Mercredi, 27 mars 2024
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    Qu’est-ce que «l’optimisation des traitements»?

    Depuis 25 ans, les traitements pour le VIH se sont considérablement améliorés. Alors pourquoi voulons-nous les optimiser? Qu’est-ce qui fait que ces traitements ne sont pas aussi efficaces qu’ils le devraient? Qu’est-ce qui fait que certaines personnes ne sont pas adhérentes à 100%? C’est ce type de questions qu’on se pose en regard de l’évolution des traitements, surtout ici en Amérique du Nord et en Occident en général. Pour y voir plus clair, nous avons questionné Chris Lau, le directeur général de la Maison Plein Cœur puisque son emploi, pendant près de 5 ans maintenant, lui a permis de comprendre davantage certaines de ces raisons.


    L’optimisation du traitement du VIH s’inscrit dans les objectifs mondiaux 90-90-90 de l’ONUSIDA: au moins 90% des personnes qui connaissent leur séropositivité au VIH ont accès au traitement anti-VIH, et au moins 90% de celles qui ont accès au traitement maintiennent une charge virale indétectable. D’un angle clinique, l’optimisation du traitement du VIH consiste à s’assurer qu’il est efficace, fiable, toléré pour la personne qui le prend et facile à administrer. Cela augmente les probabilités qu’une personne vivant avec le VIH puisse supprimer sa charge virale et la maintenir sous contrôle, de préférence à un niveau indétectable. Une charge virale supprimée augmente la probabilité d’une bonne santé; une charge virale indétectable empêche qu’une personne vivant avec le VIH puisse transmettre le virus à quelqu’un d’autre. Cependant, les gens ne vivent pas dans des bulles hermétiques; nos comportements sont affectés par une complexité de facteurs externes. L’optimisation du traitement du VIH n’est donc pas qu’une simple question d’efficacité clinique des médicaments. Certains contextes et situations de vie peuvent également affecter considérablement la capacité d’une personne à optimiser son traitement.

    Quels sont les principaux éléments de cette optimisation ?
    J’aborderai plus le contexte canadien et québécois et non le contexte mondial, car les enjeux concernant l’optimisation des traitements du VIH peuvent différer d’une région du globe à une autre. Tel que mentionné, l’optimisation consiste à assurer l’efficacité, la sécurité,
    l’administration facile des traitements.

    Avoir des traitements qui sont efficaces.
    À ce jour, il existe plusieurs traitements hautement efficaces qui réussissent à prolonger
    l’espérance de vie des personnes vivant avec le VIH. Par contre, les risques de développer une résistance aux médicaments ou d’acquérir une souche du virus qui est déjà résistante à certains médicaments sont toujours possibles. De plus, plusieurs personnes peuvent toujours avoir des effets indésirables des médicaments, tel que la nausée, la diarrhée, une variation de poids, une redistribution des gras dans le corps, la fatigue, des changements menstruels, etc. Des effets plus sévères peuvent aussi se développer tels que des neuropathies et des risques de fractures, des troubles du système nerveux central et la dépression. De plus, les personnes prenant des médicaments pour d’autres conditions de santé risquent des interactions entre leurs différents médicaments.

    Augmenter la sécurité des traitements.
    En réduisant leur toxicité, nous augmenterons la probabilité de tolérance à ces médicaments. Même si les traitements d’aujourd’hui sont moins toxiques qu’auparavant, il y a encore des complications qui peuvent survenir, notamment des maladies cardiovasculaires et du foie , des troubles rénaux et métaboliques.

    Rendre encore plus facile la prise des médicaments.
    De nos jours, certains traitements peuvent impliquer moins de pilules à prendre par jour (il existe maintenant des traitements du VIH consistant uniquement à une pilule par jour) ainsi que des pilules plus petites qui sont plus facile à avaler. De plus, d’ici la fin 2020, le Canada sera le premier pays à rendre disponible un nouveau traitement par injection. Ceci consistera à une injection par mois pour remplacer la prise de pilules qui devrait améliorer significativement l’adhérence au traitement. Il restera à voir à quel point ce nouveau traitement sera rendu accessible à celles et ceux qui pourraient en bénéficier le plus, comme l’adhérence à l’injection à chaque mois sera critique. Manquer une dose d’injection par mois aura fort pro-bablement une conséquence plus importante que de manquer une dose de pilules un jour.

    Assurer des contextes de vie et environnementaux qui facilitent l’optimisation
    des traitements.

    Plusieurs situations de vie peuvent créer une instabilité ou une fragilité (physique, mentale, émotive, spirituelle, financière ou sociale) de la personne, peu importe son statut VIH, qui l’amènerait à ne pas prioriser la prise de ses médicaments. En voici quelques exemples:
    • l’impact de la discrimination et de la stigmatisation par rapport au statut VIH mais aussi par rapport à d’autres formes d’oppression, notamment le racisme, l’homophobie, la transphobie et le sexisme;
    • l’isolement social et le manque d’un réseau de soutien social;
    • la présence de conditions de santé mentale incluant la dépression et des troubles anxieux;
    • l’insécurité financière et la pauvreté;
    • l’insécurité au logement et l’itinérance;
    • la dépendance à l’alcool, à des substances illicites ou prescrites;
    • l’insécurité alimentaire et la malnutrition;
    • un manque d’accès aux soins et services de soutien;
    • la violence conjugale;
    • un manque d’accès au transport;
    • un manque d’accès à des services de garde pour les enfants.


    Il n’est pas difficile de reconnaître que si une personne est aux prises avec une ou plusieurs de ces situations , elle pourrait négliger sa propre santé. Ce sont des moments où des organismes communautaires de soutien auprès des personnes vivant avec le VIH comme Maison Plein Cœur, AIDS Community Care Montreal, GAP-VIES, Centre d’action sida Montréal pour femmes et des maisons d’hébergement VIH comme la Maison d’Hérelle, Maison du Parc et Sidalys entrent en jeu. Ces organismes ont pour mission de soutenir les personnes vivant avec le VIH afin qu’elles retrouvent une certaine stabilité dans leur vie. Nous le faisons avec l’objectif premier d’améliorer la santé et le bien-être de la personne. Il est clair que ceci contribue énormément à l’optimisation de leur traitement.


    Que peut faire une personne vivant avec le VIH pour optimiser les effets de ses traitements?
    Si vous êtes une personne vivant avec le VIH et que vous avez choisi de prendre des médicaments (ce qui est fortement recommandé, mais le choix final devrait vous revenir), il y a plusieurs actions que vous pouvez prendre pour optimiser votre traitement:


    Reconnaissez d’une manière holistique l’entièreté de votre être.
    Votre statut VIH n’est qu’une partie de votre réalité. Vous n’avez pas nécessairement besoin d’être défini par votre statut sérologique, à moins que vous le choisissiez.

    • Prenez soin de vous-même en votre entièreté.
    Évaluez régulièrement quels facteurs contextuels ou environnementaux affectent votre adhérence au traitement. N’hésitez pas à accéder à des ressources publiques, privées et, surtout, communautaires afin d’aborder les enjeux qui affectent la stabilité de votre vie.

    • Priorisez non seulement votre santé mais aussi celle des autres.
    Si cela vous donne une motivation additionnelle, optimisez votre traitement afin de protéger vos partenaires sexuels et votre communauté. La prévention de la transmission du VIH est une responsabilité partagée par toutes et tous, peu importe son statut VIH.

    • Trouvez un médecin qui vous place au centre de toute décision par rapport à votre santé et à votre traitement.
    Vous devrez pouvoir communiquer en toute honnêteté avec votre médecin et il ou elle devrait vous accorder le temps et l’attention nécessaire pour aborder toutes vos questions ou préoccupations.

    • Assurez-vous de bien comprendre l’importance et le fonctionnement général des traitements, mais aussi de leurs risques et effets indésirables.
    Engagez-vous à adhérer à votre traitement et à être honnête avec votre médecin par rapport aux obstacles que vous rencontrez.

    • Ayez un réseau de soutien social (ami.es, famille, autres proches) qui peut vous soutenir en situation d’instabilité.
    Vivre avec le VIH peut vous plonger dans l’isolement, si personne de votre entourage intime est au courant de votre statut sérologique. Si vous n’avez pas personne à qui vous confier, donc aucun soutien social à qui vous pouvez vous confier, il existe des organismes communautaires pour vous appuyer en toute confidentialité.

    ViiV


    Cette entrevue a été rendue possible grâce au soutien de VIIV Healthcare

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