Premier député fédéral à faire publiquement sa sortie du placard en 1988, Svend Robinson a été longtemps, avec Réal Ménard, le second député gai à le dire ouvertement, en plus d’être porteur des dossiers LGBTQ+ à la Chambre des communes. Très sensible à la question des droits de la personne, il a défendu pendant des années le droit de mourir dans la dignité. S’il s’est éloigné de tout mandat électif, l’ex-député néo-démocrate de Burnaby-Douglas (CB) pendant 25 ans n’en reste pas moins engagé politiquement apportant sa contribution dès qu’il le peut. Comme lors de la Conférence LGBTTQIA2S durant Fierté Montréal du 15 au 18 août dernier.
Vous n’avez en fait pas vraiment pris de retraite de la vie politique?
Svend Robinson. Toute ma vie je resterai un politicien, pas au sens ‘’élu’’ du terme mais au sens de mon engagement. Maintenant il y a une nouvelle génération de politiciens en Colombie-Britannique, nous avons un gouvernement plus progressiste qu’avant. Je ne ressens plus le besoin de briguer un nouveau mandat. Mais tant que j’aurai la force et que je pourrai le faire, je vais continuer de lutter pour les droits.
Que pensez-vous des déclarations du premier ministre Justin Trudeau sur la scène internationale appelant ses interlocuteurs à se préoccuper du sort des minorités sexuelles dans leur pays ?
Les discours c’est bien, et cela donne une bonne visibilité à la question des minorité sexuelles. Mais il faut que le gouvernement canadien octroie les ressources nécessaires pour appuyer les groupes LGBTQ+ émergents dans les pays où ils sont encore très fragiles . Le gouvernement doit les appuyer et les financer mais il faut le faire en les écoutant pour connaître leurs réalités, déterminer avec eux les priorités et définir avec eux aussi les stratégies qui seront le plus efficace pour un changement à venir dans ces pays. Si l’on prend l’exemple de ce qui se passe en Tchétchénie, le Canada a fait un effort, certainement de manière discrète, mais il fait des efforts selon ce que me disent les groupes avec lesquels je suis en contact. Mais il faudra voir ce qu’il fera dans le futur sur cette question comme bien d’autres. De plus, il faut que le gouvernement sur ces questions de solidarité et d’entraide avec des groupes LGBTQ+ à travers le monde, collabore et finance avec les organismes au Canada qui oeuvrent avec ces groupes à l’étranger.
Justin Trudeau a nommé en la personne de Randy Boissonnault, un premier conseiller spécial sur les questions LGBTQ+, qu’en pensez-vous ?
On ne peut que s’en féliciter. C’est un pas en avant qui a son importance parce que c’est la première fois qu’il y a une telle nomination, donc une reconnaissance des minorités sexuelles. Encore là, il faudra voir ce que cela donnera concrètement. Il faudra voir quels gestes seront posés.
Le gouvernement va présenter des excuses officielles à celles et ceux qui ont été renvoyées des Forces armées ou d’autres corps d’administration en raison de leur orientation sexuelle et/ou leur identité de genre, c’est aussi une bonne nouvelle ?
On attend qu’il présente ses excuses depuis un an et demi, c’est trop long et inacceptable ce délai. Il y a des gens qui avaient une trentaine d’années lorsque cela s’est produit, ils ont aujourd’hui soixante ans, voir plus. C’est le temps plus que jamais de le faire. Il faut agir et pas seulement se contenter de rappeler tout le temps qu’on va le faire.
— par Denis-Daniel Boullé et André-Constantin Passiour