Lors du dernier recensement de la population mené en 2021, le Canada a laissé dans le questionnaire envoyé aux «enquêtés» le choix de se déclarer non-cisgenre, et donc non-binaire ou transgenre, permettant un état des lieux de la population dans sa diversité. Le Canada est le premier pays au monde à avoir effectué un recensement inclusif d’envergure nationale.
Les résultats, publiés ce mercredi 27 avril, révèlent que parmi 30.5 millions de Canadien·nes, moins de 0,33% se définissent comme trans ou non-binaires, soit 100 815 personnes en tout. Autrement dit, au moins une personne sur 300 âgée de 15 ans et plus se dit transgenre ou non binaire au Canada. Dans le détail, 41 355 ont répondu lors du recensement s’identifier comme non-binaires et 59 460 comme personnes trans dont une majorité (31 555) de femmes trans.
Avant le Recensement de 2021, certaines personnes avaient souligné le fait qu’elles étaient incapables de se reconnaître dans les deux catégories de réponses « masculin » et « féminin » offertes à la question sur le sexe dans le questionnaire du recensement.
À la suite de vastes consultations menées auprès de la population canadienne et d’activités de mobilisation à l’échelle nationale, le recensement a évolué — comme il le fait depuis plus d’un siècle — pour prendre en compte les changements sociétaux et inclure du nouveau contenu portant sur le genre en 2021.
À compter de 2021, une nouvelle question sur le genre a été ajoutée au questionnaire du recensement, de même que la précision « à la naissance » à la question sur le sexe. Par conséquent, la continuité chronologique des renseignements sur le sexe a été maintenue, tout en permettant à toutes les personnes cisgenres, transgenres et non binaires de déclarer leur genre. Ces modifications permettent de combler une importante lacune dans les renseignements sur la diversité de genre.
Pour de nombreuses personnes, leur genre correspond à leur sexe à la naissance (hommes cisgenres et femmes cisgenres). Pour certaines personnes, leur genre et leur sexe à la naissance ne correspondent pas (hommes transgenres et femmes transgenres) ou leur genre n’est exclusivement ni « homme » ni « femme » (personnes non binaires).
La force du recensement est de fournir des données fiables pour les collectivités locales partout au pays et pour les populations plus petites comme les populations transgenre ou non binaire. Statistique Canada diffuse des données détaillées, mais toujours en s’assurant de protéger la vie privée et la confidentialité des répondants.
Les jeunes moins cisgenre
Le dernier recensement montre que les disparités entre générations sont importantes, confirmant que les jeunes générations sont plus enclines à s’identifier comme trans ou non-binaires. Ainsi, les non-cis sont 0,51% parmi les millenials (nés entre 1981 et 1996) et 0,79% dans la génération Z (nés entre 1997 et 2006), soit presque sept fois plus que chez les baby-boomers (nés entre 1946 et 1965) avec 0,15%.
Territoires traditionnels d’émancipation pour les personnes LGBTQ+, les villes sont sans surprise les lieux où les trans et non-binaires se déclarent en plus grand nombre. En effet, plus de la moitié (52,7%) des répondants qui s’identifient comme non-cis se concentrent dans les six plus grandes villes du pays.
Toronto comprend à elle seule 15,3% de la communauté trans et non-binaire du pays, puis respectivement 11% et 10,8% pour Montréal et Vancouver.
La militante trans Fae Johnstone salue l’initiative des autorités : «Cela dit quelque chose lorsque notre gouvernement reconnaît l’existence de personnes trans qui ont toujours été tenues à l’écart de ces conversations et non comptabilisées». Cela permettra à ses yeux de «mieux comprendre comment nous pouvons concentrer les interventions et remédier aux inégalités en matière de santé vécues par les personnes trans à travers le pays».
L’acceptation et la compréhension de la diversité de genre et de la diversité sexuelle ont évolué au fil des années. De plus, une plus grande reconnaissance sociale et législative des personnes transgenres ou non binaires et des personnes LGBTQ2+ en général a été observée. Les jeunes générations peuvent se sentir plus à l’aise que les générations plus âgées de déclarer leur identité de genre. Au fur et à mesure que les personnes trans et non-binaires se sentiront plus l’aise d’aborder plus ouvertement la question, il est probable, que ces pourcentages augmentent encore lors des prochains recensements.
FAITS SAILLANTS
• En mai 2021, l’âge moyen de la population canadienne âgée de 15 ans et plus était de 48,0 ans. En comparaison, l’âge moyen de la population transgenre était de 39,4 ans et celui de la population non binaire, de 30,4 ans.
• Un peu moins de 1 jeune adulte sur 100 âgé de 20 à 24 ans était non binaire ou transgenre (0,85 %).
• La Nouvelle-Écosse (0,48 %), le Yukon (0,47 %) et la Colombie-Britannique (0,44 %) comptaient les proportions les plus élevées de personnes transgenres ou non binaires âgées de 15 ans et plus parmi les provinces et les territoires.
• Victoria (0,75 %) affichait la plus grande diversité de genre parmi les grands centres urbains canadiens, suivie d’Halifax (0,66 %) et de Fredericton (0,60 %).
• Un peu plus de la moitié des personnes non binaires âgées de 15 ans et plus (52,7 %) vivaient dans l’un des six plus grands centres urbains du Canada : Toronto (15,3 %), Montréal (11,0 %), Vancouver (10,8 %), Ottawa–Gatineau (5,6 %), Edmonton (5,4 %) et Calgary (4,5 %).
• Près de 1 personne non binaire sur 6 âgée de 15 ans et plus (15,5 %) vivait au cœur du centre-ville d’un grand centre urbain. Cette proportion était plus de deux fois supérieure à celle des personnes transgenres (7,0 %) et plus de trois fois supérieure à celle des personnes cisgenres (4,7 %).