Vendredi, 7 novembre 2025
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    World Pride 2025 de Washington, l’ombre des politiques de Donald Trump plane sur les festivités

    Du 17 mai au 8 juin, la capitale américaine vivra au rythme de la World Pride 2025 Washington DC. Conférences sur les droits LGBTQ+, rassemblements, soirées, activités de réseautage et, bien évidemment, la grande marche de clôture du 8 juin prochain rythmeront l’événement.

    Mais tout n’est pas rose au pays de l’Oncle Sam. L’arrivée à la Maison-Blanche du président républicain Donald Trump a été de mauvais augure pour l’ensemble de la communauté LGBTQ+ américaine ainsi que pour l’organisation de la World Pride à Washington. Normalement, on se serait attendu à des foules de touristes du monde entier venus célébrer. Or, l’administration américaine, par ses multiples attaques contre les droits LGBTQ+, jette une ombre sur cet événement rassembleur et festif. Il a même été suggéré aux personnes trans d’éviter de se rendre aux États-Unis, par crainte d’être refoulées à la frontière. Cela devait être une grande fête pour la communauté LGBTQ+ américaine, mais aussi mondiale, d’autant plus qu’en 2025, la ville célèbre le 50e anniversaire des célébrations de la Fierté dans la capitale. Un moment doublement historique, donc ! L’apothéose de toutes ces
    festivités devait être, comme on s’en doute, la marche de la World Pride du 8 juin, réunissant des dizaines de milliers de participantes et participants venus des États-Unis et de l’étranger.

    Des décrets et politiques non inclusifs
    Mais voilà que, pas plus tard que le 1er mai, l’administration Trump a rendu public un rapport de 400 pages recommandant une « thérapie comportementale » plutôt que les thérapies d’affirmation de genre pour les jeunes trans de moins de 19 ans. Autrement dit, l’équivalent d’une thérapie de conversion. Selon LGBTQ Nation, il s’agit d’une nouvelle attaque contre la communauté LGBTQ+ aux États-Unis, à la veille de la tenue de la World Pride. Ce rapport s’ajoute à une série de décrets signés par le président Trump contre les politiques d’équité, diversité et inclusion (EDI), ou encore affirmant qu’il n’existe que deux genres : masculin et féminin.

    Plusieurs activités prévues au John F. Kennedy Center for the Performing Arts ont été relocalisées. Un concert de l’International Pride Orchestra, une heure du conte animée par une drag queen, et des expositions liées à la Fierté, dont plusieurs panneaux de la AIDS Memorial Quilt, entre autres. Pourquoi ? Certains groupes avaient déjà déplacé leurs activités vers d’autres lieux, après avoir été informés par le Kennedy Center qu’il ne pourrait honorer les contrats. Le président Trump a abruptement congédié plusieurs membres du conseil d’administration du centre et s’est nommé lui-même président du conseil. Le Kennedy Center devait alors se conformer aux décrets présidentiels concernant la communauté LGBTQ+.

    « En tant qu’institution culturelle et artistique, le Kennedy Center est un lieu de sécurité pour nos communautés depuis toujours », a déclaré Ryan Bos, directeur général de Capital Pride Alliance, l’un des principaux groupes organisateurs de la World Pride 2025 de Washington, à NBC News. « Les actions et les messages de Donald Trump vont à l’encontre de ce que signifie la Fierté. » Bos a indiqué aux médias qu’il fallait aller de l’avant et continuer à planifier les événements importants de la World Pride, surtout en cette année marquant les 50 ans des célébrations dans la capitale. « La World Pride n’est pas annulée du tout ! Chaque année, la World Pride est importante, mais cette année constitue un moment historique qu’il faut maintenir afin de s’assurer que notre communauté ne soit pas renvoyée dans le placard », a-t-il commenté. Heureusement, le concert de l’International Pride
    Orchestra aura bel et bien lieu, en banlieue de Washington, au centre Strathmore, à Bethesda, dans le Maryland, tandis que d’autres activités seront présentées au centre névralgique de la World Pride, au centre-ville de Washington.

    Des inquiétudes pour les touristes
    « Nous sommes préoccupés par ce qui se passe aux États-Unis, particulièrement en ce qui concerne les personnes trans et non binaires. Nous avons des contacts avec les organisateurs à Washington. J’ai parlé à Ryan Bos il y a quelques semaines, je lui ai dit que nous soutenons la World Pride, mais qu’en raison de toutes les problématiques possibles, nous n’irions pas à Washington, que Fierté Montréal ne participera pas. Il comprenait bien sûr notre position. Nous leur souhaitons le meilleur », a déclaré Simon Gamache, directeur général de Fierté Montréal.

    Et, Fierté Montréal n’est pas la seule organisation à renoncer à sa présence dans la capitale états-unienne. Égale Canada et la African Human Rights Coalition ont pris la même décision, invoquant des préoccupations concernant la sécurité de leurs membres. « Les boycotts peuvent être un moyen symbolique de protester, mais l’absence crée le silence », écrit Mariano Ruiz dans le Washington Blade. « Boycotter cet espace envoie un message non seulement à l’administration Trump, mais aussi à notre propre mouvement : que lorsque les choses vont mal, nous reculons », ajoute-t-il. Ces organisations ont bien sûr des inquiétudes légitimes, mais historiquement, la communauté a toujours su faire face à l’adversité : Stonewall, en 1969 ; la Marche sur Washington, en 1979 ; sans oublier les nombreuses
    manifestations au plus fort de l’épidémie de sida. On a aussi protesté contre les lois anti
    « propagande gaie » de la Russie. Mariano Ruiz, d’origine argentine, souligne d’ailleurs que la prochaine World Pride se tiendra en 2027 à Buenos Aires, en Argentine, un pays gouverné par le président Javier Milei, dont le gouvernement est considéré comme « anti-droits ». « Nous ne devons pas abandonner nos plateformes mondiales aux gouvernements qui cherchent à nous effacer », insiste-t-il.

    Pourquoi une telle prudence ? Parce qu’à quelques semaines de l’événement, les responsables envisageaient de recommander aux personnes trans de l’extérieur des États-Unis de ne pas voyager ou de le faire à leurs risques et périls. En vertu des exigences actuelles des États-Unis, le passeport doit refléter le genre assigné à la naissance. Et les personnes avec un passeport indiquant avec un marqueur X peuvent s’attendent à être interrogé de manière plus intensive voire mêmeleur entrée être refusée. « Il est possible que nous demandions aux personnes trans de ne pas venir ou, si elles viennent, de le faire à leurs propres risques », avait indiqué Ryan Bos.

    « C’est vraiment dommage de devoir envisager un tel avis, alors que l’intention d’un événement comme celui-ci est d’offrir un safe space international permettant à tout le monde de se rassembler. Cela brise le cœur », a déclaré Jessica Fitzwater, présidente du conseil du comté de Frederick, au Maryland, près de Washington DC, à NBC News.

    Les organisateurs affirment qu’ils feront tout en leur pouvoir pour assurer le bien-être et la sécurité de toutes et tous durant ces festivités, en portant une attention particulière aux besoins des personnes trans et non-binaires. En tout, les organisateurs estiment (ou espèrent) accueillir pas moins de deux millions de personnes pour la World Pride 2025 Washington DC.

    INFOS | worldpridedc.org

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