Mardi, 22 avril 2025
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    Déjà 20 ans de métier pour Tom-Éliot Girard

    À 5 ans, Tom-Éliot Girard montait sur scène à la Place des Arts aux côtés de son père, le chanteur Michaël Girard. Depuis, on l’a vu jouer dans plusieurs séries (Les bracelets rouges, Indéfendable, Pour toujours plus un jour). Il a participé à La Voix et à Big Brother Célébrités. Il anime le happening jeunesse Mammouth. Et il tient l’un des rôles principaux dans la fabuleuse websérie T-REX (Télé-Québec), qui vient d’être présentée en compétition au prestigieux festival Séries Mania, en France.

    Cet hiver, tu as participé à Big Brother Célébrités. Que retiens-tu de l’aventure ?
    Tom-Éliot Girard : J’ai vraiment aimé ça ! Je carbure aux expériences et aux émotions fortes. J’ai commencé le métier si jeune que je suis toujours en train de chercher ce à quoi je n’ai pas encore touché. Comme je n’avais jamais fait un jeu télévisé, je me suis lancé.

    J’ai découvert beaucoup de choses sur moi. Ça m’a frappé de réaliser que j’étais encore plus fragile que je le pensais. Je me questionne encore pour savoir pourquoi certaines choses m’ont atteint. En même temps, je me suis trouvé bon et fort dans certains aspects.

    Craignais-tu la vie en communauté ?
    Tom-Éliot Girard : Je me demandais si ça allait devenir trop envahissant et si j’allais avoir besoin de ma bulle, mais j’ai été capable de mettre mes limites. Je me suis surpris à mieux connecter avec les gens que je pensais. Dans la vie, j’ai toujours peur d’être celui qui réussit moins à créer des liens. Ça me stressait, parce que c’est tellement important dans ce jeu de nouer des liens dès les premières secondes.

    Tu chantes. Tu joues. Tu animes. Tu danses. Tu maîtrises plusieurs instruments. Comment te définis-tu professionnellement ?
    Tom-Éliot Girard : C’est ma quête éternelle… mais ça me convient. Si je me défais d’un aspect, je deviens malheureux rapidement. Cette polyvalence m’a fait grandir dans les dernières années, tant humainement que dans ma carrière : j’ai rencontré tellement de défis imprévus que ça me nourrit beaucoup. Par contre, j’ai hâte de voir ce qui va devenir une priorité un jour. Je crois que c’est inévitable. Je pense beaucoup à la musique. Ça prend du temps. J’aimerais ça m’asseoir, écrire et aller en studio. Généralement, c’est moins compatible avec un horaire très chargé par des tournages.

    Tes parents évoluent dans les arts. Ton frère Sam-Éloi aussi. De quelle façon ça t’a influencé ?
    Tom-Éliot Girard : Je me suis fait prendre dans ce grand tourbillon très jeune et j’en fais encore partie. J’ai commencé la scène à 5 ans, parce que mon père était dans le show. J’étais en coulisses et je connaissais déjà le show par cœur. Quand je suis monté sur scène à la Place des Arts, j’ai tout de suite su que je voulais faire ça de ma vie. Ensuite, la télé est arrivée autrement, car mes parents ne sont pas comédiens. Ma mère et mon père ont toujours été clairs : si on voulait travailler en télé, on devait le faire pour nous et parce qu’on aimait ça, mais on devait aussi être reconnaissants, parce que plusieurs personnes voudraient être à notre place. On a compris vite qu’on ne devait rien tenir pour acquis. Je leur en dois beaucoup. Ils ont toujours été un soutien incroyable.

    Était-ce plus facile de savoir quel chemin prendre ?
    Tom-Éliot Girard : Ça nous a donné confiance de connaître les chemins pour accéder au métier, mais ça nous a aussi éveillé sur les bas de l’industrie, en voyant mon père connaître des périodes difficiles. L’instabilité du métier, spécialement avec les difficultés actuelles du monde de la culture, ce n’est pas très encourageant. À 12 ans, je me disais déjà que ce ne serait pas facile. Je savais que j’allais devoir m’atteler et m’assurer d’avoir un coffre à outils plein. C’est pour ça que j’ai le besoin viscéral de continuer à évoluer.

    Il y a 10 ans, votre famille est allée vivre 3 mois en Inde. À quel point ça t’a transformé ?
    Tom-Éliot Girard : Je suis allé à la rencontre de moi-même. J’avais 15 ans au début du voyage. Je n’étais pas bien avec moi-même. Je n’avais pas encore fait mon coming out, alors que ça faisait longtemps que je le savais. Durant ce voyage, j’ai compris que ça n’avait plus de bon sens : il fallait que je le dise. Je sentais que quelque chose allait se casser et que je vivrais un nouveau départ ensuite.

    Comment était le retour ?
    Tom-Éliot Girard : Très compliqué. Je me demandais ce que je faisais ici, je trouvais que je ne servais à rien, alors que j’étais seulement en cinquième secondaire ! Ça a activé une petite crise identitaire qui m’a permis d’être mieux avec moi-même. En parallèle, je me suis aussi demandé ce que je désirais faire comme travail. Je voulais devenir médecin, après avoir aidé des jeunes là-bas. J’avais tellement besoin d’être utile. Ça m’a ouvert sur une réalité qui n’est pas la mienne. Je me questionne encore aujourd’hui sur comment je peux rendre mon métier utile. C’est pour ça que je travaille autant en jeunesse.

    Tu sembles avoir grandi dans une famille loin des traditions, des petites cases, de la masculinité toxique et de l’homophobie.
    Tom-Éliot Girard : On n’a jamais vraiment aimé les cases et la structure. C’est pour ça que mon frère et moi pouvons évoluer autant. Nos parents ont toujours eu une grande ouverture. Encore aujourd’hui, on parle ensemble. On repousse beaucoup de limites en tant que famille. Mes parents défont souvent le moule de ce à quoi les parents devraient ressembler. J’aime ça. Je trouve ça précieux.

    On peut te voir dans T-REX sur le site Web de Télé-Québec. Comment décris-tu la série ?
    Tom-Éliot Girard : C’est un miroir sur une réalité omniprésente dans nos écoles et nos entourages, surtout chez les jeunes : ce jeu de virilité où les gars veulent toujours essayer d’être celui qui va gagner dans son environnement, qui va prouver qu’il a sa place plus qu’un autre, souvent en écrasant les autres. Édouard, Xavier et Renaud arrivent à un point de leur vie où ils pensent être soudés, avant de réaliser que leur dynamique est super toxique.

    D’ailleurs, ils ne nomment jamais leurs problèmes, sauf par l’humour.
    Tom-Éliot Girard : Exact. Ils ne sont pas capables de parler des choses telles qu’elles sont, sauf en joke. À force de faire des blagues, ça finit par toucher aux bons pitons et ça explose. Ils s’aiment pour vrai, mais ils ne se comprennent plus, parce qu’ils n’ont jamais pris le temps de s’asseoir et de se dire qui ils sont. Durant leur séjour au chalet, le rideau tombe. Je ne pense pas que la série porte sur la masculinité toxique ou positive. Il n’y a pas de morale ni de réponse. On montre ce qui se passe dans certains groupes d’amis.

    À quoi ressemble ton personnage (Xavier) ?
    Tom-Éliot Girard : Il vit énormément d’homophobie intériorisée. Il a besoin d’appartenir et d’être aussi viril que les autres gars pour se prouver, en raison de son orientation sexuelle. Ça l’insécurise tellement. On est plusieurs à se poser ces questions-là, moi y compris.

    Si j’étais plus viril, est-ce que ça m’aiderait ? C’est ancré profondément dans nos têtes. Plusieurs comédiens hésitent à assumer leur queerness publiquement. Quelle était ta réflexion à ce sujet ?
    Tom-Éliot Girard : J’ai longtemps eu peur d’en parler, car je craignais que ça me nuise. Si je n’avais pas la chanson et ma diversité d’intérêts, je souhaite que j’aurais été capable d’en parler quand même, mais il y a une crainte chez les acteurs. J’ai fini par le nommer, car certains projets m’ont permis de faire la paix avec ça. Quand je travaille dans Mammouth, je n’ai pas le choix d’être moi-même. Je ne peux pas évoluer dans un projet jeunesse qui célèbre la diversité et l’authenticité, sans l’être.

    Cela dit, je n’ai jamais voulu le crier sur tous les toits et je n’ai jamais fait de coming out. J’en ai parlé à mon entourage, ça s’est su et je suis arrivé à mon bal du secondaire avec mon chum. J’étais en mode : « Acceptez-le et j’en ai rien à chier si ça vous dérange. Je n’ai pas à vous l’annoncer ni à avoir de conversation avec tout le monde. »

    C’est encore un peu ça aujourd’hui. Je suis moi-même, mais je ne ressens pas le besoin de l’afficher haut et fort. Ça n’a jamais fait partie intégrante de mon identité, mais je suis très fier de qui je suis aujourd’hui.

    INFOS | @tom.eliot sur Instagram et Facebook

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