On va me dire : mais qu’est-ce que l’Escouade du Village ? Créée par la Société de développement commerciale (SDC) du Village, cette escouade prend soin des plantations, des fleurs et des deux palmiers légués par le tournage américain. Elle les chouchoute et les arrose, et elle vient aussi en appui aux brigades de propreté de l’arrondissement de Ville-Marie, en ramassant les déchets dans l’espace public. L’escouade repeint les bacs à fleurs, de temps à autres, et redonne un petit coup de pinceau au ruban arc-en-ciel, lorsqu’il devient plus fade. Mise sur pied en collaboration avec la Maison du Père, pour soutenir la réinsertion sociale de certains participants, elle sert aussi à redonner confiance à des personnes qui résident dans le quartier. Cette escouade, en quelque sorte également, redonne un peu plus de fierté au Village par de petits gestes d’entretien, salués par la population locale, qui apprécie que l’on s’occupe de ces fleurs et plantes qui mettent plus de vie dans ce secteur fortement minéralisé.
«La genèse du projet était d’assurer une présence plus soutenue sur la rue, et qu’on puisse démontrer tous les jours qu’on en a de l’amour en masse pour le Village et qu’on s’en occupe, explique Gabrielle Rondy, la directrice générale de la SDC du Village. C’était aussi de veiller à embellir la piétonnisation par l’entretien des plantes, des fleurs, pour redonner une certaine fierté au Village, que les commerçant·e·s soient plus fier·ère·s du secteur. […] Donc, on a discuté avec la Maison du Père et on a mis en place le projet en quelques jours, avec des participants qui résident dans le Village. Le projet est encore plus puissant, parce que les participants veulent améliorer LEUR quartier. Parfois, on a l’impression qu’il faut des projets à grande échelle, alors qu’ici on a un petit projet qui fonctionne, avec des gens impliqués, qui ont du plaisir à travailler ensemble et qui deviennent de bons ambassadeur·rice·s pour le Village. »
«J’apprécie ce que je fais, car je suis un grand amateur de plantes, j’en ai beaucoup chez moi, j’aime en prendre soin», dit le grand René avec enthousiasme. «La job dans l’escouade m’a même donné envie d’aller travailler en horticulture. J’aime travailler dans le quartier, je vois beaucoup de monde et je sens que les gens apprécient mon travail. Certains me remercient même. C’est le fun !»
«Quand on m’a expliqué le projet, c’était pour moi l’opportunité de sortir de chez moi, de rencontrer du monde et de briser l’isolement dans lequel j’étais, d’ajouter Claude au regard vif. Il y avait aussi la possibilité pour moi de gagner un certain salaire pour me permettre de mieux vivre. J’ai bien ri lorsqu’on m’a dit de porter un chandail rose ! Je ne suis pas gai, mais j’ai vu très vite qu’ici cela semblait normal, que personne ne me montrait du doigt et j’ai beaucoup de fun avec les autres membres de l’équipe. Lorsque je sors le matin, je me promène sur la rue, je vois que les plantes progressent, je suis content et fier. Je vois aussi que les gens s’arrêtent, qu’ils me complimentent pour mon travail, c’est très valorisant.» «L’horaire aussi est très flexible et on a vraiment beaucoup de plaisir tout le monde ensemble, l’énergie passe bien entre nous dans l’équipe», de renchérir René.
«Pour moi, j’espère que le projet va être reconduit l’année prochaine. J’aimerais ça faire partie de l’équipe [pour 2025]», rajoute Claude après les propos de René.
Parmi l’équipe de superviseur·euse·s du projet, il y a Romain, qui est au Québec depuis 10 mois seulement et qui semble inébranlable dans son positivisme : «Je rencontre chaque jour des gens curieux du travail que l’on fait, c’est agréable d’être repérables avec notre t-shirt rose parce que les gens viennent nous voir, nous complimenter, etc. C’est incroyable, je suis ‘’boosté·e’’ maintenant pour des années ! Nous avons des retours très positifs de la part de la population, des visiteur·euse·s, des gens du coin. Les gens nous remercient de s’occuper des plantes. L’équipe est comme de petits rayons de soleil !» «Je sens qu’il y a une certaine énergie ici, de rajouter William, qui travaillait depuis trois ans à la boutique Armada, mais qui se cherchait un nouveau défi. On contribue, à notre petit niveau, à
l’esthétique du Village, à le rendre plus beau, ça aussi ça fait partie de la fierté du Village et c’est important.»
Dans cette discussion, il y avait beaucoup de rigolades autour de la table, on sent que l’énergie passe entre tout un chacun. Et parmi l’équipe de superviseur·euse·s du projet, on retrouve Sasha Baga ! Oui, oui, elle-même ! Après une pause d’un an, elle est de retour à la SDC. «Si je peux redonner à la communauté, si je peux faire quelque chose pour contribuer au Village, eh bien tant mieux, affirme-t-elle. J’ai beaucoup du plaisir avec le groupe.
C’est très intéressant de pouvoir contribuer à faire de la réinsertion sociale. Ça leur donne une poussée, c’est très gratifiant. On sait qu’ils ont vécu des situations difficiles dans leur vie, mais ici, par exemple pour René, il a peut-être l’opportunité de trouver une nouvelle vocation en jardinage ou en horticulture, cela lui ouvrira peut-être des portes».
«Le fait d’être à deux, c’est ça qui est agréable, dit Romain. On arrose ensemble les plantes, on s’en occupe, on fait du rempotage, C’est très plaisant et satisfaisant !»
«Je voulais travailler encore dans le Village, de continuer d’avoir ce sentiment d’appartenance. Ce que j’aime le plus, c’est qu’on travaille notre bronzage (rires) ! Non, c’est de rencontrer aussi les gens, je vois beaucoup de client·e·s d’Armada, qui me reconnaissent et jasent avec moi. Ce que j’aime de ce projet, c’est la diversité que l’on retrouve dans l’équipe et qui montre que le Village est inclusif, qu’il est ouvert. Je crois que c’est beaucoup plus profond que de s’occuper simplement des plantes. J’aime bien que le Village devienne plus inclusif, que les personnes trans, non binaires, soient plus incluses dans le Village » évoque William avec émotion.
«Le plus important pour moi, c’était de faire travailler des gens qui résident dans le quartier, cela fait partie de redonner de la fierté au Village parce qu’ils se sentent bien, ils sont là à chaque jour, ils sont visibles. Tout le monde les voit, les commerçant·e·s aussi apprécient leur présence, se familiarisent avec l’Escouade. On finit par établir un dialogue tout le monde ensemble. C’est ce qui fait la vitalité du Village », souligne Gabrielle Rondy. Ce projet a été rendu possible grâce au soutien financier de la Ville de Montréal et son programme de piétonnisation.