La Cage aux folles est une pièce de théâtre française, devenue un film coproduit par la France et l’Italie, pour prendre ensuite les allures d’une comédie musicale américaine et faire l’objet d’une nouvelle adaptation cinématographique, en anglais. Sur sa chaine YouTube, Matt Baume nous présente l’envers du décor derrière les multiples déclinaisons de cette œuvre !
Présentée en 1973 au Théâtre du Palais-Royal (à Paris), la pièce de théâtre met en vedette Michel Serrault (dans le rôle d’Albin) et son auteur, Jean Poiret (dans le rôle de Georges). Elle s’inspire de la pièce de théâtre britannique Staircase (L’Escalier) du Britannique Charles Dyer. Jean Poiret est d’avis qu’il est possible d’aller plus loin que la prémisse proposée dans la pièce, mais le projet demeure lettre morte jusqu’au moment où on lui rappelle sa promesse de présenter une création au Palais-Royal. Le succès est immédiat et la pièce connait près de 2 000 représentations avant d’être transposée au cinéma, en 1978, sous la direction de Édouard Molinaro, avec Michel Serrault et Ugo Tognazzi dans les rôles-titres (coproduction oblige, Georges devient Renato).
Le film est même diffusé aux États-Unis et jusqu’en 1998, il détient un record d’assistance sur les écrans américains avec 8 137 200 entrées. Fasciné par la pièce et le film, le producteur américain Allan Carr confie un projet d’adaptation en comédie musicale à Jerry Herman et Harvey Fierstein et, contre toute attente, dans le contexte d’une Amérique emportée par la vague conservatrice des années 80, le succès est au rendez-vous. La comédie musicale donne également naissance à l’iconique chanson I Am What I Am, qui se voit pratiquement élevée au rang d’hymne revendicateur.
Fait intéressant, dans une entrevue au Rolling Stone (https://www.rollingstone.com/culture/culture-features/harvey-fierstein-torch-song-broadway-michael-urie-758676/), Harvey Fierstein révèle que le gag de la perruque retirée, intégré à la comédie musicale puis au remake subséquent du film, provient d’une anecdote vécue alors qu’il performait en drag à Montréal, dans les années 70. Il y avait alors, semble-t-il, une bligation pour les personnificateurs de retirer leur perruque en fin de spectacle pour ne pas « induire en erreur » les spectateurs et spectatrices quant à leur véritable identité sexuelle.
Comme l’acteur avait les cheveux longs et ne portait donc pas de perruque, il ne put honorer le règlement municipal et fut embêté par les policiers. Le succès de la pièce amène éventuellement la mise en chantier d’un remake américain du film français avec Nathan Lane et Robin Williams dans les rôles principaux. Sous le titre de Birdcage (La Cage de ma tante, au Québec), le film sort en 1996 et, aux États-Unis, se classe au neuvième rang des films les plus populaires de l’année avec 28 millions d’entrées.
Un succès qui sauve MGM de la faillite et génère la production de plusieurs autres comédies mettant en scène des personnages gais. L’histoire est évidemment beaucoup plus complexe que ce très succinct résumé et la vidéo de 55 minutes de Matt Baume nous entraine dans les méandres de la production souvent houleuse de toutes les variations de l’œuvre. La chaine YouTube de Matt Baume présente de nombreuses autres vidéos sur l’histoire de la présence queer dans les films et émissions de télévision, dont un fascinant portrait du film The Rope (La corde) d’Alfred Hitchcock .