Dans le cadre de Fierté Montréal, si vous vous intéressez de près ou de loin à la cause LGBTQ+ dans le monde de la Francophonie, on vous propose une table ronde le mercredi 7 août, au Centre Phi : « Rôle du Canada et du Québec dans la promotion des droits humains des personnes LGBTQI à l’international ». Le tout est organisé par Égides, soit l’Alliance internationale francophone pour l’égalité et les diversités.
Même si le Canada et le Québec sont à l’avant-garde de la défense des droits, spécifiquement ceux des communautés LGBTQI, sur la scène internationale, on voit bien qu’il y a un net recul des droits de ces communautés un peu partout dans le monde. De plus, les fonds philanthropiques alloués à ces communautés ne suffisent pas pour aider les groupes LGBTQ+ dans la francophonie. Ce sera l’occasion de dévoiler les tout derniers résultats 2021-2022 du Global Philanthropy Project. Cette table ronde réunira des panélistes de type dignitaires politiques, des représentant.e.s de bailleurs de fonds internationaux et d’organismes, ainsi que des activistes LGBTQI. Le Canada et le Québec jouent un rôle moteur en ce qui a trait aux enjeux liés aux communautés LGBTQI, un rôle diplomatique de premier plan au sein de la francophonie, en plus d’être fortement engagé dans le financement accordé en soutien aux activistes LGBTQI. C’est ce qui sera discuté, entre autres, lors de ce panel.
Égides collabore ici avec le Réseau Dignité Canada (Réseau d’organisations canadiennes appuyant les droits des personnes LGBQTI dans le monde), de même qu’avec la Global Philanthropy Project (Réseau international de bailleurs de fonds et philanthropes en soutien des personnes LGBQTI dans le monde). Mais pourquoi une telle table ronde ? « Parce que nous voyons et constatons que les organismes LGBTQI sont sous-financés, et ce, partout dans le monde, y compris dans la francophonie, estime Michaël Arnaud, le directeur général d’Égides.Le constat est très sombre : moins de 1 % des financements globaux en philanthropie vont aux organismes LGBTQI. Et il y a une différence entre les
pays francophones et anglophones alors qu’on voit que, dans les pays francophones, les organisations LGBTQI sont moins financées. Nous faisons pression sur le gouvernement français aussi pour qu’il augmente son financement. Nous voulons obtenir l’engagement de continuer le financement destiné aux organisations LGBTQI dans la francophonie. »
« Pour 100 dollars US financés par une fondation, les communautés LGBTQI reçoivent moins de 39 cents. Les organisations LGBTQI sont les moins financées », ajoute Cyril Hamel, le responsable de la levée de fonds chez Égides. Attention aux lecteurs et lectrices, il va y voir ici une cascade de chiffres et c’est consternant de constater à quel point peu de subventions ou de dons sont réalisés pour le compte d’associations LGBTQ+. Ces chiffres proviennent d’une étude réalisée par le Global Philanthropy Project en 2024, avec la traduction de l’intégralité en français assurée par Égides.
Il y a eu un montant total de 905 millions de dollars US destinés au financement des communautés LGBTQI à l’échelle mondiale pour les années 2021-2022 :
• Augmentation de +57 % comparativement à la période 2019-2020 ;
• 1296 : nombre de fondations, ONG intermédiaires et entreprises donatrices ;
• 16 : nombre de gouvernements donateurs et agences multilatérales donatrices ;
• 20 108 : nombre de subventions ;
• 8033 : nombre de bénéficiaires ;
• Le Canada est le 3e gouvernement donateur le plus important au monde (1er francophone), après les Pays-Bas et les États-Unis ;
• Le budget des 3 organisations anti-LGBTQI parmi les plus importantes au monde était de
1 milliard de dollars US en 2021-2022 contre 908 millions pour l’ensemble de la communauté
LGBTQI à l’échelle mondiale (8033 bénéficiaires) ;
• Pour 100 dollars US financés par un gouvernement pour son aide au développement,
les communautés LGBTQI reçoivent moins de 4 cents.
Oui, vous avez bien lu ! « À l’échelle mondiale, on voit comment c’est très peu, c’est une goutte d’eau dans l’océan du financement international, poursuit Michaël Arnaud. À l’échelle, mondiale, les fondations financent le moins les communautés LGBTQ+.» « Malgré tout, ce rapport 2021-2022 est encourageant, parce qu’on voit une nette augmentation des dons, comparé à la période précédente », indique Cyril Hamel.
« On parle des enjeux LGBT au sein de l’ONU, on parle de ces enjeux aussi au sein du Commonwealth, mais moins au sein de la francophonie. Égides se mobilise pour avoir plus de visibilité afin que l’on discute plus de financement des communautés LGBT dans la francophonie », soutient Cyril Hamel. « En fait, on refuse de parler de l’égalité des genres à l’OIF (Organisation internationale de la francophonie), on parle plutôt de l’égalité homme-femme. On essaie d’interpeler l’OIF à ce sujet, mais il y a plusieurs pays qui ne veulent pas en entendre parler, il y a même des pays comme la Mauritanie où l’homosexualité est punie par la peine de mort », de renchérir Michaël Arnaud. On sait que plusieurs pays africains, y compris des pays d’Afrique francophone, pénalisent les communautés LGBTQ+. « Les
organisations LGBTQ+ sont plutôt jeunes, elles ont moins de cinq ans dans les pays d’Afrique francophone, c’est pourquoi elles ont besoin d’aide et de soutien », rajoute Michaël Arnaud. Bien sûr, les responsables d’Égides, comme dans d’autres organisations LGBTQ+, sont soucieux d’une certaine montée de la droite dans plusieurs régions du monde, y compris en Occident. Même au Canada, il se peut que le gouvernement Trudeau soit remplacé l’an prochain par les conservateurs de Pierre Poilièvre ! « Mais quelle que soit la couleur du gouvernement, on veut travailler ensemble, commente Michaël Arnaud. Au niveau canadien, ce n’est que 0,01 % des fonds qui sont dédiés à la promotion des droits LGBTQ+. Il faut rester prudent. » « Un des points forts de cette étude nous montre qu’on se doit d’être résilients face au choc des prochaines années lorsqu’on voit tout ce qui se passe sur la scène internationale », de terminer le directeur général d’Égides, Michaël Arnaud.
INFOS | La conférence se tiendra le mercredi 7 août, de 13 h 30 à 16 h 30, au Centre Phi, 315, rue Saint-Paul Ouest, Montréal. Conférence en français et en anglais, en langue des signes québécoise (LSQ) et en American Sign Language (ASL).
CRÉDIT PHOTO : Arbre à palabres organisé au Cameroun dans le cadre du projet Pour Moi, Pour Les Autres d’Égides sur la santé mentale et le bien-être des activistes LGBTQI. Ce projet a été réalisé dans le cadre du programme Agir ensemble pour l’Inclusion d’Equitas, un programme financé par Affaires Mondiales Canada. Crédit: Égides