Dimanche, 16 mars 2025
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    Le patron d’Apple concède que ses programmes d’ÉDI pourraient changer

    Le patron d’Apple, Tim Cook, a déclaré qu’Apple pourrait être amenée à modifier ses pratiques en matière de diversité à mesure que le paysage juridique américain évolue. Ses commentaires sont intervenus quelques minutes seulement après qu’une large majorité d’actionnaires a rejeté une proposition appelant le géant de la technologie à envisager de mettre fin à ses politiques de diversité (ÉDI) dans les décisions d’embauche.

    Apple avait exhorté les actionnaires à voter mardi contre la mesure proposée par des investisseurs conservateurs, qui, selon l’entreprise, tentait de «microgérer» ses activités de manière «inappropriée».

    L’examen minutieux de l’entreprise intervient alors que le président Donald Trump a appelé à la fin des programmes de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) dans le secteur public et privé, y compris chez Apple.

    Dans un message publié mercredi, sur les réseaux sociaux le lendemain de la réunion, Donald Trump a intensifié la pression sur l’entreprise. «Apple devrait se débarrasser des règles DEI, pas seulement les modifier», a-t-il écrit dans un message en lettres majuscules. «DEI était un canular qui a été très mauvais pour notre pays. ÉDI, c’est fini !!!»

    Jusqu’à présent, les décrets interdisant les initiatives d’ÉDI de Trump se sont heurtés à des obstacles juridiques, mais de nombreuses entreprises aux États-Unis, y compris de grands noms comme Meta, Amazon et Goldman Sachs, ont pris les devant et ont déjà mis fin à leurs propres politiques, les ont modifié ou les ont annulées, invoquant des risques juridiques ou la perte potientielle de contrats avec le gouvernement américain.

    La décision d’Apple de lutter contre la proposition d’un groupe d’actionnaires minoritaires a résisté à cette tendance pour l’heure. Il est vrai, que les mesures d’actionnariat auxquelles s’opposent les entreprises réussissent rarement, de sorte que le résultat du vote de mardi était attendu. Il s’agit de la deuxième défaite de grande envergure d’une proposition d’actionnaire visant les pratiques d’ÉDI, après un rejet similaire chez Costco.

    Cependant, malgré le vote, Tim Cook a reconnu mardi que l’entreprise pourrait devoir modifier certaines de ses pratiques. « À mesure que le paysage juridique autour de cette question évolue, nous devrons peut-être apporter quelques changements pour nous conformer aux lois, mais notre objectif de dignité et de respect pour tous et notre travail à cette fin ne faibliront jamais », a déclaré M. Cook lors d’une séance de questions-réponses lors de l’assemblée annuelle des actionnaires de la société.

    Il a rappelé qu’Apple n’a jamais utilisé pas de « quotas » pour l’embauche — qui est la pratique d’ÉDI qui a fait l’objet de critiques virulentes — tout en affirmant que la force de l’entreprise provenait d’une culture où « des personnes d’horizons et de perspectives divers se réunissent de manière naturelle ».

    « Nous continuerons à travailler ensemble pour créer une culture d’appartenance où chacun peut faire de son mieux », a-t-il ajouté, affirmant que l’entreprise resterait « attachée aux valeurs qui ont toujours fait de nous ce que nous sommes ».

    La proposition visant les politiques d’ÉDI d’Apple a été soutenue par le National Center for Public Policy Research, un groupe de réflexion conservateur, qui a également présenté la proposition chez Costco. L’organisation a fait valoir que l’existence des programmes de diversité et d’inclusion d’Apple exposait l’entreprise à des « risques de litige, de réputation et financiers », soulignant le retrait plus large de l’entreprise et notant que les récents procès ont facilité la tâche des travailleurs pour intenter des poursuites pour discrimination.

    Stefan Padfield, de l’organisation Free Enterprise Project, qui a présenté la proposition lors de la réunion de mardi, a déclaré que les risques pour Apple ont augmenté après que l’administration Trump a récemment ordonné au personnel d’enquêter sur les politiques d’ÉDI dans le secteur privé. « Le changement d’ambiance est clair », a-t-il déclaré. « L’ÉDI est éliminée et le mérite est de mise. »

    «La décision d’Apple de s’opposer à la proposition des actionnaires, tout en ouvrant simultanément la porte à un changement de sa politique, est un effort pour satisfaire les deux parties du combat», déclare Angela Jackson, conseillère principale du Project on Workforce de l’université de Harvard et auteur du livre à paraître, The Win-Win Workplace. Mais elle croit qu’Apple « joue la défensive ». Elle voudrait voir l’entreprise prendre les devants en présentant un dossier commercial plus solide pour les programmes.« Clairement, jusqu’à présent, ils ont pris toutes les bonnes décisions. La seule chose qu’ils pourraient faire de plus… serait de dire vraiment : « Oui, ce sont nos valeurs, nous pensons que c’est la bonne chose à faire, mais c’est aussi un impératif économique. Pour croitre et performer, les pratiques d’ÉDI sont essentielles…»

    La lutte autour de l’ÉDI aux États-Unis a soulevé des questions quant à savoir si de telles politiques dans d’autres pays seront confrontées à des défis similaires. Catherine Howarth, directrice générale de l’association caritative d’investissement responsable ShareAction, pense qu’Apple – une entreprise mondiale en contact direct avec les consommateurs – a fait le pari que les avantages de s’opposer à la proposition des actionnaires l’emportaient sur les risques. « Ce n’est pas populaire auprès des consommateurs et ce n’est pas populaire auprès des employés d’abandonner ce qui était censé être vos principes dans ce domaine jusqu’à très récemment », explique-t-elle. « La direction d’Apple pense que cela serait très mal reçu – et je suis aussi convaincue que ce serait le cas – par leur base de consommateurs mondiale. »

    Les actionnaires ont également rejeté les propositions qui auraient obligé Apple à rendre compte de ses pratiques de confidentialité en matière d’IA, de dons caritatifs et de politiques de lutte contre les abus sexuels sur mineurs. Ils ont soutenu les membres du conseil d’administration soutenus par l’entreprise, ainsi que la rémunération de ses dirigeants, y compris un plan de rémunération en 2025 pour Tim Cook d’une valeur de plus de 74 millions de dollars.

    Apple, diplomate dans son approche, annonce des investissement de 500 milliards

    Apple, qui est l’entreprise dans le monde qui a le plus de liquidités, a annoncé jeudi son intention d’investir aux États-Unis, au cours des 4 prochaines années plus de 500 milliards de dollars. Cet investissement concerne l’ensemble des activités d’Apple aux États-Unis, ce qui englobe des investissements dans l’IA ou les semi-conducteurs, mais aussi des dépenses dans des activités tierces telles que la production de films et séries pour sa chaîne Apple TV+ et autres dépenses de fourniture courantes pour ses appareils. Mais comme Apple est une entreprise des plus diversifiées, il n’est pas aisé de savoir avec exactitude par avance comment seront ventilées ses dépenses, même si on peut imaginer que l’IA, les semi-conducteurs et les serveurs se tailleront la part du lion.

    Il est évident que le timing de cette annonce ne doit rien au hasard, et s’inscrit dans une démarche gagnant-gagnant.

    Du côté de la Maison-Blanche, on pourra largement extrapoler sur l’impact décisif qu’auront eues les premières semaines d’action de l’administration Trump sur le montant des investissements, et la nature des relocalisations – et des emplois créés (20 000) – dans des secteurs clés, sur le territoire américain.  

    Du côté d’Apple, on montre patte-blanche, à l’instar des autres géants de la tech américains, pour ne pas s’attirer les foudres de la Maison Blanche certes, mais aussi – et surtout – pour des raisons économiques et stratégiques bien comprises. Sur le plan économique, il s’agit de relocaliser une partie de la production pour limiter l’impact de l’augmentation des droits de douane décidée par l’administration Trump et s’affranchir de la Chine. C’est une décision au long court car les processus de relocalisations, si tant est qu’ils soient techniquement et réglementairement (notamment sur la partie environnementale) possibles d’une part, et économiquement réalistes d’autre part, sont souvent longs et complexes.

    On observe d’ailleurs que cette décision d’Apple de relocaliser une partie de ses activités et de réinvestir dans la maîtrise de certains maillons clés de la chaîne de valeur ne date pas d’hier. L’entreprise, par exemple, disposait déjà d’un fonds dédié à la production sur territoire américain de puces avancées. TSMC, son fournisseur de puces, dispose désormais d’une usine de production en Arizona… une usine dont Apple est, de loin, le principal client.

    C’est là que l’on comprend que cette décision économique est également stratégique : dans le monde turbulent qui vient, où les incertitudes sont radicales, tant sur le plan géostratégique que sur le plan climatique, le contrôle de la chaîne d’approvisionnement et de technologies, seront à la fois des facteurs de performance et de résilience pour les entreprises.

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