Au début de la crise de la COVID-19, beaucoup de gens ont été obligé de se mettre sur pause. La fermeture des théâtres, des musées, des galeries d’art, des cinémas, des restaurants, des bars, et le report ou l’annulation des événements, a forcé une réflexion majeure chez beaucoup d’entre nous. La gestion de la pandémie a causé bien des problèmes. Certains ont dû quitter leur lieu de travail pour s’enfermer chez eux pour du télétravail. Pour d’autres la pause forcée a été synonyme de changement radical, ne serait-ce que pour une période temporaire.
Jusqu’en mars 2020, Réal était confortable dans son travail qu’il occupait depuis plus de 33 ans chez Fugues, mais sa vie comme celle de bien du monde a été bouleversé par la pandémie en un instant. La mise en pause des secteurs du divertissement, a provoqué une baisse drastique des ventes mettant en péril le magazine et forçant les employés à un chômage technique. Réal n’est pas du genre à s’apitoyer sur son sort et conscient qu’il y allait avoir peu de revenus pour une période indéterminée, il s’est déniché un emploi au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS), se gardant ses soirées et ses weekends pour faire du bénévolat avec le magazine dont l’existence est essentielle à ses yeux. Dans son «nouvel» emploi, Il s’occupe d’hygiène et de salubrité de locaux dans des Centres de Réadaptation en Dépendances ainsi que de Centre en Réadaptation Physique et est également envoyé de temps en temps en renfort dans d’autres établissements de style CHSLD. En temps de pandémie, c’est un job essentiel, puisqu’il faut constamment désinfecter les lieux de travail, pour prévenir les transmissions du virus.
Parle nous de ce que tu fais maintenant…
Je suis très fier et très motivé de pouvoir apporter une contribution dans ces établissements où les besoins sont nombreux. En quelque part ça tombait bien car avec moins de travail et de revenus au magazine je me devais de trouver un nouvel emploi. Le type de travail est très différent de ce que j’ai fait dans ma longue carrière au magazine. Et au fil du temps je réalise que je suis parfois nostalgique de «l’avant-pandémie», voire un peu triste. De rose, mon environnement de travail est devenu un peu gris. Je me lève maintenant à 4h du matin, alors qu’avant j’avais une certaine liberté à «paresser» un peu plus au lit! Mais on a tous à faire face à nos responsabilités et obligations et des comptes à payer! Je ne voulais pas dépendre de personne ou de l’aide gouvernementale pour survivre! Cette pandémie a fait disparaître une grande part «rose» de ma vie. L’esprit familial qu’on vivait au bureau a un peu disparu aussi avec le télétravail. Chacun est séparé des autres et se retrouve seul à la maison à part nos meeting virtuels et nos appels téléphoniques.
Comment as-tu vécu le premier confinement et le re-confinement?
Au début, du 1er confinement, je voyais ça comme de petites vacances. Je croyais que ce ne serait que pour une courte période. Comme plusieurs, je ne l’avais pas vu comme une situation qui allait s’étirer sur le long terme. J’ai surtout hâte — comme tout le monde d’ailleurs —, que tout reprenne pour avoir une vie sociale. L’été dernier, c’était déjà moins pire quand je pouvais voir du monde, j’allais au camping, c’était plus agréable. En ce moment, je travaille, je dors et ça s’arrête là! Lol! Un peu de télé pour me distraire, avant le dodo! Le travail au CIUSSS en plus le télétravail pour le magazine m’amène à faire beaucoup d’heures. Au moins, il y a mes petits chatons qui me procurent beaucoup de bonheur en ce moment!
Au niveau du télétravail je continue à avoir des contacts avec mes clients, à solliciter des entreprises et à faire de la comptabilité. Ça me procure de l’interaction avec des gens et je l’apprécie beaucoup. Sans oublier nos «zooms» hebdomadaires avec les membres de l’équipe qui font office de «5 è 7»! C’est vraiment agréable de pouvoir se voir de cette façon! Qui plus est, ça me permet de prendre un verre de rosé en bonne compagnie! C’est quand même moins intense qu’avant car je dois me consacrer à mon autre emploi aussi. Ce que je pensais être temporaire se prolonge… encore. Malheureusement, je ne pense pas que l’on pourra reprendre certains aspects de la vie d’avant à court terme.
Le fait d’accomplir de nouvelles tâches a été bénéfique pour ton moral ?
Certains jours, c’est d’une tristesse incroyable! Par contre, d’autres jours peuvent être plus valorisant! Lors d’assignation de travail à accomplir en CHSLD, les usagers peuvent tellement être adorables que ça me rend heureux! J’y retrouve justement ce côté humain si important pour moi. Je suis habitué à travailler avec une petite équipe où tout le monde se parle. J’ai hâte au jour où je pourrai revoir l’équipe du magazine en personne. On l’a fait quelques fois l’été dernier, à quelques reprises en petits groupes, mais nous sommes passés au virtuel avec le second confinement.
Nos discussions et échanges en personne me manquent. J’espère que nous pourrons prochainement renouer avec ces réunions hebdomadaires chez Yves, dont la maison est devenue un peu comme une sorte de «permanence», une sorte de point d’encrage pour l’équipe. Ce serait bien pour le moral de tous et chacun je crois, d’autant plus qu’il est encore difficile de s’imaginer à quoi l’avenir à plus long terme ressemblera.
Tu as quand même espoir en l’avenir?
En marchant dans le Village récemment je constatais la quantité de locaux vides ou barricadés (mais pour être juste, c’est aussi vrai ailleurs dans la ville). Cela m’a donné un coup, même si je sais que cette situation est temporaire. D’un autre côté, j’ai vu que le nouveau Bourbon est presque complété, j’ai trouvé ça très beau d’ailleurs.
Et il y a plusieurs autres projets immobiliers qui lèvent de terre présentement (comme l’Esplanade Cartier) ou le feront prochainement (comme les futurs redéveloppements des sites de Radio-Canada et de Molson). Sans compter les nouveaux commerces qui ouvrent dans le domaine de l’alimentation. Je suis d’avis que ça annonce une importante revitalisation du Village. Ça m’a redonné de l’espoir.
Alors OUI, je garde espoir que les choses vont s’améliorer. Et je sais que l’équipe est résiliente, et qu’avec mes collègues nous sommes capables encore de grandes choses.