Samedi, 2 novembre 2024
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    Vers une nouvelle orientation stratégique

    La pandémie de coronavirus n’a pas fait de mal qu’aux individus. Elle a aussi entraîné des désagréments et des baisses d’achalandage et de revenus pour les commerces et les artères commerciales. La rue Sainte-Catherine Est et le Village n’y échappent pas. Et il y a encore de l’incertitude concernant les bars si des éclosions majeures survenaient.

    L’absence d’événements et de festivals a marqué un tournant pour le Village qui, jusqu’à l’an dernier, pouvait compter sur les visiteurs et le tourisme international. Il faut donc un coup de barre salutaire et les responsables de la SDC s’attèlent à la tâche pour redresser la situation avant qu’il ne soit trop tard.

    Malgré tout, il y a des bonnes nouvelles! La piétonisation est prolongée jusqu’au 15 octobre inclusivement et la rue rouvrira à la circulation le 16 octobre.

    On a enregistré, cet été, un plus grand nombre d’inciv-ilités et d’incidents de toutes sortes allant des bagarres et des cris à du vandalisme aux terrasses et à la Galerie blanc.

    «On sait que l’itinérance est un enjeu majeur avec lequel il nous faut jongler puisqu’il nuit à la vitalité économique du Village. […] C’était la première fois qu’on enregistrait d’ailleurs un tel vandalisme à la Galerie blanc», de dire le directeur général de la Société de développement commercial (SDC) du Village, Yannick Brouillette. Par conséquent, une nouvelle table de concertation a été mise sur pied par la SDC et comprend, entre autres, l’arrondissement de Ville-Marie, les organismes communautaires (comme Spectre de rue) et le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). «Ce n’est pas évident de travailler sur les problématiques d’itinérance et de consommation, mais cela impacte le commerce, continue Yannick Brouillette. La table a déjà donné de bons résultats avec une meilleure présence policière. On a vu un changement, un impact certain sur les pro-blématiques et une diminution des incivilités.»

    Les dirigeants de la SDC sont en consultation avec la ville de Vancouver, qui a décidé que lorsqu’il s’agit de problématiques d’itinérance, de toxicomanie ou de santé mentale, de ne pas en référer à la police comme premier intervenant, mais plutôt à des intervenants sociocommunautaires. «Cet enjeu va toujours rester parce qu’il est majeur, mais, quand même, on désire agir là-dessus puisque cela a des effets sur la vie du quartier. Cela fait partie de notre plan d’action et on va continuer dans ce sens-là», affirme Yannick Brouillette.

    Comme on vous l’a déjà mentionné dans nos chroniques précédentes, la SDC avait commandé une étude ethnographique afin de mieux cerner la clientèle du secteur. Le rapport a été remis et il est costaud : plus de 400 pages et 50 recommandations!

    «Pendant plus de 13 ans, la SDC a offert un produit artistique avec un rayonnement international, explique le directeur général de la SDC. L’art est venu donner un visage au Village et les gens se sont ainsi réapproprié le Village. Cependant, à la lecture du rapport, on
    constate que l’art ne peut plus être le seul moteur de la vitalité économique du secteur. Le Village est vu aussi comme étant un lieu pour hommes blancs homosexuels et, donc, qui ne répond pas aux attentes de gens provenant de la diversité. Ce que ce rapport démontre est que la SDC doit prendre un chemin socioéconomique au cours des prochains mois, bien comprendre «qui» est le Village et comment faire pour inclure le plus de gens possible LGBTQ+. Nos actions seront orientées vers les résultats de ce rapport.»

    L’une est une conséquence de l’autre : le tourisme était attiré par l’art, par la fameuse «canopée» des boules multicolores de l’architecte paysagiste Claude Cormier et par cette ambiance festive de terrasses.

    Mais en raison de cette pandémie, pas de touristes ni de festivaliers puisque pas d’événements et que les frontières sont fermées. «Le tourisme faisait rouler l’économie du Village, mais le tourisme ne sera plus là encore pour un certain temps, donc la SDC va adapter sa stratégie touristique pour attirer des touristes canadiens et ce, en collaboration avec Tourisme Québec et Destination Canada», indique Yannick Brouillette.

    Au sujet de l’œuvre de Cormier, on peine encore à remplacer cette installation. Il y avait bien eu un concours international et le projet d’une firme montréalaise avait bel et bien été choisi. Mais voilà, la crise a frappé. «C’était un projet de 3 M$ et on n’a plus la capacité de trouver un tel financement en ce moment, précise Yannick Brouillette. On se questionne aussi à savoir comment on peut améliorer ce qui se passe au sol, l’art, le mobilier urbain, l’animation. On a vu comment Mont-Royal a attiré les gens cet été, mais cette artère-là n’a pas que des bars et des restaurants, il y a aussi des commerces de proximité. Si on désire attirer plus de clientèle LGBTQ+, si on veut servir la population qui va grandir au cours des prochaines années grâce à des projets comme ceux de Radio-Canada, le Bourbon, et le redéveloppement de l’ancien Cinéma Champlain, entre autres, il va nous falloir repenser toute la stratégie commerciale du Village au cours des cinq prochaines années.»

    «Donc, dans les stratégies de la SDC, pour la première fois, on a décidé de faire du démarchage, poursuit Yannick Brouillette. La prochaine étape est une étude offre/demande qui nous donnera les lignes directrices à suivre sur les manques dans le secteur. Selon les études, une artère en santé comprend 20% de bars et de restaurants. Sur Sainte-Catherine, le taux est de 52% ! Il faut donc travailler sur le milieu de vie et attirer des investisseurs et des commerces de proximité, cela va prendre du temps, ce n’est pas pour demain, mais c’est absolument nécessaire.»

    Quand on déambule dans le Village, on ne peut que remarquer les commerces à louer. Mais il y a moyen de faire du beau avec ça. Cet hiver, la SDC aimerait présenter aux passants un circuit artistique en proposant aux propriétaires commerciaux de transformer leurs vitrines en exposant des œuvres. Bien sûr, il faudra nettoyer, entretenir et améliorer les vitrines.

    «Nous travaillons avec notre partenaire ART SOUTERRAIN pour pouvoir créer un tel parcours original pour embellir les vitrines de commerces inoccupés dans le Village», dit Yannick Brouillette.

    «Sur la Promenade Ontario, il y a une librairie qui se spécialise dans la BD et uniquement de la BD. C’est original et cela attire les amateurs qui vont se promener sur cette artère et découvrir d’autres commerces. Il faut tendre à offrir quelque chose d’original aussi», de renchérir Gabrielle Rondy, la nouvelle directrice des communications de la SDC. «Il faut aussi amener les commerçants qui le veulent à se promouvoir en ligne et sur les réseaux sociaux et mieux améliorer le coaching numérique des marchands et encourager ceux qui le veulent à créer un site transactionnel, également.»

    «C’est le temps de la rétrospection, c’est le temps de se questionner sur ce qu’on veut de mieux pour le Village. C’est le temps de repenser notre planification stratégique pour les années à venir. On est en train de tout revoir en ce moment sur comment améliorer la situation du Village pour le rendre plus accueillant et plus ouvert envers tout le monde», de conclure le directeur général de Village Montréal, Yannick Brouillette.

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