La plus récente production d’animation Disney, Strange World (Avalonia : un monde étrange) présente un univers d’une grande richesse, tant au niveau visuel que dans une diversité de personnages encore jamais atteinte chez le studio aux grandes oreilles, notamment avec un premier protagoniste gai. Pourtant, on ne peut s’empêcher de ressentir un sentiment d’insatisfaction après en avoir complété le visionnement.
Tous les éléments sont pourtant réunis pour en assurer le succès. Ethan vit sur la planète Avalonia avec son père, Searcher, un agriculteur spécialisé dans la culture du pando, une plante qui produit l’énergie qui assure le développement technologique de la cité. C’est Searcher qui a découvert cette plante merveilleuse lors d’une expédition en compagnie de son propre père, Jaeger, qui de son côté, désirait seulement franchir les montagnes ceinturant la contrée. Suite à un conflit, les deux hommes se séparent et Jaeger disparait dans la nuit et la neige.
Ethan ne sait comment avouer son désintérêt pour l’agriculture ou déclarer sa flamme à son meilleur ami. Un problème affectant la survie de toutes les cultures de pando amènera cependant bientôt père et fils à se joindre à une expédition qui doit franchir les montagnes (et faire office de voyage initiatique pour le jeune Ethan). Un monde fantastique et étrange les attend au tournant!
Problèmes intergénérationnels, recherche de soi, relations amoureuses conflictuelles, survie d’un royaume fantastique : tous les ingrédients sont présents et habilement combinés dans un film qui empruntent tout autant du Voyage au centre de la Terre de Jules Vernes qu’au film de 1966 de Richard Fleischer Fantastic Voyage (Le voyage fantastique). Par ailleurs, la patine visuelle complètement déjantée du film n’est pas sans rappeler les délires surréalistes du peintre Joan Miró. Bref, un bel objet!

Pourtant, le film ne laisse que peu d’impressions, ce qui s’explique sans doute du fait qu’au-delà du dénouement d’un problème écologique, il ne présente pas une résolution émotionnelle satisfaisante des enjeux qui ont été posés, que ce soit au regard des relations père-fils que des velléités amoureuses d’Ethan. Pour information, la déclaration du jeune homme à son beau se déroule d’ailleurs hors caméra et à la fin du film, ce qui génère chez le spectateur un intérêt émotionnel qui avoisine le point de congélation.
Le film n’est pas inintéressant, mais ne laisse simplement que peu d’impressions. Qui sait, peut-être aurait-il fallu lui ajouter l’habituel carrousel de chansons? La chanson est bien évidemment un lieu commun dans les dessins d’animé de Disney, mais son intérêt est de mettre en place une pause qui permet aux personnages d’exprimer, sous forme poétique, les désirs, les angoisses et autres tourments de l’âme et de la communiquer au public. Et c’est sans doute ce qui manque un peu à ce film : un supplément d’âme.
Strange World (Avalonia : un monde étrange) est présenté sur Disney+ en anglais et dans un excellent doublage français réalisé au Québec.