Un des chefs de l’opposition au Sénégal, Ousmane Sonko, a déclaré samedi 12 mars qu’une loi durcissant la répression de l’homosexualité serait une des premières qu’il ferait voter s’il était élu président.
Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019, a aussi exclu d’être jugé ou condamné dans l’affaire de viols présumés dans laquelle il a été inculpé en mars 2021 et dans laquelle il dénonce un « complot » pour torpiller sa candidature à la présidentielle de 2024.
« Si je suis élu président du Sénégal, la loi criminalisant l’homosexualité sera l’une des premières que je ferai voter », dit M. Sonko dans une série de tweets.
Il invoque la religion, mais « surtout un souci de préservation de notre humanité ».
Dans un pays musulman à 95 % et très pratiquant, l’homosexualité est largement considérée comme une déviance, et sa défense comme une entreprise de l’Occident pour imposer sa vision sociale. Les appels à en durcir la répression ont redoublé récemment dans un contexte électoral.
La loi punit déjà l’homosexualité d’une peine d’un à cinq ans de prison. Onze députés ont déposé une proposition de loi qui aurait puni l’homosexualité d’une peine de cinq à dix ans de prison. Elle a été rejetée début janvier par le Parlement qui a estimé la législation existante assez sévère.
La proposition rejetée était« mal écrite » et M. Sonko s’est dit prêt à contribuer à la rédaction d’une nouvelle.
En ce qui concerne ses ennuis judiciaires, « rien dans ce dossier ne saurait me faire condamner, parce que ce dossier est vide », dit-il. Ce « sinistre complot » ne peut s’achever que par « le non-lieu ou un classement sans suite « , ajoute-t-il.
M. Sonko est visé depuis février 2021 par la plainte d’une masseuse d’une vingtaine d’années qui l’accuse de l’avoir violée à plusieurs reprises dans un salon de beauté de Dakar. Il a été inculpé en mars 2021 pour viols et menaces de mort et placé sous contrôle judiciaire.
Son interpellation a déclenché les pires troubles qu’ait connus depuis des années ce pays réputé pour être un rare îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest. Au moins 13 personnes avaient été tuées.
L’opposition a réclamé justice à l’occasion du premier anniversaire des évènements. Cet anniversaire a aussi coïncidé avec la publication, dans le magazine Jeune Afrique, le quotidien Le Monde et sur Radio France Internationale, d’articles où s’exprime son accusatrice, Adji Sarr.
M. Sonko dément catégoriquement ces accusations et accuse les médias étrangers de se rendre « complices » du complot. Le gouvernement réfute toute instrumentalisation de la justice.