Samedi, 15 mars 2025
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    Anne Vivien, membre du jury Phénicia : toute feu, toute flamme

    Une femme assumée qui ne s’en laisse pas conter, mais laisse une belle place à l’originalité. Ainsi pourrait-on définir Anne Vivien. Vice-présidente exécutive Développement et musique depuis février 2017, Anne Vivien assume la responsabilité de Musicor et de Distribution Sélect, dans le groupe Québecor. Une des rares femmes de têtes, homosexuelle de surcroit, dans les instances décisionnelles d’une grande entreprise au Québec.

    Anne Vivien se soucie peu de ce que les autres pensent d’elle: «j’admets avoir du tempérament. Je me fous du regard des autres et je me fous de savoir avec qui tu vis; si c’est une ou un. Je m’intéresse aux autres mais pour ce qu’ils sont au plus profond d’eux-mêmes, pas ce qu’ils montrent. Je ne redoute jamais de dire qui je suis mais tout en attachant de l’importance à protéger ma part d’intimité et de vie privée.» Anne vit en couple depuis 14 ans avec Kristina, qui a porté leur enfant… et n’en dira pas plus !

    «C’est vrai que le fait d’être queer ajoutée à la difficulté d’être une femme dans un milieu d’hommes, ce n’est pas toujours évident», pense Anne Vivien. «Mais je sais que je suis chanceuse, car à Québécor, beaucoup de femmes occupent déjà des postes décisionnels. Et l’entreprise avance peu à peu dans ses politiques d’inclusion de la différence autant à l’interne qu’en externe.»

    De 1994 à 1996, Anne Vivien a dirigé la radio communautaire CIBL. Puis elle a rejoint BMG Canada comme directrice artistique Artistes et Développement jusqu’en 2004. Elle a également été directrice du label Musicor de 2004 à 2009. Enfin, elle a fondé sa propre compagnie de consultation et de management, Viktoria Music, où elle s’est notamment occupée de la carrière de Florence K. Elle a par ailleurs contribué au succès de nombreux artistes (Andrée Watters, Marie Élaine Thibert, Marie Mai, Marie-Ève Janvier et Jean-François Breau, Yoan, etc.).

    Punk et flamboyante

    Anne est titulaire d’un baccalauréat en économie internationale. Comment passe-t-on de l’économie internationale à la musique? «Ma mère me voyait étudier le Droit et j’ai toujours été une bonne élève. Mais à 16 ans je jouais de la musique dans un groupe et à 17 ans j’étais une artiste… un peu punk», raconte-elle. «J’ai rencontré les équipes de production de Starmania au Théâtre Mogador à Paris; Ce fut mon premier contact avec les artistes québécois.»

    «Pour moi, à l’époque être gaie, c’était être flamboyante et non conventionnelle ! J’ai connu la grande période des boîtes de nuit parisiennes comme le Palace ou les Bains-Douches, la mode éclatée de Jean-Paul Gaultier, Indochine et le look androgyne des années 80, les premiers Sidaction». Anne fait une pause… et ajoute lentement «tous mes amis garçons qui auraient aujourd’hui 50 à 55 ans sont morts du sida…»

    «Cette catastrophe a bousculé nos repères dans la communauté et j’ai remarqué une différence notable entre la communauté LGBT des années 80 en France où l’exception de notre rapport au monde devait être la norme, et la communauté LGBT en Amérique du Nord où tout est fait pour que l’on considère les LGBT comme monsieur et madame Tout-le-monde.»

    Au Québec par amour

    Née à Grasse, sur la Côte d’Azur, Anne est venue s’installer au Québec entre 1987 et 1989, «une installation définitive par amour», sourit-elle. «Mais arrivée ici, je ne savais pas trop où tout cela allait m’amener. Mes contacts en musique m’ont peu à peu dirigée vers différents projets et postes et, de fil en aiguille, j’ai rejoint la famille Québécor.»

    «Comment ai-je su que j’étais gaie? Sérieux, je pense qu’on devrait arrêter de poser cette question. Est-ce qu’on la pose aux hétérosexuels? Quant à mon coming-out dans ma famille méditerranéenne au sang chaud, ça s’est réglé par une engueulade de 5 minutes et c’était fini! “Je t’aime! Ne m’énerve plus!”, m’a dit ma mère. J’ai eu la chance d’avoir une mère extrêmement aimante. 90% de ce que je suis me vient d’elle… J’ai 52 ans. Je suis émancipée et j’admets que j’ai eu un parcours peu conventionnel», reprend-elle dans un sourire.

    Chambre de commerce LGBT, Divers/Cité, Fierté Montréal, etc., Anne Vivien s’implique dans les activités de la communauté LGBTQ+ quand son emploi du temps lui en laisse la possibilité. Depuis deux éditions, elle est membre du Jury Phénicia.

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