Monsoon s’ouvre sur un plan à vol d’oiseau, dévoilant des rues bondées d’une ville d’Asie au trafic chaotique. Ces scènes mettent la table pour l’histoire de Kit (dont Henry Golding propose une interprétation toute en nuances) qui revient au Vietnam environ trois décennies après le départ de sa famille du pays, quand il avait six ans. Kit arrive à Ho Chi Minh City avec l’intention d’y répandre les cendres de ses parents, mais sans savoir où.
Pour avoir de l’aide et trouver la réponse, il rend visite à son cousin éloigné Lee (David Tran), qui va faire office de guide dans le présent et le passé. La maitrise tranquille des choix du réalisateur pour montrer l’histoire du Vietnam se retrouve même quand Kit fait la rencontre sur Grindr de Lewis (Parker Sawyers), un créateur de mode qui lui explique qu’il a appelé sa marque Curb «parce qu’elle n’est pas straight». La réaction de Kit après avoir entendu cette remarque est inénarrable. Lewis est un Afroaméricain qui a son propre lien au pays, son père ayant combattu pendant la guerre du Vietnam. C’est à ce moment-là que la cadence tranquille du film se montre particulièrement efficace : elle fait office de contrepoint à la manière dont on dépeint d’habitude le pays dans les films – c’est-à-dire comme un endroit de mort et de destruction, même dans des classiques comme Apocalypse Now ou Platoon.
Ici, on a une réflexion et une prise de conscience sur l’Histoire d’un pays qui n’a ni commencé quand les Étatsuniens y sont arrivés, ni ne s’est terminée quand ils en sont repartis. Kit et Lewis essaient tous deux de comprendre leur propre passé et de surmonter leur sentiment de n’être nulle part à leur place.
Avec Monsoon, le réalisateur Hong Khaou démontre sans conteste sa maitrise de l’image, dans un film contemplatif où le traitement de l’homosexualité (à travers les aventures sans lendemain et les amitiés naissantes) se fait au gré de la quête identitaire et, symboliquement, de la mousson (en anglais «monsoon»), une saison propice aux changements atmosphériques, des pluies abondantes aux vents changeants. Monsoon ne sera pas du gout de tout le monde, parce qu’il tranche avec le style de montage et de rythme de la plupart des films actuels, mais pour ceux qui ont envie de se laisser porter par ce voyage intérieur et culturel, l’expérience sera très gratifiante.
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