Évoluant à TVA Sports depuis bientôt trois mois, Mélodie Daoust est l’une des rares femmes analystes de la LNH au Québec. Ce nouveau défi s’ajoute à sa préparation d’athlète en vue des Jeux olympiques de 2022, à son mandat d’instructrice-adjointe des Carabins de l’Université de Montréal et à son rôle de mère, aux côtés de sa conjointe.
Qu’est-ce que ça signifie pour toi d’être analyste de hockey?
Beaucoup de choses! On me donne une voix pour parler de ma passion. Malheureusement, il y a encore peu de femmes analystes dans les médias sportifs. Avant moi, il y a eu, entre autres, Danièle Sauvageau et Chantal Machabée. Ça me fait chaud au cœur de porter le flambeau pour donner l’opportunité à d’autres filles et d’autres femmes de rêver à ce poste.
Avais-tu beaucoup d’expérience en télé?
Zéro! Par contre, c’est une opportunité que j’avais envisagée dans le passé. Le monde des médias m’intéresse depuis longtemps. J’ai été invitée dans certaines émissions en tant qu’athlète pour parler de moi et de ma carrière, mais ce n’est pas la même chose. Maintenant, je dois apprendre quelles caméras regarder et bien faire mes devoirs. Je suis fan du Canadien depuis toujours, sauf que je dois désormais regarder tous les matchs et être à l’affût des nouvelles sur le hockey. Ça me permet d’en apprendre encore plus, et ça m’aide en tant que joueuse.
Quel est ton plus grand défi?
Trouver mes mots en français, alors que j’évolue dans un environnement très anglophone. J’ai étudié à l’Université McGill. Je joue au hockey avec des joueuses anglophones. Mes amies parlent constamment en anglais. Je dois donc faire la transition, mais c’est très important pour moi. Je suis fière d’être francophone.
Combien de temps investis-tu dans ton mandat à la télé?
Je fais beaucoup plus de préparation que de travail à la caméra. Pour une heure à l’émission de Dave Morissette, je me prépare durant quatre heures. Pour une capsule de cinq minutes avec Jean-Charles Lajoie, je prends deux heures. Donc, chaque semaine, je consacre entre 10 heures et 15 heures à TVA Sports.
Hors pandémie, tu entraînes l’équipe féminine de hockey des Carabins. Quel genre de coach es-tu?
Passionnée et à l’écoute des joueuses. J’essaie de transmettre ma passion et le désir de s’améliorer. Quand on m’a proposé d’enseigner le sport qui me passionne depuis l’âge de cinq ans, j’ai tout de suite accepté. En plus, j’ai étudié pour devenir enseignante en éducation physique, alors le coaching est similaire. J’aime l’idée de redonner. Et puisque je comprends exactement ce que les filles vivent, soit d’étudier en essayant de performer dans un sport d’élite, je pense qu’elles peuvent s’identifier à moi.
À quoi ressemble ta préparation en vue des JO d’hiver de Pékin en 2022?
Je suis relativement choyée à Montréal, car j’ai accès à l’Institut national du sport pour m’entraîner et au Centre 21.02 pour pratiquer sur glace. Ailleurs au pays, les filles de Calgary peuvent pratiquer en groupe olympique depuis moins d’un mois. À Toronto, elles peuvent être 10 sur glace avec leur coach. C’est très instable à travers le pays. Heureusement, les filles se donnent à fond pour s’améliorer malgré tout. En début d’année, lors de nos tests de condition physique, nous avons obtenu la moyenne la plus élevée depuis les débuts du programme olympique canadien en hockey féminin. C’est encourageant!
Comment concilies-tu tous ces projets avec ta famille?
Je suis vraiment chanceuse, car mon amoureuse Audrey travaille à partir de la maison. Si je ne peux pas aller chercher notre fils, Matéo, à la garderie, elle peut s’ajuster. Heureusement, avec mes horaires variables, on arrive à se séparer les journées. Je peux faire mes horaires avec TVA Sports et participer à des vidéoconférences.
En raison de la pandémie, les Carabins sont en pause. En général, je pense que Matéo, qui a deux ans et demi, commence à comprendre quand je pars. Lorsque je suis à l’extérieur, j’essaie de lui dire que maman fait ça pour l’amener aux Jeux olympiques. Je veux lui faire vivre mon rêve et qu’il comprenne c’est quoi une athlète olympique, en espérant qu’il trouve sa passion lui aussi.
En 2020, tu parlais publiquement de ton amoureuse pour la première fois. Qu’est-ce qui t’a donné cette envie?
Durant le Pride Month en juin, Hockey Canada m’a proposé de faire une entrevue là-dessus. Ça ne me dérangeait vraiment pas. C’est quelque chose de tellement normal. Si je peux inspirer certaines personnes à être plus confortables là-dedans, tant mieux. Il y a quelques années, je n’aurais peut-être pas osé, mais j’ai cheminé depuis et je crois que les mentalités des gens ont bougé aussi. Présentement, j’ai ma famille et je suis heureuse. Je suis flattée de savoir si je peux encourager les gens à s’ouvrir.
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