Plus de 2 500 personnes se sont rassemblées à Paris (et 3 fois plus dans le reste de la France), selon le ministre de l’intérieur, pour lutter contre « l’offensive transphobe » en cours contre les droits des personnes trans.
Collectifs militants, élus de gauche, syndicalistes, jeunes : plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche en France où une cinquantaine de rassemblements étaient prévus pour dénoncer « l’offensive transphobe » en cours contre les droits des personnes trans.
À Paris, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées place de la République en début d’après-midi, selon les organisateurs. Le ministère de l’intérieur a totalisé 10 880 manifestants en France dont 2 500 à Paris.
« Anti-patriarcat, anti-capitaliste, solidarité avec les trans du monde entier ! », ont entonné des participants, tandis que des pancartes réclamaient « Des moyens dans la santé pour les transitions ».
D’autres rassemblements ont eu lieu au cours du week-end dans quarante-neuf villes de France, notamment à Lyon, à Marseille ou à Montpellier, mais aussi en Belgique, à Bruxelles et à Liège, selon les organisateurs.
A Montpellier, le rassemblement a réuni entre 550 personnes, selon les organisateurs, et 400, selon la préfecture. Sit-in, banderole « Riposte trans et féministe » et prises de parole ont ponctué la manifestation. Durant l’événement, deux personnes à proximité ont jeté de petites pierres sur quelques participants, a constaté une correspondante de l’Agence France-Presse (AFP).
« Voilà, c’est notre quotidien », s’énervent Elsa et Anaïs, deux organisatrices, qui préfèrent ne pas dévoiler leur nom de famille, par peur de représailles. « Aujourd’hui, il y a urgence à défendre les droits de tous, dans un contexte où des élus de droite et d’extrême droite attaquent les droits des personnes trans et divulguent de fausses informations sur les enfants en situation de transidentité », insistent-elles.
L’appel à la mobilisation avait été lancé par plus de 800 collectifs et personnalités (Annie Ernaux, Vanessa Springora, Act Up Paris, Planning familial…) dans une tribune publiée mardi par Politis. La France insoumise et le Parti socialiste avaient également appelé à rejoindre les rassemblements.
À ce jour, 1 900 personnes ont signé cet appel pour « répondre en urgence au climat atroce » qui pèse sur les personnes trans en France et dans d’autres pays, a précisé au cours d’une conférence de presse organisée en amont du rassemblement parisien Sasha Yaropolskaya, militante du collectif Du pain et des roses.
Dans leur collimateur et celui des manifestants, un rapport sur la transidentification des mineurs rédigé par le groupe Les Républicains au Sénat. Des associations voient dans ce texte, qui a débouché sur une proposition de loi qui sera examinée le 28 mai en séance publique, un retour des thérapies de conversion, ce que ses auteurs démentent.
Un rapport du Sénat jugé transphobe
Les associations dénoncent également la publication et la promotion du livre Transmania, qui se présente comme une « enquête sur les dérives de l’identité transgenre », et une proposition de loi de la députée Rassemblement national Joëlle Mélin visant à « protéger les mineurs contre certaines pratiques médicales et chirurgicales » en matière de transition de genre. Un « contexte réactionnaire », déplore Laura Menge, avocate et militante LGBT.
« Les messages des deux autrices [du livre Transmania] sont dangereux, on retrouve la rhétorique qu’on avait dans les années 1980 contre les homosexuels et qui revient aujourd’hui en force contre les personnes transgenres », dénonce Maxime Haes, porte-parole de Stop Homophobie.
L’opérateur JCDecaux a procédé au retrait des affiches qui faisaient la promotion du livre dans les rues de la capitale, interpellé par la Mairie de Paris, qui les jugeait contraires à sa charte de déontologie et a présenté ses excuses.
Une conférence en présence des deux autrices, qui se défendent de toute transphobie et dénoncent la « censure », est prévue pour lundi soir à l’université Panthéon-Assas à l’initiative du syndicat La Cocarde étudiante.
Malgré les appels à interdire l’événement, le président de l’université a dit à l’AFP avoir pris la décision de la maintenir « au nom de la liberté d’expression ». « Les universités sont avant tout des lieux de débat et de confrontation des idées, y compris quand les idées sont discutables, voire franchement contestables », a déclaré Stéphane Braconnier.
« La conférence sera filmée : si des propos transphobes, discriminatoires, homophobes devaient être tenus, je n’hésiterai pas une seule seconde à saisir le procureur de la République ou à engager des poursuites disciplinaires », a-t-il ajouté.