Forte d’une subvention de plusieurs centaines de milliers de dollars qui lui permettra de pérenniser les efforts déployés par son fondateur Denis-Martin Chabot et son équipe, Fierté littéraire prépare une multitude d’activités durant Fierté Montréal. On a fait le point avec D.-M. Chabot, qui se concentre désormais sur la direction artistique de l’événement pour son plus grand bonheur.
Le 1er août aura lieu la grande finale de Queer Académie qui permet à de jeunes plumes LGBTQ+ d’être guidées par des artistes d’expérience (Sylvie Payette, Jonathan Bécotte, Chris Bergeron et Leïla Sofiane) et de relever une multitude de défis. « Je suis la seule personne qui connaît l’identité des 24 personnes qui ont soumis leurs candidatures. Les textes ont été transmis aux mentors, qui en choisissent chacun.e une dizaine, dont leurs deux préférés.
À partir de ça, on a retenu les huit textes qui passent à la deuxième étape, en plus de quatre autres textes qui méritent d’être lus sur scène par une comédienne. Chaque mentor a deux jeunes plumes qu’iel rencontre en personne, en virtuel ou au téléphone. Il y a différents exercices à faire. Et à différentes étapes, on progresse jusqu’à la fin. » Le lendemain, la poétesse Pascale Cormier animera une nouvelle édition de la soirée Transpoésie avec Pascale Bérubé, Si Poirier et Sayaka Araniva-Yanez. « La soirée rencontre son public dans la salle et on diffuse sur YouTube depuis la pandémie. On continue de le faire, car cerrtaines personnes ne se déplaceraient pas pour assister aux événements de toute façon, soit en raison d’enjeux liés à la géographie ou à la mobilité, ou parce qu’iels ne se sentent pas en sécurité dans des lieux publics. »
Parlant du sentiment de sécurité, Fierté littéraire inaugure cette année le concept de l’Atelier littéraire bienveillant pour les personnes qui ne peuvent pas ou ne veulent pas participer à des événements grand public. « Il y a plusieurs années, on avait fait un concours littéraire en lisant les textes gagnants et en nommant les personnes sur YouTube, mais une personne n’avait pas annoncé à ses parents qu’elle était trans. Ça a forcé un coming out, qui a finalement mené à une suite positive, mais on ne voulait plus jamais faire ça. Maintenant, on précise aux gens que tous les événements sont publics, sauf ceux de l’Espace bienveillant. »
Au programme : ateliers, séminaires et conversations menés par Chantal Nadeau, Marie-Claude Joannis, Leïla Sofiane et Philippe-Aubert Côté. Non diffusées, ces activités permettront à une dizaine de personnes de tester leur matériel sans risque. La Diversité en toutes lettres revient pour une quatrième année à Fierté littéraire, avec Maguy Métellus à l’animation.
« C’est un concept que je trouve important. Plusieurs personnes issues des communautés racisées ne se sentent pas en sécurité dans les événements majoritairement blancs, alors on a choisi de faire un événement pour et par les personnes de la diversité culturelle. Ça attire beaucoup de monde ! »
Incontournable été après été, le Combat aux mots mettra aux prises quatre panélistes qui défendront une œuvre queer : Marie-Hélène Racine-Lacroix (Le Pacte de minuit de Chelsea Louise Polk), Luc Arsenault (Daddy de Antoine Charbonneau-Demers), Leïla Sofiane (Fif et sauvage de Shayne Michael) et Jordan Dupuis (Tableau final de l’amour de Larry Tremblay). « L’événement permet de faire parler de livres d’une autre façon et de faire découvrir des titres parfois moins connus. Chaque année, je trouve qu’on a de beaux échanges. Les gens sont capables de critiquer une œuvre sans la détruire. C’est un concept amusant, mais difficile à faire. Je serais incapable d’y participer moi-même. »
Dans le cadre des entrevues Des livres et des paillettes, la drag queen Jessie Précieuse rencontrera quatre plumes LGBTQ+ pour les mettre en lumière. Une sélection relativement complexe avec la multitude de plumes queers qui publient maintenant. « On a fait un appel à candidatures, car j’avais peur de manquer quelque chose d’important. On m’envoie plein de livres. J’en lis facilement 80 par année pour faire ce festival et pour préparer mon émission de radio, mais on avait de la place pour quatre artistes seulement. J’ai parlé avec Jessy Précieuse pour mettre en lumière une diversité parmi nos choix. »
Les journalistes qui ont accès au communiqué de presse des activités de Fierté littéraire ont pu lire un paragraphe défendant avec virulence Le grand effeuillage, une soirée durant laquelle les artistes livrent leurs textes sur scène en dévoilant totalement ou partiellement leur nudité. On a voulu savoir pourquoi présenter l’événement avec un ton si engagé. « J’ai toujours peur que les gens pensent qu’on veut juste se mettre tout nu.e.s sur une scène, alors que ça n’a absolument rien à voir.
On crée un espace bienveillant et sécuritaire. Je trouve que ce concept-là démolit des idées préconçues voulant que nudité égale sexualité. Et ce n’est pas tout le monde qui se déshabille complètement. On a décidé de donner une plateforme à ce genre de vulnérabilité. À travers les années, ça m’a permis de rencontrer des artistes incroyables. » Fierté littéraire sera également présente durant la Journée communautaire sur la Sainte-Catherine avec plusieurs plumes en dédicaces.
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