«Moi, Marie-Josephte Corriveau, j’ai toujours voulu tout, et tout m’est arrivé». Cette supplique résume bien le destin de celle que l’on a surnommée La Corriveau, une femme accusée par son propre père d’avoir tué son second époux et qui fut condamné à être pendue et à ce que sa dépouille se balance dans une cage de fer jusqu’à ce qu’elle ne soit plus que pourriture.
Après L’autre ciel et Nous aurons vécu nous non plus, David Ménard s’attaque à un sujet difficile, en particulier dans le contexte d’un conte poétique: celui d’un meurtre calculateur et de la femme qui l’a fomenté. C’est du moins la version qui court encore trop souvent dans la culture populaire qui, au fil du temps, a transformé Marie-Josephte en véritable sorcière.
La réalité est cependant autrement plus complexe et l’auteur s’est attaché à présenter une vision personnelle et extrêmement intimiste du destin de celle-ci, s’attardant aux tourments de son âme ainsi qu’à une humanité trempée de lucidité dont elle fait preuve même au pied de l’échafaud.
Un parcourt à la fois douloureux et percutant qui saura en toucher plusieurs.
«Le bourreau rôde près de ma cellule, bientôt l’heure sonne / aujourd’hui, que penses-tu des étoiles que tu as tracées dans la marge? / et de toutes celles que tu n’as pas osé griffonner?»
Poupée de rouille: poésie / David Ménard. L’Interligne (2018, 141p.)