Créée au théâtre du Trident à Québec avant la pandémie, la pièce Les Plouffe arrive enfin à Montréal. L’occasion idéale de se replonger dans l’œuvre et l’univers de Roger Lemelin et de sa désormais célèbre famille Plouffe. Les Plouffe est d’abord un roman publié en 1948, qui devient rapidement un radio-roman puis le premier téléroman québécois dans les années 50 qui connaît un immense succès. Puis dans les années 80 deux cinéastes Denys Arcand et Gilles Carles réalisent deux films mettant en scène la famille Plouffe. Aujourd’hui, Isabelle Hubert en a fait l’adaptation pour le théâtre et Maryse Lapierre en signe la mise en scène.
Est-il besoin de rappeler qui sont les Plouffe ? Une famille de la classe ouvrière de la basse ville de Québec dans les années quarante, c’est-à-dire pendant la seconde guerre mondiale. Une fresque sur le vrai monde de l’époque, sur les aspirations de chacun des membres de cette famille, prise entre les carcans de l’époque et à la veille des transformations qui attendent le Québec. À travers l’œuvre de Roger Lemelin, c’est une page de l’histoire du Québec que l’on retrouvera sur la scène du théâtre Denise-Pelletier. Pour la metteure en scène, Maryse Lapierre, c’est avant tout une histoire humaine passionnante qui ne peut que toucher le cœur du public.
Pour l’adaptation théâtrale, l’auteure Isabelle Hubert est revenue aux sources comme le confirme Maryse Lapierre en entrevue. «Nous n’avons pas regardé le téléroman ou encore les films tirés de l’œuvre de Lemelin mais au roman directement, je dirai que 90% de l’adaptation est tirée du roman, puisque tout part du roman dans ce qui a été fait après».
Coïncidence mais Maryse Lapierre a grandi et vit dans le même quartier où l’auteur a situé cette famille dont le nom résonne dans la culture québécoise. «Roger Lemelin vivait dans ce quartier et s’est inspiré d’une famille qui a réellement existé et qui vivait près de chez lui, avance Maryse Lapierre, un quartier qui a changé mais que je connais bien».
Pour la metteure en scène, l’histoire de cette famille n’est pas si loin de nous et elle permet de voir l’évolution de la société. «À l’époque, le poids de la religion était très fort, les quartiers des grandes villes avaient gardé la mentalité des villages où tout le monde se connaissait, mais aussi se surveillait, commente Maryse Lapierre, et on retrouvait l’esprit de clocher. Donc, il faut imaginer la mère de enfants adultes qu’elle souhaite garder, elle qui a eu 22 grossesses et dont seulement quatre ont survécu, ou encore le scandale que peut être une femme, la fille Plouffe, qui a une relation avec un homme marié, et c’est ce qu’ont vécu nos parents et nos grands-parents pour beaucoup d’entre nous».
Avec les Plouffe, c’est aussi la parole donnée à une catégorie de la population dont la voix ne résonnait pas dans la littérature de l’époque, la voix de la classe ouvrière, et celle des femmes.
Adapter et mettre en scène une œuvre d’une telle envergure relève de tout un défi. «J’avoue que lorsque l’on m’a approchée pour mettre en scène Les Plouffe j’ai ressenti un énorme vertige, confie Maryse Lapierre, puisqu’il n’y a pas un personnage principal mais plusieurs, donc plusieurs trames narratives en parallèle, comme je dis souvent le personnage principal, c’est Les Plouffe, mais aussi il fallait recréer plusieurs lieux différents mais sans qu’il y ait des transitions trop lourdes donc d’avoir un espace malléable, un autre des défis de cette pièce».
À Québec, la pièce a connu un grand succès et nul doute qu’il en sera de même à Montréal puisque Les Plouffes font partie du patrimoine culturel québécois.
INFOS | Les Plouffe
du 27 septembre au 21 octobre 2023
au théâtre Denise-Pelletier
D’après l’oeuvre de Roger Lemelin
Adaptation théâtrale d’Isabelle Hubert
Mise en scène de Maryse Lapierre
Coproduction du théâtre Denise-Pelletier et du théâtre du Trident