Avec un corps d’athlète, une gueule carrée et des abdos découpés Laith de la Cruz a un charme indéniable. Au-delà du physique (et quel physique!), Laith dégage tout le charisme et la confiance qui sont à la base de la résilience des personnes trans: il s’aime tel qu’il est.
Après deux ans d’hormonothérapie, il a subi l’ensemble des interventions chirurgicales en 2015 , puis a été recruté par l’agence Slay Models, la première agence à compter uniquement des trans parmi son portfolio. Pour ses débuts comme mannequin, Laith de la Cruza a posé devant l’objectif de nul autre que Bruce Weber pour la campagne de Barney’s et a défilé pour Gypsy Sport à New York. Inutile de dire que Laith a embrasé la toile en quelques semaines. Alors qu’il participait à la Pride d’Ottawa, en août dernier, à titre de coprésident d’honneur, FUGUES en a profité pour lui poser quelques questions. Rencontre avec un militant qui s’ignore…
Au cours de la dernière année et demie, les droits et les réalités trans ont été mis de l’avant dans les médias. Comment réagis-tu à cela?
Il s’agit d’un grand pas en avant. Plus de visibilité ne peut être que bénéfique pour tous les membres de la communauté. Il y a dix ans, les gens ne savaient même pas les personnes transgenres existaient. Nous pouvons maintenant prendre la parole au sujet des problèmes auxquels la communauté trans est confrontée, et utiliser ces opportunités pour engendrer un changement positif, simplement en racontant nos histoires et en vivant notre vie.
Quels sont les prochains défis pour la communauté trans?
Il n’y a pas de «prochains défis », il n’y a que des défis tout court. La communauté trans est confrontée aux mêmes problèmes qu’elle a toujours rencontré. Ce peu de discussion et de visibilité des derniers mois, n’a rien réglé. On compte, parmi nos défis, l’absence de droits, le nombre d’arrestations disproportionné pour des trans qui marchent tout simplement dans la rue en étant eux-mêmes, des mauvaises conceptions de ce que signifie être une personne trans, le manque de soins de santé de qualité, le fait que l’on nous considère comme des sous-hommes (ou des sous-femmes), l’idée que notre existence ne se limite qu’à des organes génitaux, et la liste continue…
À part toi, on ne compte à ce jour que quelques mannequins transgenres hommes. Quelle est la réaction habituelle lorsque tu travailles avec d’autres personnes de l’industrie?
À date, dans le cadre de mon travail, je n’ai pas eu de réactions. D’ailleurs, pourquoi serait-ce différent? Être modèle, ça demeure un travail. Lorsque tu te présentes à un casting, soit tu es ce que les clients recherchent, soit tu ne l’es pas. Si tu corresponds aux vêtements et la marque qu’on te demande de représenter, il n’y a pas de différence. Il en revient à l’industrie d’arrêter de craindre de travailler avec les personnes ouvertement trans, comme ils l’ont craint pendant des décennies. Que je sois transgenre ne veut rien dire… Cela dit, chaque occasion qui se présente pour moi de travailler est cependant très appréciée!
Laith de la Cruz Laith de la Cruz – Fugues Octobre 2016 Laith de la Cruz
Comment est-ce que tu t’entraînes pour avoir ce corps ?
Beaucoup de gens pensent que c’est la testostérone, mais si c’était le cas, tous ceux qui en prennent seraient fit.. Je suis un athlète depuis mon plus jeune âge. C’est ce qui m’a donné la carapace pour avoir le corps que j’ai aujourd’hui. J’étais boxeur quand j’étais ado, et mon père m’a poussé dans mes retranchements pour chaque sport que j’ai pratiqué. Aujourd’hui, je m’entraîne 4 à 5 fois par semaine, incluant du cardio 3 à 4 fois et du lever de poids chaque jour ou presque. J’essaie d’alterner les groupes musculaires à chaque entraînement.
Tu étais à la Pride d’Ottawa il y a quelques semaines. Te considères-tu comme un militant pour la cause trans?
On m’a invité à y participer à titre de coprésident d’honneur. Je savais que ce serait une grande expérience, J’ai donc accepté l’invitation. Cependant, je ne me considère pas comme un militant. J’ai évidemment une opinion sur différentes questions, mais je ne considère pas que c’est mon travail de les exprimer. J’ai des amis proches qui sont des militants et qui font ça très bien. Cela dit, je partage toujours ce qu’ils ont à dire. Il est extrêmement important que ces personnes soient entendues. Elles sont à l’avant-garde d’un mouvement. Le sujet est, en ce moment, encore de l’ordre du sensationnalisme, mais j’ai espoir qu’une fois que ça ne sera plus dans l’air du temps, les gens écouteront encore réellement.
Dans quels projets pourrons-nous te surveiller au cours des prochains mois?
Je serai la vedette d’une série documentaire cet automne (Strut, produit par Whoopi Goldberg, sur les ondes de la chaine Oxygen). J’espère que cela m’ouvrir de nouvelles portes dans ma carrière de mannequin, et pourquoi pas des rôles au cinéma!
ET EN BREF…
Trois mots pour te décrire ?
Sensible, fort et sexy (parfois !)
Ton secret de beauté ?
Boire beaucoup d’eau et s’hydrater, s’hydrater et encore s’hydrater.

La partie de ton corps que tu préfères et celle que tu aimes le moins ?
J’aime beaucoup mes lèvres et il y a des jours où je n’aime pas mon nez. J’ai bien conscience qu’on a tous quelque chose qui nous déplaît.
Qu’est-ce qui rend quelqu’un de sexy tes yeux ?
La confiance en soi, avoir les pieds sur terre. Bien sûr un beau visage et un corps en forme ne fait pas de mal non plus…
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SLAY MODELS www.slaymodels.com
— Rédaction par Olivier Gagnon