Vendredi, 19 septembre 2025
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    Haïti – Territoires informels : trois regards sensibles à découvrir jusqu’au 8 juin

    À découvrir d’urgence avant sa fermeture le 8 juin, l’exposition «Haïti – Territoires informels», offerte à la Maison de la culture Côte-des-Neiges, propose un contre-récit visuel de Port-au-Prince à travers les objectifs de trois photographes aux parcours singuliers : Josué Azor, Emmanuel Galland et Roberto Stephenson. Loin des images sensationnalistes et souvent anxiogènes relayées par l’actualité occidentale, ces artistes posent un regard nuancé, intime et profondément humain sur Haïti.

    Un Port-au-Prince intime, loin des clichés
    Pas de scènes de violence, pas de catastrophes naturelles ni de chaos politique ici. Au contraire, cette exposition nous entraîne dans des zones de vie, de résistance et de liberté, souvent absentes du radar médiatique. Les trois artistes nous invitent à explorer des “territoires informels“, ces espaces de l’ombre, du quotidien, où s’expriment des gestes simples mais puissants : se rassembler, circuler, habiter.

    Le photographe Josué Azor s’immisce naturellement dans des zones libres Underground, privilégiant les vues d’ensemble, les représentations atmosphériques, les portraits souvent tronqués et l’anonymat des contextes préservé. En Haïti, l’homophobie omniprésente engendre une stigmatisation sociale violente envers les communautés LGBTQ2S+. Pas d’autre choix que de vivre « caché » le jour et de se réunir clandestinement la nuit. C’est pourquoi, Josué Azor,  photographe basé à Port-au-Prince, est l’un des rares artistes haïtiens à documenter la vie nocturne queer dans son pays.

    À travers sa série Noctambules – Queer Nightlife in Haiti, il capture des moments de liberté dans des safe spaces éphémères créés par la communauté LGBTQ+. Ces safe spaces (espaces sécurisés) éphémères représentent des milieux de vie parallèle, des espaces de socialisation et de survie face à l’ostracisation courante. Membre du Kolektif 2 Dimansyon, il développe depuis plus d’une décennie une œuvre engagée, traversée par les notions d’identité, de spiritualité et de résistance.

    Emmanuel Galland, quant à lui, vit à Montréal depuis 1989. Artiste visuel, commissaire indépendant et travailleur culturel, il multiplie depuis 2000 les séjours en Haïti. Dans sa série Haïti – Recensement 2000-2020, il saisit la vie urbaine avec une attention particulière portée aux relations humaines, aux corps dans l’espace public, aux gestes du quotidien. Lui aussi fait partie de la communauté LGBTQ+, et son regard s’ancre dans une posture d’écoute, de respect, et de complicité.

    Enfin, Roberto Stephenson, photographe italo-haïtien, observe le paysage urbain avec une précision quasi chirurgicale. Ses images s’attardent sur les objets, les signes, les structures fragiles du quotidien port-au-princien. À travers ses clichés, on découvre les « petits métiers », les assemblages de fortune, les traces de vie que la ville laisse voir à qui sait regarder.

    Trois démarches, une même volonté : résister par l’image
    Ce qui relie ces trois démarches est une profonde sensibilité à l’humain et une volonté partagée de montrer une Haïti autrement. Aucun d’eux ne se revendique photojournaliste ou reporter : ils travaillent plutôt dans l’intervalle, là où l’art rencontre le témoignage, où l’image devient une forme de résistance.

    À travers cette exposition, c’est aussi une réflexion sur la représentation des pays du Sud – et d’Haïti en particulier – qui se dessine. Loin de tout misérabilisme, les artistes offrent des récits visuels qui bousculent les idées reçues.

    Une dernière chance de voir cette exposition au Québec
    «Haïti – Territoires informels» a déjà été présentée dans plusieurs lieux au Québec depuis 2022 : ESPACES F (Matane), Art Image à Gatineau, la Galerie d’art du Parc à Trois-Rivières et le Musée de Charlevoix. Cette étape constitue l’une des dernières occasions de voir cette exposition poignante et nécessaire.

    À voir absolument jusqu’au 8 juin (inclusivement) à la Maison de la culture Côte-des-Neiges.

    INFOS :L’exposition est accessible du mardi au dimanche, et l’entrée est libre. Maison de la culture de Côte-des-Neiges, 5290, chemin de la Côte-des-Neiges, Montréal (Québec). Métro : station Côte-des-Neiges

    https://montreal.ca

    https://josueazor.com

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