Jeudi, 12 décembre 2024
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    Des solutions pour un meilleur accès au dépistage du VIH

    En septembre 2024, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a publié l’édition 2022 de son « Programme de surveillance de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) au Québec ». Ce rapport révèle une hausse marquée des nouveaux diagnostics : 422 en 2022 contre 246 en 2021. Parmi ces nouveaux cas, 329 (78 %) concernent des personnes n’ayant jamais passé de tests de dépistage du VIH auparavant.

    Quelques chiffres
    Plus spécifiquement, chez les hommes (cis et trans) gais, bisexuels et chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes sans s’identifier comme gais ou bisexuels, on dénombre 161 nouveaux diagnostics de VIH en 2022 par rapport à 136 en 2021. Parmi ces nouveaux diagnostics, 98 (61 %) concernent des hommes n’ayant jamais passé de test de dépistage du VIH auparavant. On rapporte également qu’environ 70 hommes ont été diagnostiqués tardivement ; c’est-à-dire qu’au moment de recevoir leur résultat positif au VIH, leur décompte de CD4 — cellules du système immunitaire qui protègent contre les infections — était inférieur à 350 par mm3 de sang. Or un taux de CD4 si faible fait en sorte que le corps ne peut se défendre adéquatement, ouvrant ainsi la porte aux infections.

    Bonnes et moins bonnes nouvelles
    Lorsqu’on analyse ces chiffres, on peut se féliciter du fait que le nombre de nouveaux diagnostics au sein des populations d’hommes gais et bisexuels ait considérablement diminué au cours des années, passant de 228 nouveaux diagnostics en 2013 à 161 en 2022. L’accès à la PrEP et les multiples activités communautaires de sensibilisation, pour ne nommer que cela, ont probablement contribué à ce succès.

    Par contre, les nombres de diagnostics tardifs (n = 70) et de diagnostics concernant des hommes n’ayant jamais passé de tests de dépistage du VIH auparavant (n = 98) sont des statistiques moins reluisantes. Depuis des années, le milieu de lutte contre le VIH sensibilise le public à se faire dépister régulièrement. Plus spécifiquement, on recommande au moins un dépistage par année pour tous les hommes gais et bisexuels, et trois à quatre dépistages par année lorsqu’on est actif sexuellement et que l’on a plusieurs partenaires. Donc, constater qu’une centaine d’hommes ont reçu leur diagnostic lors de leur premier dépistage du VIH à vie ne peut que surprendre. Il en est de même pour les 70 hommes ayant reçu un diagnostic tardif. Comment se fait-il que malgré toute la sensibilisation offerte, des hommes gais et bisexuels soient dépistés sur le tard ?

    Barrières d’accès au dépistage du VIH
    L’une des hypothèses pouvant expliquer ce fait serait l’accès difficile au dépistage du VIH.
    Il est clair qu’au Québec, l’accès au dépistage du VIH est problématique et que l’on doit
    trouver des solutions pour éliminer les barrières qui nuisent à cet accès. Ces barrières sont :

    • L’offre de dépistage variable d’une région à l’autre.
    • Le nombre insuffisant de points de service de dépistage.
    • Le manque de personnel qui peut rendre inopérables des points de service.
    • Le fait que le dépistage n’est offert que dans le réseau de la santé.
    • Les horaires contraignants qui souvent obligent à manquer une journée de travail.
    • Les expériences ou craintes de préjugés et de discriminations dans le réseau de la santé (réceptionniste, médecin, infirmière, etc.).
    • Le fait de ne pas être couvert par la RAMQ et ainsi devoir payer les frais associés au dépistage du VIH.

    Le dépistage communautaire comme solution
    Comme on peut le constater, les barrières d’accès au dépistage sont nombreuses. Or, il existe des solutions qui, de notre avis, augmenteraient le nombre d’hommes gais et bisexuels qui se font dépister régulièrement et diminueraient le nombre d’hommes qui se font dépister sur le tard.
    Dans le contexte où le nombre de nouvelles infections est à la hausse, le gouvernement québécois devrait à nouveau prioriser la lutte contre le VIH et augmenter, pérenniser et diversifier l’offre de dépistage partout au Québec.

    Deux autres pistes de solution seraient de rendre accessible ce service les soirs et les week-ends et d’offrir aux professionnel·les de la santé une formation sur les réalités 2EGBTQ. Malgré la simplicité apparente de ces deux solutions, leur mise en place est actuellement difficile, notamment à cause du manque de ressources et d’effectifs dans le réseau de la santé.

    Pour contrer ce manque d’effectifs et ainsi désengorger le réseau de la santé, une solution possible est le déploiement à une plus grande échelle du dépistage communautaire. Le dépistage communautaire englobe tous les services de dépistage que les organismes communautaires VIH peuvent et pourraient offrir aux populations qu’ils desservent. C’est une approche fort présente et bien intégrée dans le réseau de la santé de plusieurs pays, notamment en France, au Maroc, en Équateur et au Burundi.

    Au Québec, on retrouve dans certains organismes communautaires VIH des services de dépistage, mais ces services sont tributaires de la disponibilité des infirmières du réseau de la santé. Si le gouvernement permettait à des intervenant·es communautaires, dûment formé·es, de réaliser des tests de dépistage, cela permettrait aux organismes d’augmenter leur offre de dépistage et par le fait même d’en faciliter l’accès à tous les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, qu’ils s’identifient comme gais et bisexuels ou non. Il va toutefois sans dire que toutes les populations pourraient profiter d’une pareille mesure. Et c’est ce dont le Québec a besoin.

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