Tranquillement, sans tambour ni trompette, la Maison Plein Cœur (MPC) a introduit un nouveau service à domicile pour aider les personnes vieillissantes vivant avec le VIH, de 55 ans et plus. Briser l’isolement est ici l’objectif primordial, mais elle souhaite aussi appuyer ces personnes dans leurs démarches administratives, les aider à trouver des ressources, à améliorer leur santé globale et générale.
« C’est plus difficile lorsqu’on est célibataire, on peut facilement devenir isolé, donc avec ce programme, on essaie de voir comment on peut aider ces gens-là, c’est une manière de les faire participer aux activités de la Maison. Moi, je n’en ai pas besoin, mais d’autres oui parce qu’ils sont en perte d’autonomie ou ont d’autres maladies aussi », dit Réal Magnan, travailleur social à la retraite et bénévole à MPC depuis 2008.
« Quand on est gai, on vieillit, on plait moins, on est moins attrayant pour les autres et cela devient plus difficile de nouer des relations », de poursuivre Réal Magnan. « C’est encore moins évident lorsqu’on est séropositif et qu’on est seul. »
M. Magnan fêtera ses 75 ans en septembre prochain. Il a souvent agi comme réceptionniste et animateur à la salle communautaire pour des jeux de société, en plus de participer aux nombreux soupers communautaires. « Lorsque j’ai pris ma retraite en 2007, j’avais le goût de faire quelque chose d’utile, de contribuer… Je suis donc bénévole durant six mois en automne et en hiver et, au printemps et à l’été, je suis au camping avec des amis, j’aime le plein air et la nature », dit-il.
« Lorsque certains arrivent à l’âge de 70 ou 75 ans, ils n’ont pas envie de déprimer, mais ils ont vécu les premiers traitements contre le sida, ils ont vécu aussi l’exclusion de leurs familles, leur réseau social a été perdu et ils se retrouvent parfois tout seuls », explique Isabelle Dicaire, intervenante à domicile à la Maison Plein Cœur. « Ils se retrouvent aussi parfois dans la précarité et la pauvreté. On veut donc prévenir la détérioration de la qualité de vie de ces gens-là. Ces hommes plus âgés ont de la richesse à transmettre à la jeunesse, des connaissances sur [la manière dont] ils sont passés à travers cette période difficile du sida. Donc, il faut les aider [d’où la mise sur pied de ce programme d’accompagnement à domicile]. »
Il est clair qu’un organisme communautaire comme la Maison Plein Cœur ne peut pas tout réaliser à lui seul. Mais on peut essayer de faire plusieurs pas dans la bonne direction pour que des gens sentent encore que leur santé mentale et physique est importante pour quelqu’un. « Ce que je désire faire est de tisser des liens avec ces personnes vieillissantes », ajoute Isabelle Dicaire. « Ont-[elles] besoin d’un logement social, ont-[elles] de la misère à remplir des formulaires de demandes, etc. ? Peut-être qu’aujourd’hui cet homme veut qu’on l’accompagne pour prendre une marche ? Certains affichent des problèmes cognitifs, donc comment peut-on améliorer leur vie? D’autres encore sont en quadriporteurs. S’ils ne sont plus capables de participer aux activités de la Maison et de se déplacer, on peut aller jusqu’à eux. Si la personne le désire, je me déplace chez elle ou je peux la rencontrer dans un café, par exemple. »
Améliorer la santé globale de ces personnes séropositives sur le plan social, physique, émotionnel, spirituel ; orienter et accompagner les personnes vers les ressources pouvant répondre à leurs besoins ; favoriser l’accès aux ressources et offrir de l’aide dans les démarches administratives plus complexes (formulaires, demande de pension de vieillesse, etc.) ; amener ces personnes à trouver un sens à leur vie et à leur contribution à la société ; ou encore, les soutenir pour traverser la maladie, le handicap et les aider à développer une autre attitude face au vieillissement. Ce ne sont là que quelques-unes des facettes de ce nouveau programme.
« J’ai vécu l’époque où ça tombait comme des mouches, j’ai perdu beaucoup d’amis à cause du sida », se remémore Réal Magnan qui vit avec le VIH depuis 31 ans. « Certains, se sachant atteints, ont été jusqu’au bout, mais on ne peut pas les juger. Il ne faut pas oublier la toute première mission de la Maison, qui était l’accompagnement vers la mort. Puis, les médicaments sont arrivés. Certains n’étaient pas très bons. Mais j’ai changé aussi mon style et mon rythme de vie. Aujourd’hui, je vis bien, mais d’autres n’ont pas cette chance-là et développent d’autres maladies et d’autres problématiques. Et ce sont ceux-là qu’il faut aider. C’est pourquoi j’avais discuté avec Isabelle [Dicaire] de [la façon dont] on peut venir en aide aux autres. Il faut faire connaitre les services de la Maison pour prendre soin des gens le plus […] possible. »
INFOS | Maison Plein Cœur, 514-597-2788 ou Isabelle Dicaire, 514-597-0554,
ou encore [email protected]