Comme on l’a déjà vu dans des articles précédents, le Village a connu plusieurs phases de développement, de décroissance, de redynamisation, etc. Mais dans le cadre des 35 ans de Fugues, nous abordons cette fois-ci le Village sous un angle tout à fait inusité : celui des incendies. Par exemple, depuis le début des années 1900, sur le territoire qui est aujourd’hui le Village, sur la rue Sainte-Catherine Est, entre Berri et Papineau, il y a eu pas moins d’une centaine de feux, dont certains étaient majeurs. Depuis 1984, soit depuis la création de Fugues, on a recensé une vingtaine de brasiers majeurs, c’est-à-dire de 2 alarmes et plus.
«Depuis 1984, il y a eu dans le Village pas moins de 22 feux majeurs, de 2 alarmes et plus et ça c’est sans compter les incendies qu’il y a eu sur les autres rues du quartier durant la même période», explique Francis, membre du Service sécurité incendie de Montréal (SSIM) depuis l’âge de 23 ans. Pour le commun des mortels, le «2 alarmes» ou alertes, ne dit pas grand-chose, mais cela implique sur les lieux la présence d’une quarantaine de pompiers, tandis que le 5 alarmes «comprend au moins 150 pompiers avec des camions pompes et des véhicules de soutien, c’est donc considérable», d’ajouter Francis. On voit donc mieux à présent l’ampleur d’un sinistre.
Bien sûr, on ne parlera pas ici de tous les incendies !
En voici quelques-uns, les plus importants, classés par année.
1989
Le 21 août, vers les 4h, en pleine nuit, un incendie se propage au 1451, Sainte-Catherine Est, en face de la Station C. À l’époque, la drag Vicky Richard demeure au 2e étage de l’édifice. On doit appeler une 5e alarme. Vicky Richard perdra tout dans ce sinistre qui endommagera considérablement la bâtisse. Une soirée bénéfice sera d’ailleurs organisée au cabaret l’ENTRE-PEAU pour amasser des fonds afin d’aider Vicky Richard financièrement.
1993
Le Sauna St-Marc, au 1160, Sainte-Catherine Est, l’actuel GI Joe, est la proie des flammes. «Les pompiers doivent sortir en vitesse des hommes nus qui étaient dans l’établissement. C’est regrettable, mais certains se sont moqué de ces homme. C’était comme ça à l’époque», de dire Francis.
1996
Le 7 avril, la bâtisse du restaurant La Huerta, au 1355 (là où se trouvait avant le Bloc et l’ancien centre communautaire), prend en feu. L’incendie est majeur et on devra ensuite démolir. C’est maintenant l’édifice entre le café Second Cup et Armada par The Men’s Room, un building nouveau qui loge le restaurant Fantasie. Le 16 novembre, on enregistre un incendie de 2 alarmes au bar Katakombes (sous-sol) du fameux K.O.X. Heureusement, cet incendie est sans conséquences importantes autant pour les personnes que pour l’édifice.
1997
C’est le début de la belle saison et on est en train d’effectuer des rénovations dans la bâtisse du 1488, rue Sainte-Catherine Est. Des travaux de soudure mêlés à un bois très sec engendrent un incendie majeur de plusieurs alarmes. L’édifice qui est à l’angle d’Alexandre-de-Sève est en feu. Il sera détruit par la suite. Il faisait partie… Du Complexe Bourbon! Une nouvelle aile sera donc construite par Normand Chamberland, le propriétaire, et rajoutée au Bourbon, ça s’appellera le Café Européen.
1998
Le 25 janvier, le restaurant Crystal, à l’angle de Wolfe brûle comme un feu de paille. C’est un 5 alarmes, l’édifice doit être rasé. C’était pendant la «Crise du verglas» dans la région de Montréal. C’est aujourd’hui la Galerie Blanc, face au Cabaret Mado. Pour ceux qui s’en rappellent, le Crystal était le lieu de rendez-vous des fêtards après la fermeture des bars, afin d’aller y manger une poutine, un club sandwiche, etc. Jojo, une trans, vous y attendait avec tout un accueil ! Suite à l’incendie, cet endroit disparaît après plusieurs décennies….
1998
Le 7 avril, le bar Sécurité Maximum nécessite un 5 alarmes : c’est une perte totale de l’immeuble et sa démolition est effectuée dès le lendemain. Cet incendie avait détruit le Baskin-Robbins alors situé au coin de Saint-Hubert ainsi que des boutiques, dont Ernest, tandis que les autres commerces avaient été endommagés jusqu’au coin de Saint-Christophe. C’est pour cela que cet édifice qui fait face à la Place Dupuis, est de facture beaucoup plus neuve que les autres aux alentours.
2006
Le 28 avril, des travaux sur la toiture entraînent une conflagration au club Unity. Ce n’est pas long que pour que la bâtisse soit en feu. On déclenche un 5 alarmes. Les pompiers travaillent d’arrache pied pour éteindre le brasier et sauver l’édifice. L’intérieur du building est endommagé alors que le bar de danseurs au rez-de-chaussée, le Stock, subit d’importants dégâts d’eau et de fumée. On est à peine, à ce moment-là, à quelques mois de la tenue des Outgames mondiaux de Montréal qui attire des milliers d’athlètes et de touristes. Des rénovations en urgence font que tout rentre dans l’ordre et les deux clubs sont prêts à accueillir des visiteurs au mois d’août.
2008
Le 11 février, un brasier débute dans l’édifice à côté de la Bijouterie d’Épargne, sur Amherst. Mais bientôt l’incendie gagne les deux bâtisses. À 23h11, les locataires au-dessus doivent évacuer d’urgence puisque le feu est maintenant partout (entre autres au 1253, Amherst). L’incendie est majeur et finalement, les deux buildings doivent être démolis. C’est une perte totale. Encore aujourd’hui, le terrain est clôturé…
2008
Année dramatique pour l’afterhours Stéréo. D’abord, la nuit du 12 juin, un incendie se déclare dans les installations électriques et fait certains dommages. La police établit qu’il s’agit d’un incendie criminel. Puis, le 3 juillet vers 23h55, un feu plus important que le précédent vient encore déranger les activités du club. Cette fois-ci, une centaine de pompiers sont appelés et un large périmètre de sécurité est érigé. Les pompiers ont peur que l’incendie se propage à l’autre bâtisse adjacente (la Station des Sports). Finalement, encore là, l’enquête policière déterminera qu’il s’agissait d’un feu criminel. Finalement, le Stéréo rouvrira ses portes le 5 septembre 2009.
2014
Dans la nuit du 20 février, le club PURE, à l’angle de Saint-Timothée, s’embrase. On déclenchera plusieurs alertes et les flammes montent haut dans le ciel. Le restaurant du rez-de-chaussée, Pizza Pizza, subit d’importants dégâts de même que Chez Cora qui est adjacent. La rôtisserie Saint-Hubert, qui venait à peine d’être rénovée se voit affectée par la fumée. La police avait trouvé des accélérants dans le local du PURE, un club hip hop où des incidents impliquant des armes à feu avaient déjà été signalés par le passé. Après plus d’un an de travaux, Chez Cora rouvrira ses portes de même que le Pizza Pizza.