur ton copain, Jimmy?
    Nous sommes ensemble depuis un peu plus de 6 mois. Il vit avec moi ici et va étudier prochainement pour devenir entrepreneur général spécialisé. Il est moins du type manuel que moi – il est plutôt du côté de la gestion. Je l’ai rencontré sur Tinder… Dans mon cas, je fonctionne beaucoup avec les réseaux sociaux pour rencontrer, c’est plus simple de se reconnaître entre nous. Je ne suis pas certain que j’aurais pu savoir qu’il était gai si je l’avais rencontré dans un bar!

    — par Olivier Gagnon

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