Mardi, 22 avril 2025
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    Les Canadien.ne.s LGBTQ plus impliqué.e.s en politique, selon une étude

    Les Canadien.ne.s gais, lesbiennes, bisexuel.le.s et queers seraient plus impliqué.e.s politiquement que leurs homologues hétérosexuels, selon une étude récente.

    Des chercheurs de l’Université de Sherbrooke (UdeS) et de l’Université de Montréal (UdeM) ont sondé près de 26 000 Canadien.ne.s, dont un peu plus de 2000 qui s’identifiaient comme gais, lesbiennes, bisexuel.le.s ou avec une orientation sexuelle « autre », au sujet de leur implication politique auprès des institutions politiques (bénévolat, dons et autres types d’implication auprès d’un parti ou d’un candidat) et sous d’autres formes (participation à des manifestations, des boycotts ou des campagnes de pétition).

    Les données indiquent que les personnes issues de minorités sexuelles ont plus tendance à participer dans les processus politiques que leurs homologues hétérosexuels, particulièrement quand il est question de boycotts, de manifestations ou d’autres formes d’implication non partisanes.

    Jean-François Daoust, professeur à l’École de politique appliquée de l’UdeS, est l’un des coauteurs de l’étude, qu’il a présentée lors d’une conférence à l’université Yale, au Connecticut, à la fin février.

    Il explique que les chercheurs avaient deux « attentes contradictoires » au début de l’étude, partant de la prémisse selon laquelle les personnes gaies, lesbiennes, bisexuelles ou queers vivaient plus de discrimination que les personnes hétérosexuelles.

    « Si je reçois plus de discrimination, puis je vis plus de préjudices, ça se peut que [j’aie le réflexe] de me retirer de la politique parce que je suis plus aliéné, parce que je ne veux pas cautionner le système », détaille le professeur. « Dans ce cas-ci, on s’attendrait à ce que les minorités sexuelles participent moins en politique. Une autre réaction possible, c’est dire qu’il y a davantage de préjudices, je suis en colère et je trouve ça injuste, donc je vais participer davantage pour envoyer des messages et, ultimement, espérer changer les choses. »

    Les données pointent vers la deuxième possibilité. « Globalement, les minorités sexuelles participent un peu plus que le reste de la population aux élections et beaucoup plus que le reste de la population dans des activités plus informelles. »

    Il note qu’il y a encore très peu de données sur la participation des personnes LGBTQ+ dans les processus politiques. « Les quelques études dans les pays européens [sur les populations gaies] suggèrent que c’est également le cas. Mais les États-Unis, qui produisent le plus de données, ont une conclusion qui est mixte, qui est ambiguë. » Il existe encore moins de données sur l’implication politique des personnes trans ou non binaires ; en fait, il n’a pas été possible d’inclure les populations trans ou non binaires dans l’étude de l’UdeS et l’UdeM en raison d’un manque de données.

    Avec des élections fédérales probables dans les prochaines semaines, Jean-François Daoust constate que les électeurs et les électrices gaies et lesbiennes forment une petite minorité au sein de la population générale, mais sont souvent concentré.e.s dans quelques circonscriptions où il est « difficile [pour un parti] de les ignorer ».

    La précarité de recherche sur les populations LGBTQ+
    Aux États-Unis, particulièrement depuis la deuxième élection de Donald Trump, les questions d’équité, de diversité, d’inclusion et de la place des minorités ethniques et sexuelles dans la société disparaissent peu à peu de l’espace public. Venu présenter ses recherches à Yale, Jean-François Daoust a vu avec ses propres yeux la précarité de la recherche sur les minorités dans ce pays. Les autres conférenciers étaient « très surpris que je parle de tout ça, parce que dans le contexte politique, c’est quand même délicat ».

    « Chaque année, je vais aux États-Unis pour des conférences, et il n’y avait aucun problème [dans les dernières années]. Mais depuis l’élection de Trump, on voit la différence dans ce qu’il est possible de faire et ce qu’il n’est plus possible. Ce qu’il était tout à fait normal de dire à un moment donné, il n’y a pas si longtemps que ça, est devenu délicat », poursuit le professeur. Au Québec et au Canada, dans son expérience, on est ailleurs. « Je suis très content qu’au Canada, on puisse faire de la recherche [sur ces questions] sans se soucier de : est-ce que mes fonds de recherche vont être coupés ? » 6

    INFOS | Pour consulter l’étude (en anglais)
    https://journals.sagepub.com

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