Jeudi, 3 octobre 2024
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    Kevin Spacey, paria d’Hollywood jamais condamné

    Après un mois de procès à Londres, Kevin Spacey a été reconnu non coupable mercredi 26 juillet d’agressions sexuelles sur quatre hommes.

    Après une carrière foisonnante au théâtre et au cinéma, où ses personnages d’anti-héros lui ont valu deux Oscars, Kevin Spacey a été relégué à Hollywood au rang de persona non grata en raison d’une série d’accusations d’agressions sexuelles dont il est sorti blanchi. Sa nouvelle victoire judiciaire annonce-t-elle son retour sur les écrans ?

    Bâtie sur des rôles à contre-emploi – loser quadragénaire désirant une adolescente dans American Beauty, tueur en série psychopathe dans Seven, ou encore vilain de bande dessinée dans Superman Returns –, la carrière de l’acteur s’était arrêtée net fin 2017.

    La tête d’affiche de la série House of Cards compte alors parmi les premiers artistes emportés par la vague mondiale #MeToo. Dénoncé par plusieurs jeunes hommes avec des récits similaires, il avait malgré ses dénégations disparu des écrans et des planches.

    Depuis, ses apparitions publiques se résument à ses démêlés devant les tribunaux.

    Né en 1959 dans le New Jersey, Kevin Spacey a grandi en Californie. Brièvement scolarisé dans une école militaire, avant d’en être renvoyé, il grandit sous l’autorité d’un père qu’il a récemment décrit comme « néo-nazi » et « suprémaciste blanc » lors d’un procès à New York.

    Le paternel nourrissait une aversion envers les gays et n’appréciait pas la passion de son fils pour le théâtre, selon le comédien. Ce qui ne l’a pas empêché d’intégrer le prestigieux conservatoire Juilliard à New York en 1979.

    Noirceur humaine
    Sur les planches, l’acteur rencontre son premier succès en 1986 dans un classique du théâtre américain, Le Long Voyage vers la Nuit d’Eugene O’Neill. La même année, il fait sa première apparition au cinéma, avec un rôle mineur de chapardeur du métro dans La Brûlure.

    La noirceur humaine devient rapidement sa marque de fabrique. Producteur hollywoodien cynique dans Swimming with Sharks en 1994, Spacey obtient son premier Oscar l’année suivante pour un second rôle de mafieux mystérieux dans Usual Suspects.

    En 1995, il crève également l’écran en tueur en série fanatique, dans l’apocalyptique Seven de David Fincher. Avant d’atteindre la gloire en 1999 avec American Beauty, pour lequel il remporte l’Oscar du meilleur acteur, grâce à son personnage de quadragénaire frustré qui se rebelle contre la banalité de sa vie pavillonnaire et s’entiche d’une amie de sa fille.

    Au-delà d’Hollywood, l’acteur n’abandonne pas le théâtre.

    En 2003, il est nommé directeur artistique du Old Vic à Londres, établissement historique qu’il dirigera pendant plus de dix ans. Il y joue du Shakespeare et accueille des mises en scène modernes de grands classiques américains.

    Fantôme depuis #MeToo
    L’acteur a chuté au sommet de sa gloire, après cinq saisons passées à l’affiche de la série House of Cards, succès planétaire de Netflix où il campe un parlementaire américain sans foi ni loi, prêt à tout pour devenir président.

    En octobre 2017, trois semaines après la déferlante #MeToo déclenchée contre le producteur Harvey Weinstein, l’acteur Anthony Rapp explique avoir été agressé sexuellement à 14 ans par Kevin Spacey en 1986.

    La star présente immédiatement ses « plus sincères excuses » pour son « comportement (d’homme) ivre et profondément déplacé ». Un acte dicté selon lui par ses agents, qu’il regrette désormais.

    « J’ai appris la leçon, ne jamais s’excuser pour quelque chose qu’on n’a pas fait », a-t-il lâché en octobre lors de son procès civil à New York. Il a également nié avoir voulu faire diversion en révélant publiquement son homosexualité – un secret de polichinelle dans l’industrie – lors du scandale.

    Les accusations d’Anthony Rapp, rapidement suivies par d’autres allégations aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, ont poussé Hollywood à le reléguer au rang de fantôme.

    En deux mois, Kevin Spacey a été débarqué de House of Cards et effacé en urgence du film Tout l’argent du monde : toutes ses prises ont dû être rejouées par le Canadien Christopher Plummer.

    L’acteur n’a pourtant jamais été condamné. Le tribunal de New York l’a récemment déclaré non coupable, et les poursuites pour agression sexuelle sur un employé de bar de 18 ans dans le Massachusetts ont été abandonnées en 2019.

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